Chapitre 45

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Quelques heures plus tard, l'orage s'est enfin calmé. Les deux rebelles hésitent à repartir, étant donné qu'ils ne seront pas certains de trouver un nouvel abris pour la nuit. Mais sous l'insistance d'Olivia dont la priorité est de retrouver son frère, Conrad cède.

C'est donc sous un ciel encore nuageux que les deux rebelles reprennent leur route. En apparence, ils paraissent confiants et sûrs de leur chemin, mais en réalité ils ne savent pas le moins du monde où ils vont. Leur courage et la volonté qui les accompagne sont leurs seuls repères dans cette forêt sombre et inquiétante. Ils marchent, espérant trouver un passage reconnaissable, un signe, une voix, tout ce qui pourrait les aider à retrouver le chemin du camp.

Olivia arrive enfin à distinguer le soleil. Ses rayons chauds viennent caresser la peau de son visage tirée par la fatigue et abimée par les incidents de la veille. Ce court instant de répit lui permet de retrouver une partie de son énergie qu'elle pensait perdue. C'est quand même fou de pouvoir ressentir autant de sensations, alors que notre corps est supposé dormir dans un endroit renfermé et totalement calme.

Ne voulant pas entendre les plaintes de Conrad, Olivia reprend sa route, laissant derrière elle ce filet de lumière si revigorant et ses pensées. Le parasite est loin devant, ce qui permet à Olivia de tracer son cercle de sécurité, celui qu'il ne franchira pas pendant un moment. Car même si depuis la veille Conrad a su se montrer plus ouvert et plus sympathique, il reste... Conrad. Une espèce ressemblant comme deux gouttes d'eau au genre humain, mais avec un caractère bien trempé. Néanmoins, Olivia s'estime déjà heureuse d'avoir pu découvrir une autre facette du parasite. Peut-être qu'un jour elle le verra définitivement comme un allié.

Les deux rebelles ont marché pendant des heures, sans un mot, mais le regard porté vers la même direction : l'horizon. La nuit ne va pas tarder à tomber, ce qui inquiète Conrad. Il n'est guère bon d'allumer un feu en pleine forêt, les chasseurs pourraient les retrouver. Alors que dans la grotte, ils étaient moins repérables et vulnérables. Il faut donc continuer d'avancer, même si l'épuisement commence à se faire sentir.

Soudain un ange passe et leur dépose le miracle dont ils avaient besoin. Plus loin, de la fumée domine le sommet des arbres, pourtant déjà bien hauts.

– Tu crois qu'il s'agit d'une maison ? s'enthousiasma Olivia.

– Ou bien d'un feu de camp allumé par des chasseurs.

Malgré la faim et la fatigue, Conrad reste lucide et méfiant. Lui au moins, perçoit le danger nuit et jour, contrairement à Olivia. Mais sans la présence de la jeune Donovan, le parasite passerait la nuit dehors. Alors sans le prévenir, Olivia s'élance vers la fumée en restant sur ses gardes, bien sûr. Elle garde en tête l'éventualité que ce « miracle » puisse provenir des chasseurs.

Conrad appelle Olivia pour qu'elle revienne, mais cette dernière n'est pas prête à faire demi-tour. Pourquoi ne pas simplement allez voir d'où provient cette fumée plutôt que de faire demi-tour pour l'éviter à tout prix ?

C'est alors que la jeune Donovan tombe sur une petite clairière, où se trouve au centre une maison.

– Alors, qui a raison ? demanda Olivia à Conrad qui vient de la rejoindre.

– Si tu t'étais trouvée en face des chasseurs, je pense que tu pleurerais comme une enfant à la place.

– Peut-être, mais en attendant ce ne sont pas des chasseurs qui vivent ici.

– Ça, tu n'en sais rien.

– Allons voir dans ce cas.

– Ta stupidité est épuisante, soupira Conrad en se passant une main sur le visage.

– Comme ton mauvais caractère.

Le parasite toise Olivia un moment. Mais voyant que cette dernière arbore un sourire taquin, il abandonne rapidement sa tentative d'intimidation. Les deux rebelles se dirigent donc vers la maison, Olivia confiante et Conrad gardant la main posée sur le pommeau de son épée.

C'est alors qu'une femme, de la quarantaine environ, sort de la maison et laisse tomber son panier de linge en voyant les deux rebelles approcher. Elle rentre en courant et appelle un homme, qui finit par faire apparition devant Conrad et Olivia.

– Qui êtes-vous ? demanda-t-il d'une voix peu commode.

– Nous nous sommes égarés après une poursuite.

– Des chasseurs sont à nos trousses, compléta Olivia.

Conrad donne un coup de coude à la jeune Donovan, qui comprend alors qu'elle en a trop dit.

– Des ennemis des chasseurs ? Alors vous êtes les bienvenus. Entrez donc, ne restez pas dehors.

– Tu vois, on ne craint rien, chuchota Olivia à Conrad. Arrête de voir le mal partout.

– Un jour, ta naïveté te le fera payer.

– Ce n'est pas de la naïveté, mais de la confiance. Tu dois comprendre qu'il n'y a pas que les rebelles et les chasseurs dans ce monde.

– Tu as oublié Askel.

Conrad et Olivia entrent dans une salle à manger où est assise la femme avec une petite fille. L'homme s'approche d'elle et lui murmure quelque chose à l'oreille. Le regard de la maitresse de maison finit par s'adoucir.

– Veuillez pardonner mon impolitesse, s'excusa la femme. En vous voyant, j'ai cru que vous étiez des chasseurs.

– Ce n'est rien, ne vous en faîtes pas.

La femme sourit à Olivia et se lève pour leur proposer quelque chose à manger. Conrad reste de marbre, fixant tour à tour les habitants de cette maison. Son comportement est pareil à celui d'un chien de chasse.

– Détends-toi un peu, s'énerva discrètement Olivia.

– Il faut bien que l'un de nous deux reste sur Terre.

La fillette s'approche de Conrad et lui demande s'il peut la porter. Le parasite s'exécute alors, le corps crispé, comme s'il avait un objet en verre fragile et ancien dans les mains. Il lance des appels à l'aide à Olivia, qui rit de la situation. La petite se blottit contre Conrad et sourit à la jeune Donovan. Cette dernière ne comprend pas pourquoi la fillette a choisi Conrad plutôt qu'elle. Peut-être parce qu'elle a compris qu'il avait besoin d'être rassuré. Les enfants peuvent parfois être incompréhensibles.

– Alors, vous êtes des rebelles ? demanda l'homme.

Question fâcheuse pour Olivia et Conrad, qui ne savent à ce moment-là que répondre. Devraient-ils dire la vérité ? Ou Conrad aurait-il raison de continuer à se méfier de ces étrangers ?

PHANTASIA : 1- Le monde cachéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant