Je n'ai pas l'habitude de mettre de petit warning mais là je pense que c'est nécessaire : j'ai eu beaucoup de mal (émotionnellement parlant) à écrire ce chapitre. Je ne sais pas si cela va se ressentir à la lecture mais je tenais juste à vous prévenir que si vous vous sentez mal à l'aise, n'hésitez pas à vous arrêter, personne ne vous en voudra ! Il n'est pas question de violence, de contenu mature ou quoi que ce soit, seulement de charge mentale ou je ne sais pas trop comment appeler cela. C'est tout pour moi ;)
Bonne lecture tout de même :)
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Les Rôdeurs repartirent comme ils étaient venus, Emaël leur disant longuement adieu du haut de la falaise. Il savait que la prochaine fois qu'ils reviendraient sur la côte, des années seraient peut-être passées. Il savoura alors chaque rire, chaque parole échangée avec eux. Lorsqu'il posait son regard sur cette femme qui l'aimait et leur enfant, il savait pourtant qu'il avait fait le bon choix. Elorna et lui se marièrent l'année suivante au creux de l'été, Penya portait une petite robe blanche en lançant des pétales de fleurs sauvages. Ils firent une fête au port où le vin fut servit en grande quantité et où Elwen participa aux acrobaties avec les adolescents du village. Les villageois leur offrirent du linge et des bols de terre cuite élégamment décorés.
Ce jour-là, Elorna était rayonnante dans sa belle robe de lin immaculé. Personne n'aurait pu deviner que dernière ces joues rebondies et ces tâches de rousseur se cachaient une effroyable assassin qui avait terrorisé Easthold il y a moins de dix ans.
Le mois suivant, Elwen construisit une petite cabane dans le bois, à quelques centaines de mètres de celle de ses amis. Elle commença à travailler aux carrières avec Emaël, malgré le fait qu'elle avait un salaire deux fois moins élevé que l'homme. Les femmes étaient peu nombreuses et étaient chargées de tracter les sacs de gravats pour dégager les pierres.
Les carrières étaient éloignées du bois, il fallait une heure à pied pour y aller chaque jour mais l'elfe ne maugréa pas et serra les dents.
Penya eut cinq ans. Elle continuait parfois à appeler Elwen Mama malgré les avertissements de l'elfe. Il faut dire que depuis qu'elle avait appris le chemin pour venir jusqu'à chez elle, la petite fille passait plus de temps chez son amie que chez elle.
Elorna n'avait pas osé dire quelque chose, après tout elle aussi devait travailler. Elle avait trouvé un emploi au village, chaque jour elle ramassait des grands fagots de bois qu'elle apportait au port pour chauffer les maisons. Cela ne payait pas beaucoup mais c'était suffisant pour l'instant.
Deux ans passèrent, Penya eut sept ans. Elorna tomba enceinte en février et arrêta de travailler tant elle était épuisée. En réalité, elle était terrifiée à l'idée de revivre cette expérience et ne parvenait plus à trouver le sommeil. À chaque fois qu'elle fermait les yeux, le visage de Greador revenait la hanter.
Elle avait si peur de ne pas réussir à aimer Penya de la même manière que l'enfant à naître. La distance entre les deux s'étaient encore plus agrandie, chaque membre de la famille pouvait le noter mais un silence gênant s'étendait chaque fois qu'on abordait le sujet. Cela faisait partie des choses à ne pas dire.
Elwen rentra un jour dans la cabane de son amie pour venir chercher Penya qu'elle emmenait toujours à la digue après sa journée de travail. Le silence régnait dans l'habitacle et le feu était éteint. Penya était assise sur sa paillasse, les bras enserrant ses jambes. Des larmes avaient séché sur ses joues.
L'elfe fut si surprise de la trouver ainsi qu'elle resta plusieurs secondes sur le pas de la porte sans rien dire. Quand elle sortit enfin de son moment d'absence, elle s'approcha de la petite fille et s'agenouilla près d'elle.
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La fille qui n'avait plus d'espoir | Tome 1 : Celle qui fuit
FanfictionArda est une terre impitoyable pour ceux que l'on ne nomme pas héros. Et la seule justice de cette terre est celle des Valar. Alors, elle se demande : quand viendra son tour de payer ? Elle se tient face à eux, face à ce passé qui lui fait si peur...