Comme le stipulait l'accord dont avaient convenu Léo et Aurore, chacun des deux camps quitta le complexe commercial dans une direction opposée sans plus de combats, simplement soulagé d'avoir évité ce qui aurait pu être un massacre et plutôt satisfait de pouvoir repartir avec ce qu'il était venus chercher.
Rentrer après cet incident fut néanmoins plutôt difficile, en particulier pour ceux qu'il avait directement concernés.
La nécessité de demeurer parfaitement lucide et active pour sa propre survie ne s'appliquant plus, le choc retombait et Margaux ne cessait de trembler de tous ses membres malgré la bienveillance de Marianne à ses côtés qui s'efforçait de la rassurer avec sa présence posée et calme.
Il y avait également Nolwenn, affaiblie par sa blessure pourtant guérie par magie, et encore à moitié inconsciente, portée par Adriel, qui gardait sur elle un regard inquiet qui reflétait en même temps tout son amour envers elle.
Le dernier pour qui le trajet de retour fut pénible fut Léo sur qui retomba la tâche de porter Aleksy, officiellement assommé durant l'affrontement, comme Belladone avait menti, mais, en vérité, sous l'effet d'un sédatif, ce qui expliquait pourquoi il était si pesant. Un véritable poids mort dont se plaignit Léo.
Grâce au système de communication mis en place par Damien et Raphaël, premièrement car le réseau passait très mal dans le sous-sol qui leur servait de cachette et deuxièmement car ce moyen alternatif aux téléphones leur permettait d'éviter d'être espionnés ou repérés, ils avertirent le quartier général de leur retour.
Une grande majorité de leurs camarades les attendait donc dans la salle principale, pour les aider à réceptionner ce qu'ils ramenaient de leur sortie et également inquiets car au courant de l'affrontement sauvage, ou plutôt même de la tentative de meurtre, qu'avaient essuyé certains d'entre eux.
Dès qu'il l'aperçut, Raphaël se rua sur Salim qu'il serra dans ses bras avec force. Le jeune homme s'était vraiment inquiété en apprenant que son compagnon avait été directement impliqué dans ce violent événement, sauf que, comme Salim le lui expliqua, il n'avait pas été le plus touché. Les regards se portèrent sur Nolwenn dans les bras d'Adriel mais, guérie par les pouvoirs d'un ennemi, il lui manquait uniquement un peu de repos, comme Eléa qui se tenait parmi le reste du groupe avec Gabriel, soutenant ses amis.
Personne n'étant à soigner, l'affolement ne se répandit pas dans tous les sous-sols. À la place, ceux préposés au ravitaillement se chargèrent de ranger les nouveaux arrivages, les membres de l'expédition se dispersèrent, allant pour la plus grande partie se détendre, Marianne, la plus consciencieuse, s'occupa du compte-rendu à Monsieur Belforde et Aleksy fut conduit à l'infirmerie pour se remettre tranquillement de ce que tous pensaient être un mauvais coup à la tête.
Au milieu de tout cela, Belladone baissa les yeux sur ses mains. Elles étaient rougies jusqu'aux poignets par le sang de Nolwenn, comme ses vêtements et même sa joue gauche. À rajouter à cela, son chignon échevelé à moitié défait, son maquillage qui avait coulé et son expression préoccupée, elle n'avait pas de miroir mais elle se doutait bien qu'elle était actuellement la définition même d'une sale tête. Elle devait même être plutôt effrayante en ce moment.
Son soucis premier n'était cependant pas son apparence à rendre plus présentable mais Margaux.
Comme elle, elle restait au centre de la salle commune, les bras serrés autour d'elle et encore traversée de tremblements. Pour son arrivée dans le groupe des égalitaristes, il y aurait certainement eu mieux que de se faire agresser par une magicienne instable mais personne ne semblait prendre le temps de la réconforter, trop occupé par les différentes tâches qu'exigeaient leur retour.
A moins que tout le monde ne considère que c'était plutôt le rôle de la responsable de l'infirmerie de se charger de ce genre de choses. Après tout, ce raisonnement paraissait plutôt logique. De toute manière, Belladone comptait s'occuper de Margaux, quel que soit le rôle qu'on lui avait assigné dans le groupe.
Comme elle semblait perdue dans ses pensées, revoyant certainement ce qu'il s'était passé dans son esprit, Belladone posa sa main sur son épaule, la faisant violemment sursauter. La jeune fille s'obligea à se calmer et elle s'excusa auprès de Belladone en détournant le regard, se sentant stupide d'avoir surréagi de la sorte alors qu'elle était pourtant en sécurité en ces lieux.
Sans rien dire, Belladone l'invita à la suivre d'un geste de la main. Sans poser de question, Margaux lui emboîta le pas, n'ayant rien à faire et continuer à suivre Belladone en se fiant à elle lui semblant assez naturel après cette journée. En la suivant, Margaux reconnut le chemin menant à l'infirmerie qu'elle avait découverte la veille pour sa cheville, qui n'avait par ailleurs pas la moindre séquelle.
Il n'y avait personne dans la petite pièce à part Aleksy, étendu sur l'un des deux lits, la jambe droite pendante et la bouche entrouverte. Sa respiration était régulière, constata Belladone en s'approchant. Tout en continuant son examen du jeune homme inconscient, son rythme cardiaque, la réaction de ses pupilles ou encore ses réponses musculaires, la jeune femme montra le lavabo à Margaux en lui indiquant qu'elle pouvait s'y rincer.
Cette dernière mit quelques secondes à s'exécuter, n'ayant pas remarqué qu'il y avait un lavabo comme il était dissimulé par la porte lorsqu'elle était ouverte. Elle ouvrit le robinet et entreprit de nettoyer le sang sur ses mains, dont elle ne s'était pas aperçu précédemment mais qu'elle ne supportait pas à présent qu'elle l'avait remarqué, et elle frotta avec force, plus que nécessaire sûrement, pour le retirer, comme si elle espérait se débarrasser de son récent traumatisme de cette manière également.
Voyant bien dans quel état de choc elle était, Belladone s'enquit en se tournant vers elle, ayant terminé d'examiner Aleksy, qui, physiologiquement n'avait rien de préoccupant, même avec le sédatif qui continuait à agir :
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Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]
ParanormalTrois ans se sont écoulé depuis la mort de Lucille. Traumatisé par celle-ci, Victor a refusé de se rendre et Saint-Théophile est aujourd'hui une véritable zone de non-droit désertée par sa population où s'affrontent les suprématistes magiciens, men...