Chapitre 52

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Finalement, avoir un plan n'est pas une si mauvaise idée. En particulier lorsqu'on se trouve dans une situation fâcheuse qui semble être sans aucune échappatoire possible. Se trouver sur le territoire de son ennemi et entouré de ses gardes amateurs de sang, est sans aucun doute une situation fâcheuse nécessitant un plan pour s'en sortir.

Olivia et Mya baissent la tête, comme la plupart des religieuses du groupe. Les deux rebelles se sont mêlées à elles, mais sans même savoir si elles étaient prisonnières ou non. La jeune Donovan observe le comportement de l'un des gardes. Il fixe un point droit devant lui, comme si la vie l'avait quittée, et qu'il n'était plus qu'une âme égarée poursuivant une existence vide de sens.

Le groupe arrive dans une cours encerclée par la façade du château. Là, un terrifiant spectacle se prépare. Un grand échafaud est installé, supportant des poteaux où une corde se balance avec la force du vent sur chacun d'eux.

– Des pendaisons, lâcha Mya horrifiée.

Les gardes laissent les religieuses s'aligner en face de l'échafaud, afin de pouvoir voir le spectacle. Entre eux siègent trois chaises, dont l'une est située au centre et a le dossier plus long que les autres. Il s'agit sans aucun doute de celle du souverain. Olivia serre les poings en voyant entrer Askel, accompagné de Rhiannon et de Lydia, qui semble plus que remise de leur dernière rencontre.

Le roi jette un coup d'œil vers les religieuses avant que la famille royale ne s'installe sur leur siège respectif. Pour eux, c'est comme s'il allaient assister à une représentation théâtrale, et non à une exécution. Comment peut-on être aussi ignoble ?

Des soldats apparaissent, escortant un groupe de prisonniers. Leurs visages sont gonflés et marqué par les nombreux coups qu'ils ont dû recevoir, et leurs vêtements sont à moitié déchirés. Ils sont ensuite conduits aux potences. Certains tremblent de peur, d'autres fixent l'horizon en serrant les poings, pendant que le reste assassine Askel du regard.

La respiration d'Olivia s'accélère, tant sa colère la fait bouillir. Mya place sa main sur celle de son amie pour tenter de la calmer.

– Olivia, reste tranquille. Je t'en prie n'interviens pas.

Comment rester passive alors qu'elle s'apprête à assister à une exécution ? Quel peut être leur crime pour mériter un tel sort ?

Askel se lève de sa chaise et se tourne vers les religieuses en leur lançant un sourire effrayant. Olivia baisse davantage la tête, de peur d'être démasquée.

– Mes sœurs, voyez ces criminels. Eux qui ont trahi leur souverain et leur royaume en tentant de me nuire, les voici devant vous, prêts à subir le châtiment qu'ils méritent : la mort.

Ces hommes vont perdre la vie parce qu'ils se sont révoltés contre Askel. Ils sont donc innocents, et par conséquent ne méritent pas d'être tués. Olivia veut faire quelque chose. Elle ne se résout pas à devoir assister à cette scène abominable. Mya ne lâche pas sa main, de peur qu'elle ne tente quelque chose.

– Vous êtes ici pour prier, poursuivit Askel. Prier pour le salut de ces hommes. Ne suis-je pas généreux ?

– Si, majesté, répondirent les religieuses en cœur.

Olivia serre les poings jusqu'à ce que ses ongles traversent sa peau, tandis que le roi retourne à son siège. Elle sent son arc dans son dos la démanger. L'envie de le sortir et de tirer une flèche sur les gardes est insupportable et intense.

– Olivia, non, intervint Mya qui visiblement parvient à lire dans ses pensées.

Les gardes font passer les nœuds coulants autour du cou de chaque homme, et les resserrent légèrement. Olivia remarque qu'il n'y a qu'un seul levier pour activer toutes les trappes de l'échafaud. Une seule flèche, une seule...

– Olivia, arrête.

Mais la jeune Donovan n'entend pas les paroles de Mya. Son regard est hypnotisé par les potences, et son attention concentrée sur les mouvements des gardes. La condamnation va débuter, puisque l'un des soldats se dirige vers le levier.

C'est à ce moment-là qu'Olivia décide d'attaquer. Elle retire son voile, son arc, et décoche en un éclair une flèche, qui atterrit sur le bourreau en plein cœur. La famille royale se lève, et se tourne instinctivement vers la jeune femme découverte. Askel reste pétrifié devant la personne qui se présente devant lui. Il ne pensait pas la revoir vivante. Lydia elle, est ravie de la présence d'Olivia. Vulnérable, elle pourra se venger de ce qu'elle lui a fait la dernière fois. Quant à Rhiannon, son regard n'exprime aucune émotion. Elle reste stoïque et froide, comme à son habitude.

– Gardes ! Encerclez-la !!

Les ordres de Lydia sont immédiatement exécutés, et Olivia ne tarde pas à être visée de tous côtés par des arcs tendus, prêts à décocher une flèche fatale. Heureusement, Mya n'a pas été découverte. Il restera au moins une survivante.

– Lâche ton arc, Olivia. Tu sais bien qu'il ne te servira plus à rien maintenant.

– Tu as l'intention de me tuer de toute manière. Si je dois mourir Askel, ça sera mon arc à la main.

Rhiannon s'approche de son fils, pose une main sur son épaule, et siffle de sa langue fourchue :

– Tu sais ce qu'il te reste à faire. Elle représente une menace, ne l'oublie pas.

Sur ce, la reine mère lance un regard glacial à Olivia, avant de rentrer dans le château. Askel fixe la jeune Donovan pendant quelques secondes, comme s'il cherchait à lire un détail en elle.

– Je sais que tu n'es pas seule, dit-il enfin. Où sont tes complices ?

– Crois-tu réellement que je vais te répondre ? Même sous la torture je ne dirai rien.

– Ça j'en doute. Mais nous n'aurons pas besoin d'en arriver là.

D'un signe de tête, Askel ordonne à ses gardes d'amener les religieuses devant lui. Il enlève à chacune d'elles leur voile, dévoilant ainsi leur visage.

Un sourire mauvais se dresse sur le visage de Lydia lorsque les longs cheveux roux de Mya sont découverts.

– C'est elle, lâcha la blonde. Ça faisait tellement longtemps.

Lydia tire la rebelle par les cheveux pour la forcer à se lever, pendant qu'un garde lui retire ses armes. Olivia tend son arc vers la princesse, en la menaçant d'une voix forte :

– Lâche-la immédiatement, ou je ferai en sorte d'envoyer la flèche là où il faut pour que ta jambe soit amputée.

Lydia tourne le visage de Mya vers la jeune Donovan, et prend un couteau qu'elle place sous sa gorge.

– Non, chère belle-sœur. C'est toi qui vas lâcher cet arc et tout de suite.

Découragée, et ne voulant pas être responsable de la mort de Mya, Olivia laisse tomber son arc sur le sol, ainsi que ses flèches. Lorsqu'elle se relève, elle n'a plus aucune arme, même plus de courage, qui pourtant l'accompagnait encore quelques secondes avant. Vulnérable, il ne lui reste plus rien pour se défendre contre les gardes qui l'encerclent, le sourire diabolique de Lydia, ainsi que le regard satisfait d'Askel.   

PHANTASIA : 1- Le monde cachéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant