Chapitre 10

9 3 0
                                    

Le soir venu, des servantes entrent dans la chambre d'Olivia avec une multitude de robes, des coffrets de bijoux et différentes paires de chaussures. La jeune femme n'en revient pas. Elle n'a pas pour habitude de porter des robes, en particulier celles de soirées. Les domestiques déposent avec précaution les tenues sur le lit de la reine et quittent la pièce.

Lydia entre à son tour, un grand sourire aux lèvres. Elle porte une longue robe rouge à bretelles, avec une fine ceinture de perles. Ses cheveux sont lâchés, mais ondulés. Elle est encore plus magnifique que quelques heures auparavant, lorsqu'Olivia l'a rencontrée.

– Comment va ma chère belle-sœur ?

– Bien, merci.

– C'est Askel qui m'a demandée de passer te voir, ton état le préoccupe beaucoup.

– Je le sais, mais je lui ai pourtant dit que j'étais seulement fatiguée.

– Hum, j'ai du mal à le croire. Tu es sûre de vouloir venir ce soir ?

– Oui, j'ai envie de m'amuser et je me sens mieux.

– D'accord, dans ce cas hâtons-nous de te trouver une robe.

Le sourire chaleureux de Lydia rappelle celui de son frère. Tous deux se ressemblent tellement qu'on pourrait croire qu'il s'agit de jumeaux. Pourtant, Askel a l'air plus vieux que sa sœur. Lydia s'approche du lit et examine les tenues que les domestiques ont déposés. Les robes sont toutes aussi somptueuses que le palais lui-même, ce qui fait qu'Olivia a beaucoup de mal à faire son choix.

– Je pensais à celle-là, conseilla Lydia en montrant une tenue. Elle plaira à coup sûr à mon frère.

La princesse tient entre ses mains une longue robe noire, avec le col en bateau et fendue sur le côté. Olivia n'a pas l'habitude de s'habiller aussi... sexy. Mais après tout, qui pourrait la juger dans son propre rêve ? Elle sourit à Lydia et accepte de porter la robe. Quant aux bijoux, la jeune reine opte pour de longues boucles d'oreilles pendantes, serties de diamants. En ce qui concerne la coiffure, Olivia se laisse chouchouter par le talent de Lydia. La belle blonde fait tout d'abord deux tresses épi de blé à la reine, avant de les ramener en un magnifique chignon bas.

Lorsqu'Olivia contemple son reflet dans un miroir, elle a énormément de mal à se reconnaître. Elle en vient même à se demander si ce n'est pas une autre personne qui se trouve devant elle.

– Tu es sublime ! la complimenta Lydia.

– Je... je ne me reconnais plus.

– Alors, tu es contente ?

– Si le suis ? Évidemment !

Olivia se met à rire gaiement et prend Lydia dans ses bras, poussée par la joie immense qui la submerge. Se rendant compte de son geste, elle recule et se met à rougir.

– Oh ! ça va. Ne joue pas la timide avec moi, ria Lydia. Allez viens, Askel doit mourir d'impatience.

Olivia passe son bras sous celui de la belle blonde et toutes deux quittent la chambre en riant. Malgré le fait qu'elle soit dans un rêve, Olivia ne s'est jamais sentie aussi vivante et heureuse. Pour la première fois depuis un bon moment, elle ne se soucie plus de rien. Elle ne se préoccupe que d'elle et cela lui fait un bien fou.

Après avoir descendu les escaliers, Olivia trouve Askel adossé à une colonne, les bras croisés et le regard perdu. Il porte un costume noir qui lui va incroyablement bien. Olivia ne peut cacher son sourire, ce que ne manque pas de remarquer Askel. Il vient vers elle et lui prend la main en l'admirant, les yeux brillants.

– Tu es absolument sublime, la complimenta-t-il.

– Merci.

Askel a lui aussi un grand sourire plaqué sur ses lèvres, qu'Olivia ne veut pour rien au monde voir disparaître. Cela lui fait tellement du bien de voir quelqu'un sourire et la complimenter.

Le couple royal entre dans une pièce, où une cinquantaine de personnes boivent, discutent, rient et dansent. Olivia est émerveillée par la grandeur de la salle de bal et par le nombre de personnes qui s'y trouvent. Les femmes portent elles aussi des robes luxueuses et les hommes des costumes aussi élégants que celui d'Askel.

Le roi invite sa reine à danser et tous deux profitent de ce fabuleux moment, comme s'il s'agissait du dernier. Mais Olivia sent la tristesse monter en elle. Le rêve peut se terminer d'un moment à l'autre et elle ne veut pas quitter ce monde où elle se sent si bien.

– Dis-moi ce qu'il ne va pas, la pria Askel.

– C'est si compliqué à expliquer.

– Je suis parfaitement en mesure de comprendre, tu sais.

– J'ai peur...

– De quoi mon amour ?

– Que tout s'arrête. Je suis effrayée à l'idée de revenir chez moi, de retrouver ma vie, mes habitudes, je ne veux plus de tout cela.

– Écoute, tu es avec moi maintenant, tout va bien. Tu ne partiras plus jamais, je te le promets.

– Tu me dis ça alors qu'on se connait à peine...

– Moi je sais comment tu es, Olivia. Tu es la personne la plus exceptionnelle que je connaisse. Tu es ce que j'ai de plus précieux au monde.

Soudain, des cris se font entendre dans toute la salle. Askel tire sur le bras d'Olivia pour qu'elle se mette derrière son dos. Les fenêtres se brisent et des hommes cagoulés font irruption. Les gardes n'ont même pas le temps d'intervenir, qu'ils se trouvent déjà désarmés. Seule Lydia intervient, en sortant un poignard d'un étui placé autour de sa cuisse, avant de se poster devant son frère et Olivia. Son regard est menaçant et totalement différent de l'image qu'elle donnait d'elle jusque-là.

L'un des hommes s'avance, tandis que les autres forment un cercle autour de la famille royale. Lydia se jette sur l'un des intrus et lui plante son couteau dans la gorge. La jeune Donovan pousse un cri, horrifiée par ce qu'elle vient de voir. Le reste de la bande sépare Askel et Olivia, puis conduisent la reine jusqu'à l'extérieur. Elle ne peut entendre que les appels terrifiés et brisés du roi, avant de monter de force sur un cheval. Les mains liées et escortée par une bande de braconniers, elle ne peut rien faire.

Olivia essaie de se pincer pour se réveiller, mais elle n'y parvient pas. Elle se met à supplier son subconscient de la ramener à la réalité, mais visiblement il n'en a que faire. Pourquoi fallait-il que ce rêve tourne aussi mal ? Lui qui avait pourtant si bien commencé... Olivia a maintenant peur. Elle est effrayée à l'idée que ces hommes puissent lui faire du mal. En rêve, on ne peut pas mourir, mais ressentir la douleur et la peur, si. Ce rêve est sur le point de se transformer en un cauchemar terrible. 

PHANTASIA : 1- Le monde cachéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant