PHANTASIA : 1- Le monde caché

Chapitre 72

– Je suis réveillée, répéta-t-elle à voix basse.

Olivia regarde autour d'elle, et pose son regard sur son réveil. Il est sept heures du matin. Elle n'a dormi qu'une seule nuit, et pourtant elle quitte son lit et crie dans toute la maison :

– Tout va bien ! Je suis réveillée, je vais bien !

Elle ouvre la porte du bureau de son père et croise ce dernier qui l'appelle après l'avoir entendue crier.

– Livy ? Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

– Je suis...

Mais Olivia se ravise. Son père ne se doute pas une seule seconde de ce qu'il a pu se passer. De toute manière il ne pourrait le deviner, alors elle décide de ne rien dire. Néanmoins, elle n'oublie pas son but.

– Je suis venue te parler, reprit-elle.

– D'accord, viens dans mon bureau.

– Je préfèrerais dans le salon. De toute manière, nous ne sommes que deux dans cette maison.

Les Donovan se dirigent donc vers la salle choisie par Olivia, et tous deux s'assoient. Un nouveau malaise s'installe, mais qui avait manqué à la jeune Donovan. Le silence, le calme, tous deux étaient absents à Phantasia.

– J'ai fait un rêve cette nuit, commença Olivia. Il a changé toute ma vie. Grâce à lui, j'ai eu une révélation.

– Ah oui ? Laquelle ?

– Que je devais te parler franchement et te demander pourquoi tu es devenu si distant avec moi.

Olivia se tourne vers son père, qui fixe le sol. Encore une fois, Cody Donovan refuse d'assumer ses responsabilités.

– Qu'ai-je fait pour que tu me délaisses ainsi ?

– Ma chérie, tu n'as rien fait de mal, au contraire. Je suis désolé que tu ais pensé cela durant tout ce temps.

– Alors, explique-moi, je t'en prie. J'ai besoin de savoir. Peut-être même que je pourrais comprendre certaines choses.

Cody fixe de nouveau le sol. Pas parce qu'il a peur de tout expliquer à Olivia, il en rêve depuis un certain temps, mais parce qu'il ne veut pas qu'elle déteste sa mère. Alison n'a plus qu'elle dans la vie.

– Si je te raconte tout, tu me promets de continuer à appeler ta mère ?

– Bien sûr, je le ferai.

Cody prend une grande inspiration, puis commence ses explications.

– C'est moi qui ai fait interner ta mère il y a deux ans. Comme tu le sais, elle a consommé de la drogue et en est devenue accro. J'ai tout fait pour qu'elle aille mieux. Je veillais le soir jusqu'à ce qu'elle rentre, je la douchais et la couchais lorsqu'elle se trouvait dans un état minable et je faisais de mon mieux pour vous épargner toi et ton frère. Mais il s'est passé quelque chose pour lequel je n'ai pas encore réussi à lui pardonner.

Cody s'arrête, ne pouvant plus continuer. La douleur et le chagrin sont encore présents et brisent son cœur de le raconter devant sa fille.

– Elle attendait un bébé. Tu sais bien que j'ai rêvé d'un troisième enfant depuis tes huit ans. On avait enfin réussi à en avoir un, mais elle...

Une larme dévale la joue du père d'Olivia, montrant ainsi sa détresse. À ce moment-là, la jeune Donovan croit voir Liam lorsqu'il se trouvait devant le souvenir de Lydia.

– Elle en a consommé trop ce soir-là, poursuivit Cody. Le bébé n'a pas survécu. J'ai supporté beaucoup de choses d'elle, mais la perte de l'enfant a été la fois de trop. Je suis désolé, mais je ne pouvais plus continuer.

– Papa, ne t'excuse pas. Je comprends parfaitement.

– C'est vrai ?

– Oui. On ne pouvait pas la guérir, son addiction était trop forte. Il fallait qu'elle se retrouve seule pour se rendre compte de son erreur.

Cody se jette dans les bras de sa fille en pleurant. Olivia n'avait jamais vu son père ainsi.

– Après le départ de ta mère, ton frère a fugué, ou a disparu, on ne le saura sans doute jamais, reprit Cody. Alors, je me suis dit que j'étais peut-être trop présent, trop étouffant. Je refuse de perdre la seule personne qu'il me reste, ma petite fille.

Olivia sourit, la vue troublée par les larmes. Elle se sent soulagée d'avoir eu cette discussion avec son père. À ce moment-là, elle remercie Phantasia.

Les Donovan ont continué à discuter pendant des heures, jusqu'à ce que Cody soit obligé de repartir travailler. Mais avant son départ, il promet à Olivia que la situation changera et que plus jamais elle ne se sentira délaissée par lui. Une bonne chose de faite. De plus, Cody verra bientôt le retour de son fils. D'ailleurs, la jeune Donovan se demande comment va Liam. Ses blessures ont dû s'ouvrir de nouveau lorsqu'il a dû voir le corps sans vie de Lydia. Elle aimerait tant être près de lui pour le réconforter.

Olivia se lève, prend le téléphone fixe et compose le numéro de la clinique où est internée sa mère. Elle doit lui parler à elle aussi, et ne peut attendre le jour des visites. Lorsqu'elle entend la voix enjouée de sa mère, Olivia sourit faiblement.

– Livy, ma chérie. Je suis si contente que tu m'appelles, comment vas-tu ?

– Ça va, maman. Écoute, j'ai beaucoup réfléchi et je viendrai te rendre visite plus souvent.

– C'est vrai ? Oh ! ma chérie, je suis si contente de t'entendre dire cela.

– Mais à une condition. À chacune de mes arrivées, j'irai voir ton médecin pour voir tes progrès. Maman, il est temps que tu avances, pour pouvoir rentrer à la maison pour de bon.

– D'accord, je le ferai.

– Et en voyant tes progrès, peut-être même que papa te pardonnera.

– Ton père...

– Il m'a tout raconté.

– Même pour le bébé ?

– Oui, je sais tout à présent.

– Si tu savais à quel point je m'en veux. C'est plus fort que moi, Livy. Je n'arrive pas à m'en détacher.

– Avec moi à tes côtés tu y parviendras, j'en suis certaine.

– Je ferai de mon mieux, ma chérie. Je ferai tous les efforts du monde, tu seras fière de moi, tu verras.

– J'en suis certaine, maman. J'ai confiance en toi, tu vas y arriver. Il faut seulement que tu t'accroches. Tu te souviens de la chanson qu'on adorait chanter toi et moi ?

– Oui, je m'en souviens.

– Alors chante-la lorsque tu sens que ça ne va pas. Tu peux m'appeler aussi, je répondrai à chaque fois. Occupe-toi, sors, défais-toi de ce cauchemar.

– Tu as raison, mon ange. J'y arriverai, j'en suis sûre. Tu es là à présent et cela me remplit de bonheur.

– Ça m'a fait du bien de te parler.

– À moi aussi, Livy. Rappelle-moi vite et viens me voir quand tu veux.

– Promis, à très vite. Je t'aime, maman.

– Moi aussi je t'aime, ma chérie.

Après avoir raccroché,Olivia se sent plus légère. Tellement, qu'elle ne tient plus debout et selaisse tomber sur le canapé. Elle pense avoir réglé une partie de ses problèmesfamiliaux aujourd'hui, mais rien n'est encore sûr. Seul le temps permettra deréparer ce qui a été brisé. En attendant, Olivia Donovan commence sa nouvellevie. Elle est prête à tout affronter, même les cours du lendemain.