Chapitre 40 : Celle qui fuit

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NdA : Je tente de m'améliorer sur la ponctuation dans les dialogues et du coup je teste plusieurs méthodes. Bref, dîtes moi si c'est mieux ou si c'est plus dur de suivre ;)

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Elladan et Elrohir observaient avec calme la foule qui s'amassait autour de leurs montures. Les bambins criaient de joie en touchant des doigts le crin des animaux. Un groupe de jeunes filles rougissantes leur jetaient des œillades timides. Les vieillards les regardaient passer avec émotion, repensant aux temps où c'était eux à leur place.

Une chose était sûre, les elfes faisaient sensation. Aldawen avait rabattu sa cape sur ses cheveux, cachant la pointe de ses oreilles. Son regard était fixé sur Halda, quelques rangs devant elle, qui faisait de grands gestes aux hommes sur les quais. Elle avait l'air d'une enfant un jour de fête, sautillant presque sur sa selle.

Malgré la rumeur qui électrisait la foule, malgré l'immense étendue d'eau au-delà des quais, malgré les acclamations, Aldawen ne pouvait nier l'amère douleur au creux de sa poitrine. Entourée de monde, elle se sentait plus seule que jamais.

Les jumeaux avaient l'air si princiers qu'elle se maudit d'agir comme une gamine effrayée par la foule. Ils étaient si dignes sur leur grand chevaux blancs et jetaient sur la foule un regard distant.

Elladan observa son frère du coin de l'œil, il pouvait voir les regards intrigués qu'il jetait aux Hommes. Cela faisait tant d'années qu'ils n'avaient pas été acclamés ainsi qu'il sentit son cœur se gonfler de joie. Elrohir semblait parfaitement neutre, mais son jumeau le connaissait mieux que personne et savait distinguer les imperceptibles tressaillements de ses cils, les invisibles soubresauts de ses lèvres, les battements trop rapide de son cœur.

Elladan voyait la joie couler à flot dans ses veines, rendant vie au cœur de pierre de l'elfe. Elrohir était si heureux.

Et puis il le vit se figer.

Elladan tourna les yeux vers la masse informe de personnes pour y distinguer l'origine de son trouble. Son sang se figea.

C'est là qu'il la vit.

Au milieu des têtes brunes, blondes, grises, jaillissait un courte chevelure rouge. Bien droite et immobile, Ilestelwen se tenait face à eux, imperturbable face aux mouvements des autres autour d'elle. Elle semblait être en dehors de la scène, comme un pas à côté, entre le réel et l'imaginaire.

Les bruits du port disparurent alors pour laisser place à cet échange de regards. Le monde fondit autour d'eux, les enfermant dans un instant d'éternité. Un frisson de surprise, de joie, de peur les parcourut tour à tour. C'était sûrement le plus bel échange qu'ils aient jamais connu. Le plus étrange aussi.

Paralysée par le regard brûlant des jumeaux, Elwen se retrouva figée sur place, ne laissant rien paraître des émotions qui s'entrechoquaient dans ses entrailles. Ils lui avaient tant manqué, mais elle ne pouvait s'empêcher de craindre leur réaction. Après tout, la dernière fois qu'elle les avait vus, elle venait de tuer un homme et de voler son trésor. Elladan l'avait frappée, elle ne l'avait pas oublié.

Les deux cavaliers étaient figés, les acclamations de la foule n'avaient plus aucune importance. Comme une apparition, Ilestelwen s'était présentée à eux. Comme si elle était venue tout droit des cieux pour leur sourire tristement. Elle avait peur, ça se voyait dans ses yeux, elle n'avait pas l'incroyable capacité des elfes de se voiler d'une parfaite toile de neutralité.

Les autres Rôdeurs continuaient à passer autour d'eux, les évitant sans dire un mot. Tous sentaient que ce n'était pas des retrouvailles habituelles. Un non-dit les enveloppait dans une étreinte glaciale. Quelque chose de profond semblait lier ces trois-là. Quelque chose qui dépassait tout ce qu'ils pourraient imaginer.

La fille qui n'avait plus d'espoir | Tome 1 : Celle qui fuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant