52 | Nous sommes faits pour nous consumer

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HAYDEN

J- inconnu

02h46

Petroff Palace, Moscou, Russie

    

Je l'ai embrassé pour la première fois à Viennes, sous une pluie diluvienne, le sang de son ennemi tâchant encore ma chemise. Je lui ai fait l'amour pour la première fois à Venise, le Picasso qu'elle venait de voler au pied de notre lit, témoin de ses cris étouffés et de mes râles rauques. J'ai tué pour la première fois dans la capitale russe cet homme qui mettait en péril la minutie mortelle de son plan.

Tout le monde a entendu parler des Poupées Russes de Moscou même si personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé cette nuit-là. Le plus gros casse de la décennie. Une histoire parfaite qu'Igor Kasanov est encore incapable de comprendre aujourd'hui. Il n'a pas été assez attentif. Ils n'ont pas été assez alertes.

Alors, ils n'ont rien vu du tout.

Ce soir-là, il n'y a pas eu qu'un seul couple Marianitti, riches magnats de l'industrie pharmaceutique, venu célébrer la fusion entre le marché russe et vénitien. En fait, il y en a eu trois assez identiques pour se faire passer pour les mêmes invités, assez semblables pour être partout et nulle part à la fois.

Les premiers à avoir pénétré la demeure des Kasanov ont été Julia, divine dans une robe rouge carmin, accompagnée d'Ezio, talonnettes aux pieds et perruques rousse sur la tête. Ils ont pris le temps de saluer la foule de riches Moscovites et de se montrer à tous, que chacun voit bien qu'ils étaient là. Puis, ils se sont éclipsés à l'étage et se sont enfermées dans la chambre 606 de l'hôtel.

Ils ont laissés la porte ouverte derrière eux.

Ensuite, il y a eu Cecilia, divine dans une robe rouge carmin, un œil de verre d'un bleu transcendant planté dans son orbite gauche, au bras d'un Livio aux mèches carottes et au regard bruni. Les vigiles à l'entrée n'ont pas tenus compte du fait que les noms des deux Vénitiens étaient déjà barrés. Chacun savait qu'on ne contrariait pas les invités d'Igor Kasanov. Ils ont donc pénétrés la vaste salle de bal sans avoir à se soucier de leur invitation déjà consumées.

Pourtant, cette fois, les Marianitti n'ont salués personne. Il faut dire qu'ils l'avaient déjà fait, n'est-ce pas ? Ils sont directement montés à l'étage du vaste palace aux tours enneigées et se sont enfermés dans la chambre qui leur était réservée. La 606, bien sûr.

Enfin, Sienna est entrée en scène, divine dans une robe rouge carmin, les yeux cachés sous des lentilles d'un bleu transcendant, tenue à la taille par un Alexander au sourire ravageur. Le vigile, croyant devenir fou, leur a demandé quand ils étaient sortis. Ils n'ont eu qu'à parler de la porte, à l'arrière de la salle, derrière le bar pour que le garde comprennent qu'ils étaient bien entrés puisqu'ils connaissaient les lieux. Ils ont ensuite pris soin de pénétrer la réception en grande pompe, sourire à ceux qu'ils avaient déjà salués ou presque, pour ensuite se rendre auprès de l'hôte de la soirée qui les accueillit à bras ouverts.

Puis, au milieu de tout ça, il y avait une brune indécente dans une robe en soie dorée qui aspirait mon regard comme un aimant. Caché dans une voiture au prix vertigineux qui attendait patiemment devant les grilles du théâtre des opérations, je n'arrivais pas à suivre les mouvements des autres, bien trop attentif à la caméra qui retranscrivait les faits et gestes de ma déesse au sourire envoûtant.

Tout était en place.

Rose, depuis sa table de poker, dégagea une mèche derrière son oreille et vérifia une dernière fois que tout semblait bel et bien prêt. Quand elle aperçut Sienna rire aux éclats à la remarque sûrement grivoise de Monsieur Kasanov, elle sourit et mon cœur arrêta un instant de battre dans ma poitrine.

NÉMÉSIS | LES ROSES DE ROME T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant