Chapitre 30 : Faiblesse humaine

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 Alors que l'aube se levait lentement, Elwen se réveilla. Elle avait dormi sur le fauteuil de la chambre, laissant le lit à son amie. Penya n'avait pas arrêté de pleurer et c'était l'elfe qui s'était levée à chaque fois.

L'aubergiste leur avait prêté un petit panier en osier qui servait de berceau. Elwen se redressa, frottant ses yeux et commença à ressentir les effets du manque de sommeil. Elle n'avait pas dormi plus de trois heures et son mal de tête le lui rappela brusquement.

Certains instants, elle souhaitait plus que tout être une véritable elfe. Un être pour qui trois heures de sommeil était amplement suffisant. 

Penya se mit à chouiner et l'elfe se leva pour aller la bercer. Elorna dormait toujours et Elwen n'eut pas le coeur de la réveiller pour qu'elle allaite son enfant.

Maintenant le bébé contre son corps, l'elfe se saisit d'un foulard pour l'accrocher contre elle. Toutes deux sortirent pour aller marcher. Il faisait frais, le soleil n'avait pas encore eut le temps de réchauffer la ville.

Penya se mit à pleurer et Elwen finit par s'asseoir, exténuée, sur le rebord d'une fontaine. Elle regarda la ville s'éveiller doucement. Les gens ne faisait même pas attention à elle. Une patrouille passa, s'attardant quelques instants sur la place. Elle détourna le regard.

Elwen sursauta quand une ombre arriva vers elle. C'était un des deux gardes de cette nuit. Il était jeune, un grand sourire étirant sa bouche.

- « Bonjour ! »

L'elfe lui répondit en hochant la tête, trop fatiguée pour répondre à ses politesses.

- « Je vois que vous n'avez pas beaucoup dormi ! Ma sœur a eu un bébé il y a un an et elle ne dormait pas beaucoup non plus ... »

Penya se mit à remuer contre l'elfe, pleurant un peu pour la forme. Elwen la berça machinalement en avançant et en reculant son corps.

- « Je crois qu'elle a faim, vous devriez lui donner le sein. »

Elwen réalisa trop tard dans quel guêpier elle était allée se fourrer. Elle ne pouvait pas faire semblant ni rentrer soudainement. Le garde la fixait et sembla se rendre compte qu'il était de trop car il s'écarta en s'excusant maladroitement.

L'elfe regarda autour d'elle, la place était remplie de monde. Elle se leva et regagna le plus vite possible la chambre où Elorna dormait. Le bébé s'égosillait contre elle. Elwen ne vit pas l'étrange regard du garde qui la suivit. Il se mit brusquement à penser qu'elle les avait peut être tous dupés ...

***

Le soleil se coucha, laissant place à une nuit noire. Elwen, malgré la fatigue, s'habilla de noir pour aller dérober quelques bourses dont l'argent leur permettrait d'acheter un cheval et des vivres pour quitter cette ville.

Les pubs étaient tous ouverts, regorgeant de clients, de cibles potentielles. L' alcool coulait à flot et elle n'eut presque aucun mal à voler des bourses bien remplies. Un aubergiste la surprit cependant en train de chiper dans la caisse et elle disparut rapidement, semant bien vite ses poursuivants.

Elle regagna sagement un toit et s'assit pour contempler la ville en ébullition. Une ombre apparut à côté d'elle, l'elfe leva les yeux.

Emaël.

Il s'assit à côté d'elle, gauchement, prenant bien garde à ne pas tomber. Il avait l'air fatigué.

- « J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit. Longtemps. J'y ai passé la nuit et le jour. »

La fille qui n'avait plus d'espoir | Tome 1 : Celle qui fuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant