Chapitre 8 : Harry et Anna

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« Il existe Sept Maisons de Sorcellerie. Ils restent entre eux, se marient avec leurs frères et leurs sœurs de clan. Leurs enfants sont des plus étranges, dotés d’yeux nyctalopes et de pouvoirs inhumains. »

Sorcières, sorciers et mages, Altus Polydarmus, 1618

 

IL Y A BEL ET BIEN UNE ÉTINCELLE EN ELLE. JE NE M’ÉTAIS PAS TROMPÉ. JE L’AI APERÇUE DE NOUVEAU AUJOURD’HUI. COMME ELLE N’EN A PAS ENCORE CONSCIENCE, JE DOIS ATTENDRE. ELLE A BESOIN QU’ON L’ACCOMPAGNE. TOUT EN DOUCEUR.

 

Anna est venue m’ouvrir. La nuit était fraîche, mais mon sweat me tenait bien chaud.

— Entre. Tu veux quelque chose à boire ? Y a du café.

— Bonne idée, ai-je dit en la suivant dans l’immense cuisine au design professionnel des Wilkins.

Anna a rempli deux grandes tasses de café, avant d’y ajouter du lait et du sucre.

— Ton père est là ?

— Oui. Il travaille, a-t-elle répondu tout en remuant son café. Pour changer.

M. Wilkins est avocat. Je n’ai jamais vraiment compris ce qu’il faisait, mais il s’agit souvent d’affaires importantes où lui et une poignée d’autres avocats défendent de grosses entreprises poursuivies par des particuliers. Il gagne un max, mais il n’est jamais là, du moins depuis que Anna est assez grande pour se préparer à manger toute seule.

Il y a cinq ans, alors que Anna avait douze ans et son frère Ty dix-huit, leur mère a demandé le divorce. Cette histoire a créé un énorme scandale à Widow’s Vale : Mme Wilkins était partie en Europe rejoindre son petit ami bien plus jeune qu’elle. Depuis, Anna n’a revu sa mère qu’une seule fois. Elle n’en parle presque jamais.

Dès qu’on s’est retrouvées à l’étage, dans la chambre de Anna, je suis allée droit au but :

— Je crois que je perds la boule. Tu penses que le cercle était… dangereux ?

— Qu’est-ce que tu racontes ? a répliqué Anna en s’adossant aux oreillers de son lit deux places. On n’a rien fait à part tourner en rond. Comment ça pourrait être dangereux ?

Je lui ai alors expliqué que je venais de me découvrir un sixième sens et que tout avait commencé après le cercle du samedi soir. Dans la foulée, je lui ai raconté que je m’étais sentie mal le dimanche et que j’avais vu des animaux tout autour de Paula. Sans parler de la pomme de Harry et de M. Herndon. Et je lui ai rappelé le coup de téléphone pour ma mère.

Anna a esquissé un geste vague de la main.

— Bon, si ce genre de trucs m’arrivait à moi, je trouverais sans doute ça un peu bizarre. Mais il n’y a pas de quoi en faire une montagne, a-t-elle déclaré avec gentillesse. Pour les numéros des hymnes, c’est sans doute ta mère qui les a mentionnés. On en a déjà parlé. Ensuite, Mme Fiorello téléphone tout le temps à ta mère, pas vrai ? Elle appelle chaque fois que je viens chez toi ! Quant aux animaux, je ne sais pas… Peut-être que, inconsciemment, tu as senti les odeurs des produits de vétérinaire. Et le reste, ce n’est sans doute qu’un tas de coïncidences. Ça t’a fait flipper parce qu’elles se sont succédé. Pas de quoi penser que tu perds la tête. Du moins pas encore, a-t-elle ajouté en souriant.

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