Chapitre 18 : Conséquences

99 8 0
                                    

« N’oubliez pas que les sorcières se font passer pour nos voisines et qu’elles pratiquent leur art en secret, tandis que nous, nous vivons honnêtement, dans la crainte du courroux divin. »

Sorcières, sorciers et mages, Altus Polydarmus, 1618

 

Le dimanche, comme d’habitude après la messe, nous sommes allés déjeuner en famille au Widow’s Diner. À peine rentrée à la maison, j’ai appelé Joyce. Comme elle n’a pas décroché, j’ai laissé un message sur son répondeur pour lui expliquer ma mésaventure de la veille et m’excuser de ne pas avoir pu venir au cercle. Puis j’ai voulu joindre Anna, mais elle non plus n’a pas répondu. Je lui ai laissé un message également en tentant de ne pas l’imaginer chez Harry, avec lui, dans sa chambre. Ensuite, je me suis installée à la table de la salle à manger, où j’ai passé des heures sur mes devoirs, à me perdre dans des équations mathématiques compliquées. J’éprouvais une telle satisfaction à les résoudre qu’elles me semblaient elles aussi presque magyques.

 

Je suis passée à Magye Pratique vers cinq heures, juste avant la fermeture, pour acheter les composants dont j’avais besoin. Ensuite, j’ai pris mon mal en patience jusqu’à ce que mes parents et ma sœur aillent se coucher. Puis, enfin, j’ai pu commencer le sort.

J’ai laissé ma porte entrebâillée pour entendre le moindre bruit de pas, au cas où ma mère, mon père ou Julie se relèveraient. Harry avait affirmé que j’étais sensible, que je possédais un véritable don pour la magye. Je voulais en avoir le cœur net.

J’ai ouvert Plantes et rituels pour débutants et l’ai feuilleté jusqu’au sort pour « purifier la peau ».

J’ai vérifié ma liste. La lune était-elle décroissante ? Oui. Au fil de mes lectures, j’avais appris que pour rassembler, convoquer, augmenter, etc., les sorts devaient être jetés lorsque la lune croissait. En revanche, pour bannir, diminuer, limiter, etc., ils devaient être lancés en phase de lune décroissante. Ce qui paraissait logique, à bien y réfléchir.

Le sort que j’avais choisi nécessitait de l’herbe-aux-chats pour embellir, du concombre et de l’angélique pour favoriser la guérison, de la camomille et du romarin pour purifier.

Malgré la moquette sur le sol de ma chambre, je suis parvenue à tracer un cercle à la craie. Avant de le fermer, j’ai tiré mon livre et tout ce qu’il me faudrait à l’intérieur. Trois bougies me suffisaient pour lire les consignes. Ensuite, j’ai saupoudré le sol de sel en récitant :

— Avec ce sel, je purifie mon cercle.

Le reste du sort consistait à broyer des ingrédients avec un mortier et un pilon, à verser de l’eau bouillante (que j’avais préparée à l’avance et conservée dans une Thermos) sur les plantes dans un verre doseur et à écrire le nom de la personne sur un morceau de papier qu’il fallait ensuite brûler à la flamme d’une bougie. À minuit tapant, j’ai murmuré la formule écrite dans le livre :

 

Ta beauté intérieure au-dehors se verra,

WiccaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant