11 | Plus important que Rembrandt

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CECILIA

J- 54

22h11

Villa Mercurio, quartier Trastevere, Rome, Italie

    

— Oh bordel, j'adore !

Julia ressemble à une enfant émerveillée devant ses cadeaux de Noël. Ses yeux bleus océan brillent d'une excitation indescriptible tandis qu'elle se penche à nouveau vers la caisse ouverte à ses pieds pour en sortir en fusil d'assaut qui fait deux fois la taille de son bras.

— Cece ! Regarde-moi cette beauté ! trépigne-t-elle en me tendant Je dois reconnaître que ma sœur a raison : les trois snipers sont d'une qualité irréprochables. En avisant la boîte en bois de la taille d'un humain qui a provoqué le vacarme de tout à l'heure, je n'aurais pas cru une seconde que Rose avait en fait ramené une cargaison de fusil d'assaut pour nous en faire cadeau. Je retourne avec délicatesse l'arme pour l'étudier sous toutes les coutures mais je n'ai aucune remarque à faire. Ils sont parfaits et cela fait bien longtemps que je n'avais pas tenu une arme d'un tel acabit entre mes mains.

— Barrett XM500 ? interrogé-je.

— Tout à fait.

La voix suave et éraillée qui m'a répondu réveille les picotements de ma nuque et de mes reins, partout où ses mains se sont posées. Je relève la tête pour croiser ses yeux et me perdre dans le temps d'un instant dans le bonheur qu'il me tend. Il sourit, de son petit rictus en coin qui le rend si séduisant, et je n'arrive pas à m'empêcher de l'imiter. Vous savez, il n'y a que la passion qui est capable de faire taire les litanies incessantes de la peur et de la douleur. Une passion dévorante, qui vous consume, qui annihile vos sens, la cause d'un brasier intraitable à maitriser dans votre cœur. Alors, jusqu'à notre dernier souffle, je compte bien tenter de me réparer dans ses bras.

Rosalia, de retour, interrompt notre échange silencieux en faisant irruption dans la pièce, son éternel paquet de feuilles entre les mains. Elle la balaye du regard avant de s'arrêter sur moi et l'arme que je tiens toujours. Un léger sourire éclaire ses lèvres devant la joie de Julia.

— Bon choix ?

— Excellent, lui assure ma jumelle avec un sourire terrifiant. Je n'aurais pas choisi mieux.

J'acquiesce à mon tour quand Rose se tourne vers moi. Elle sourit distraitement avant de se replonger dans sa lecture. Alexander ricane quand le sourire diabolique de ma jumelle redouble et se moque gentiment d'elle. Elle lui répond en le frappant au visage. Leur relation est charmante. Il me lance un regard alarmé pour que je vienne à sa rescousse mais je me contente d'un grand sourire et d'un pouce levé pour l'encourager. Il hausse un sourcil comme pour m'avertir de ce que je risque à le laisser se débrouille alors je l'imite pour lui faire comprendre que j'attends de voir ça. Son sourire en coin s'étire et une nouvelle lueur s'allume dans son regard noisette. D'un tour de main, il attrape les poignets de Julia et la repousse gentiment.

— Je suis trop fort pour toi, petite blondinette, la nargue-t-il.

Ma sœur fulmine : elle est à deux doigts de lui arracher la tête. Ses yeux bleus lancent des éclairs que le roux fait semblant de ne pas remarquer. Il s'éloigne d'elle, me frôle l'épaule au passage et se dirige vers la porte pour s'éloigner au plus vite de la furie qu'est devenue ma sœur.

— Alexander Zingarelli !

Rose n'a pas quitté ses papiers des yeux mais sa voix autoritaire a stoppé tous nos gestes. Le concerné se retourne lentement et je le vois grimacer, bien au courant de ce qu'il a essayé de repousser en s'enfuyant.

NÉMÉSIS | LES ROSES DE ROME T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant