Chapitre 13 : Troubles

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« Si vous la cherchez, vous trouverez la marque d’un clan sur sa progéniture. Ces marques adoptent bien des formes, mais un œil aguerri est toujours capable de les identifier. »

Notes d’un serviteur de Dieu, frère Paolo Frederico, 1693

 

Je ne comprends pas du tout ma mère. Ce n’est pas comme si je faisais quelque chose de mal. J’espère qu’elle va se calmer. Il le faut, il le faut absolument.

 

Lundi après-midi, j’ai séché le club d’échecs pour retourner à Magye Pratique. En chemin, j’ai admiré les couleurs automnales que j’aimais tant : les arbres striés de rouge et d’orange semblaient protester contre la petite mort promise par l’hiver. Le long de la route, les hautes herbes, qui avaient viré au brun, évoquaient des bouquets de plumes.

À Red Kill, il restait une place de parking juste devant la boutique. À l’intérieur, j’ai retrouvé la pénombre et le riche parfum des herbes, des huiles et de l’encens. J’ai inspiré profondément tandis que mes yeux s’habituaient à la faible lumière. Ce jour-là, il y avait davantage de clients.

J’ai parcouru les différents rayonnages de livres à la recherche d’une histoire générale de la Wicca. La veille au soir, j’avais fini celui sur les Sept Grands Clans, et j’étais avide de connaissances sur la question.

La première personne que j’ai croisée, c’est Paula Steen, la nouvelle copine de ma tante. Accroupie, elle examinait les ouvrages sur l’étagère du bas. Elle s’est levée en souriant dès qu’elle m’a reconnue.

— Apolline ! Ça alors, jamais je n’aurais cru te croiser ici… Comment vas-tu ?

— Très bien, merci, ai-je répondu avec un sourire poli mais forcé. Et vous ?

J’avais beau apprécier Paula, la rencontrer ici me rendait un peu nerveuse. Elle en parlerait à Eileen, qui elle-même en parlerait à ma mère. Sans vraiment chercher à dissimuler quoi que ce soit à mes parents, j’avais jusque-là évité de leur parler des cercles, de Harry et de la Wicca.

— Bien, a-t-elle dit. Débordée de boulot, comme d’habitude. Aujourd’hui, un de mes patients a annulé son rendez-vous, alors j’ai fait l’école buissonnière pour venir ici. J’adore cet endroit, a-t-elle ajouté en balayant le magasin du regard. Ils ont plein de jolies choses.

— Oui. Vous… vous êtes wiccane ?

— Non, pas moi, m’a-t-elle détrompée en riant. Mais beaucoup de mes amis le sont. La femme est tellement centrale dans la Wicca que beaucoup de lesbiennes se sentent attirées par cette religion. Moi, je suis et je reste juive. Je cherchais des livres sur l’homéopathie appliquée aux animaux. Je reviens d’une conférence où j’ai suivi un cours de massage animalier, et j’aimerais bien en apprendre davantage.

— Vraiment ? me suis-je étonnée, le sourire aux lèvres. Vous voulez dire qu’on peut masser les épaules de son berger allemand ?

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