Chapitre 1 : Révélations

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Le 4 mai 1978

Aujourd'hui, pour la première fois, j'ai aidé maman à tracer un cercle de protection autour de Belwicket. Un jour, mon tour viendra d'être grande prêtresse. On vient déjà me demander des sortilèges et des potions alors que je n'ai que seize ans ! Maman, qui est la sorcière la plus puissante de Belwicket, pense que j'ai hérité de la vision des Riordan, et de leur pouvoir, comme ma grand-mère. Et qu'un jour ma propre puissance dépassera la sienne.

Et tout ça pour quoi ? Soigner des moutons et fertiliser des champs ? La belle affaire.

Trop de questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi est-ce que j'aurais un tel pouvoir ? Moi, je serais capable de soulever des montagnes ? Je n'y comprends rien. D'après le Livre des Ombres de ma grand-mère, notre magye ne doit être utilisée qu'ici, au village, loin de l'agitation des grandes villes. Je ne sais pas si c'est vrai... Je devrais faire confiance à la Déesse, elle a peut-être besoin de moi. Mais pour accomplir quoi ?

Bradhadair


Bradhadair, « la flammèche » en gaélique. Pendant un instant, ce mot a voleté devant mes yeux comme un insecte noir.

Comment aurais-je pu résister ? Depuis que j'avais découvert la vérité – que j'avais été adoptée, que ma vraie mère, une puissante sorcière, avait été brûlée vive –, mille questions me tourmentaient. Et je venais de mettre la main sur son Livre des Ombres, le journal intime dans lequel elle notait ses sortilèges, ses pensées et ses rêves. Dans ces pages, j'étais certaine de trouver les réponses qui me manquaient. J'avais beau me sentir coupable, inconsciemment, j'ai serré le livre un peu plus fort.

— Apolline, a repris Harry, qu'est-ce que tu fais là ? Je t'ai cherchée partout.

— Je suis désolée, ai-je répondu sans savoir comment me tirer d'affaire. En fait...

— Les autres sont partis au ciné. Je leur ai dit qu'on les rattraperait, mais maintenant c'est trop tard.

— Je suis vraiment désolée, je voulais juste...

La mère de Harry s'est avancée d'un pas et, pour la première fois, j'ai vu son beau visage, si semblable à celui de son fils, se crisper.

— Apolline, ici, c'est mon sanctuaire. Personne à part moi n'a le droit d'y pénétrer.

J'étais morte de peur. Malgré sa voix posée, je sentais sa colère contenue. Je me suis levée et j'ai refermé le livre.

— Je... je sais que je ne devrais pas être là et je ne voulais pas me montrer indiscrète. Je me suis cognée contre la porte et elle s'est ouverte toute seule. C'est la vérité. Et, quand j'ai vu tous ces livres, je n'ai pas pu m'empêcher d'entrer. C'est la bibliothèque la plus incroyable que j'aie jamais...

J'ai été incapable de finir ma phrase. Selene et Harry m'observaient. Leurs visages ne trahissaient aucune émotion, ce qui me rendait encore plus nerveuse. Si je ne leur avais pas menti, je n'avais pas tout dit non plus. Je m'étais retrouvée là en essayant d'éviter Sky et Niall. Je ne savais pas pourquoi, mais les deux invités de Selene venus d'Angleterre me flanquaient une peur bleue.

Voilà, j'étais arrivée dans la bibliothèque par hasard et je n'avais donc rien à me reprocher. Et puis, moi aussi, j'attendais une explication.

— Et vous, comment se fait-il que vous ayez le Livre des Ombres de Maeve Horan ? ai-je lancé. Pourquoi vous ne m'en avez pas parlé ? Vous ne vous êtes pas dit que ça pourrait m'intéresser ?

Harry, l'air surpris, s'est tourné vers sa mère. Avant de répondre, Selene a refermé la porte de la chambre secrète.

— Je sais bien que tu cherches des informations sur ta mère, a-t-elle expliqué d'une voix plus calme. As-tu trouvé quelque chose de déroutant dans ce journal ?

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