Chapitre 19 : Sky et Niall

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11 mars 1984

Nous avons conçu un enfant. Ce n'était pas notre intention, mais c'est arrivé quand même. Voilà deux semaines que j'essaie de trouver le courage de me faire avorter pour que cet enfant ne souffre jamais comme nous avons souffert. Mais j'en suis incapable. Les forces me manquent. Le bébé grandit en moi et il verra le jour en novembre.

Ce sera une fille. Une sorcière. Mais je ne lui apprendrai pas notre art. La magye ne fait plus partie de ma vie et il en ira de même pour mon enfant. Nous l'appellerons Apolline, comme la mère d'Angus. C'est un nom puissant.

M.H.


Vendredi soir, Salomé est passée me prendre : on avait rendez-vous chez Cal avant d'aller au cinéma avec Joyce, Matthiew et Louis. Comme Louis était assis à côté d'elle sur le siège passager, je me suis installée à l'arrière.

Ils ont passé tout le trajet à s'envoyer des vannes et je me suis demandé quand ils allaient enfin se décider à sortir ensemble.

Malgré la conduite acrobatique de Salomé, on est arrivés chez Harry en un seul morceau. La voiture de Matthiew était déjà là, ainsi qu'une douzaine d'autres véhicules.

— La mère de Harry doit organiser un cercle, a déclaré Salomé.

Je n'avais pas revu Selene depuis le jour où elle m'avait aidée à apaiser mes peurs, et je voulais en profiter pour la remercier une nouvelle fois.

Quand Harry nous a ouvert la porte, il m'a embrassée et nous a guidés vers la cuisine. Matthiew avait déjà un verre à la main et Joyce était en train de téléphoner au cinéma. Elle a raccroché et nous a dit que le film commençait à huit heures et quart. On devait donc partir vers sept heures quarante-cinq.

— Bon, ça nous laisse un peu de temps, a dit Harry. Vous voulez boire quelque chose ? Par contre, je vous demanderai de ne pas faire trop de bruit car le coven de ma mère se réunit ce soir.

Je lui ai expliqué que je comptais remercier Selene pour son aide, et il m'a guidée vers le grand salon. Comme le cercle ne commençait pas avant dix heures, on pouvait entrer sans les déranger. La pièce était illuminée par une centaine de bougies au moins et un parfum d'encens flottait dans l'air. Autour de nous, des hommes et des femmes discutaient par petits groupes.

— Apolline, ma chérie, comme je suis contente de te voir !

C'était Alyce, de Magye Pratique, qui était venue à ma rencontre. Elle portait une longue robe violette et elle avait détaché ses cheveux argentés, qui tombaient en cascade sur ses épaules.

— Bonjour, ai-je murmuré.

J'avais oublié qu'elle était membre de Starlocket, tout comme David, le vendeur qui me rendait nerveuse. Quand j'ai aperçu ce dernier à l'autre bout de la salle, il m'a souri, et je me suis forcée à faire de même.

— Comment ça va ? m'a demandé Alyce, et je savais que ce n'était pas seulement par politesse.

— Comme ci, comme ça.

Elle a hoché la tête, à croire qu'elle me comprenait parfaitement.

Harry, qui avait lâché ma main pour un instant, est alors revenu avec sa mère. Elle aussi portait une robe longue, mais la sienne était d'un rouge vif parsemé de lunes, d'étoiles et de soleils dorés. L'effet était saisissant.

— Bonjour, Apolline, m'a-t-elle saluée de sa voix suave.

Elle m'a pris les mains et fait la bise. Cette démonstration d'affection m'a flattée. Puis elle a posé une main sur ma joue et plongé ses yeux dans les miens. Au bout de quelques secondes, elle a hoché la tête.

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