Chapitre 8 : Colère

82 4 0
                                    


1er novembre 1980


Hier soir, on a fêté Samhain comme jamais ! Après un cercle très puissant que maman m'a laissée diriger, on a dansé, joué de la musique et regardé les étoiles. Tout en espérant que des jours meilleurs viendraient. Ça a été une nuit pleine de cidre, de rires et d'espoir. Ces derniers temps, il semblerait que le mal nous ait délaissés. J'espère qu'il n'a pas trouvé de nouvelles victimes, car je ne souhaite à personne de souffrir autant que nous, mais je suis contente que nous ne sursautions plus au moindre bruit.

Angus, plus gentil que jamais, m'a donné un chaton adorable, un petit mâle tout blanc que j'ai appelé Dagda. Avec un nom pareil, sa vie promet d'être riche. Je l'aime déjà de tout mon cœur ! Aujourd'hui, la vie est belle et paisible.

Louée soit la Déesse, qui nous a protégés une année encore.

Louée soit la Terre Mère, qui partage ses fruits avec nous.

Louée soit la magye, source de bienfaits.

Loué soit mon cœur ; je le suivrai où qu'il me porte.

Loués soient-ils.


Bradhadair


P-S : Dagda est en train de miauler pour que je le laisse sortir !

Sur le chemin du retour, lorsque Liam m'a demandé ce que j'avais, je lui ai expliqué que je ne pouvais pas encore lui en parler. Il a fait un peu la tête, mais il a compris et m'a offert son épaule compatissante pour le jour où j'aurais besoin de me confier. Depuis que je ne voyais plus Anna, il était incontestablement devenu mon meilleur ami.

Il faisait déjà nuit lorsqu'il m'a raccompagnée au parking du lycée, où j'ai récupéré Das Boot. J'étais certaine que cette Maeve Horan était la bonne. J'ai essayé de me rappeler si j'avais vu sur mon extrait de naissance le nom de la ville où j'étais née, s'il s'agissait de Meshomah Falls ou de Widow's Vale. En vain. Sur la route menant chez moi, des milliers de questions m'ont assaillie. Est-ce que mes parents connaissaient cette histoire ? Comment m'avaient-ils trouvée ? Comment m'avaient-ils adoptée ? Etc.

Il fallait que je sache la vérité. Ce soir.

La colère avait repris le dessus et j'étais bien déterminée à les interroger, mais, quand je suis entrée dans le salon, j'ai découvert ma tante Eileen et sa petite amie, Paula, assises sur le canapé.

— Apolline ! m'a lancé Eileen. Comment va ma nièce préférée ?

— Elle vient de me dire la même chose, a plaisanté Julie.

— Vous êtes toutes les deux mes nièces préférées ! a conclu Eileen en riant.

J'ai souri, essayant de retrouver ma bonne humeur. Je ne pouvais quand même pas faire une scène à mes parents devant elles. Puis, soudain, j'ai compris que ma tante savait forcément que j'avais été adoptée. C'est quand même la sœur de ma mère ! D'ailleurs, tous les amis de mes parents devaient être au courant. Ils avaient toujours vécu là. À moins que ma mère n'ait fait semblant d'être enceinte – ce qui ne lui ressemblait pas –, tout le monde m'avait vue débarquer de nulle part ! Puis, deux ans plus tard, elle avait vraiment accouché d'un bébé : Julie. Je me sentais complètement humiliée, morte de honte.

— À table ! a appelé ma mère depuis la salle à manger.

— On va se régaler, m'a dit ma tante. On a apporté des plats chinois.

WiccaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant