Chapitre 4 : Maeve

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7 février 1978


Il y a deux nuits de cela, quelqu'un a peint « maudite sorcière » sur la façade de la boutique de Morag Sheehan. Nous avons décidé que, désormais, nous formerions notre cercle à l'extérieur, près des falaises.

Hier soir, tard dans la nuit, ma mère et moi sommes allées jeter un sort de protection sur la maison de Morag. Heureusement que c'était la nouvelle lune : la lumière ne nous a pas gênées, et c'est une période propice à la magye.

Rite pour guérir, protéger du mal et purifier

1. Former un cercle tout autour de ce que vous voulez protéger (j'ai dû inclure la confiserie du vieux Burdock puisque les deux bâtiments se touchent).

2. Purifier le cercle avec du sel. Nous n'avons utilisé ni bougie ni encens, juste du sel, de l'eau et de la terre.

3. Invoquer la Déesse. Je portais mon bracelet en cuivre et tenais dans la main un morceau de soufre, un fragment de marbre ramassé dans le jardin, un bout de bois pétrifié et un éclat de coquillage.

Ensuite, maman et moi avons dit (à voix basse) : « Déesse, entends-nous ici-bas, accorde ta protection à cette terre, Morag te sert sans tromperie, protège-la de ses ennemis. » Nous avons ensuite invoqué la Déesse et le Dieu, et nous avons fait trois fois le tour de la maison.


Personne ne nous a vues, ça, j'en suis certaine. Puis nous sommes rentrées chez nous d'un pas assuré. Ça devrait protéger Morag pour quelque temps.


Bradhadair

Arrivée dans ma rue, j'ai conduit tout doucement, craignant de voir mes parents figés au même endroit, dans le jardin. Puis j'ai constaté que la voiture de mon père n'était plus dans l'allée : ils étaient donc partis à la messe sans moi.

Une fois à l'intérieur, j'ai senti les mauvaises ondes de la scène du matin flotter dans l'air comme un parfum éventé.

- Maman ? Papa ? Julie ?

Pas de réponse. J'ai traversé la maison d'un pas lent : le petit déjeuner attendait, intact, sur la table de la cuisine. J'ai éteint la machine à café. Le journal était toujours bien plié, personne ne l'avait ouvert. Signes d'un dimanche loin d'être normal.

Entrevoyant une chance d'en apprendre davantage, j'ai couru jusqu'au bureau, mais le certificat déchiré avait disparu et, pour la première fois, mon père avait fermé tous les tiroirs à clef.

L'oreille tendue pour guetter leur arrivée, j'ai fouillé le reste du bureau, en vain. Et maintenant ?

La chambre de mes parents. J'ai monté l'escalier quatre à quatre pour explorer leurs tables de nuit. J'avais l'impression d'être une cambrioleuse. À part des bijoux, des boutons de manchette et des vieilles cartes d'anniversaire, je n'ai rien trouvé. Ne sachant que faire, j'ai regardé autour de moi. Il y avait des photos de Julie et de moi sur leur commode. Des photos de bébés encadrées. Sur l'une d'elles, mes parents me portaient fièrement : Apolline à neuf mois, toute potelée et souriante. Une autre montrait ma mère à la maternité, avec Julie dans les bras. À la naissance, ma sœur ressemblait à un singe sans poil. Soudain, je me suis rendu compte que je n'avais jamais vu de photo de moi nourrisson. Pas un seul cliché pris à la maternité, pas une seule image de moi toute menue, pas un seul souvenir de l'époque où j'avais appris à me tenir assise. Sur la plus ancienne photo, je devais déjà avoir huit ou neuf mois. Était-ce à cet âge que j'avais été adoptée ?

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