7 mai 1982
On va bientôt partir de cette horrible ville. J'ai trouvé un emploi de caissière dans une cafétéria et Angus travaille dans une boucherie : il décharge des carcasses de vaches et les suspend aux crochets du boucher. Tous les deux, on a l'impression d'avoir vendu notre âme. Mais on doit économiser pour quitter cet endroit le plus rapidement possible.
Je n'ai pas de nouvelles du pays. Il n'y a aucun survivant de Belwicket qui pourrait nous raconter ce qui s'est passé. Je ne sais même pas pourquoi je continue à écrire sur ces pages, à part pour tenir mon journal intime. Ce n'est plus un Livre des Ombres ; plus depuis mon anniversaire, le jour où mon univers a été détruit. Je n'ai pas fait appel à la magye depuis que nous sommes arrivés, et Angus non plus. J'y ai renoncé. Elle ne nous a apporté que la mort et le chaos.
Je n'ai que vingt ans et, pourtant, je me sens prête à mourir.
M.H.
Le lendemain matin, pendant la messe, j'ai eu une idée. Après le service, j'ai annoncé à mes parents que je voulais me confesser et que je n'avais pas envie d'aller au restaurant avec eux. Ils ont eu l'air surpris, mais ne s'y sont pas opposés.
J'ai attendu dans la file avec impatience, résistant à l'envie d'écouter ce qui se disait dans le confessionnal. J'en étais probablement capable, mais ce serait mal. Le père Hotchkiss devait entendre des histoires bien croustillantes, parfois.
Quand mon tour est venu, je me suis agenouillée dans l'obscurité, attendant que la petite fenêtre grillagée s'ouvre. Ensuite, j'ai dit :
— Pardonnez-moi, mon père, car j'ai péché. Je ne me suis pas confessée depuis... euh... quatre mois.
— Je t'écoute, mon enfant, m'a-t-il répondu, comme toujours.
— Euh...
Je n'avais pas réfléchi à ce que je lui confesserais exactement. Je ne voulais pas lui parler de mes nouvelles activités et, d'ailleurs, je ne les considérais pas comme des péchés, n'en déplaise à mon père et à ma mère.
— En fait, ai-je repris, je suis très en colère contre mes parents. Enfin, je les adore et j'essaie de les respecter, mais récemment... j'ai découvert que j'avais été adoptée.
Voilà, c'était dit. De l'autre côté, le prêtre a relevé la tête, comme si mes paroles avaient éveillé son intérêt.
— Je leur en veux de ne pas me l'avoir révélé plus tôt, et je les déteste parce qu'ils refusent, même aujourd'hui, de m'en parler. Je voudrais en savoir plus sur mes vrais parents. Sur mes origines.
Le père Hotchkiss a pris le temps de digérer mes paroles, puis il m'a répondu :
— Tes parents ont dû faire ce qui leur semblait le mieux.
Il ne remettait pas en question le fait que j'aie été adoptée ! Quelle humiliation, même lui était au courant !
— Ma vraie mère, ma mère biologique, est morte, ai-je insisté malgré ma gêne. Je voudrais en savoir plus sur elle.
— Mon enfant, je te comprends, mais je peux te dire, grâce à mon expérience, qu'il vaut parfois mieux laisser le passé derrière soi. Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Comment osait-il me sortir un cliché pareil ! J'ai senti les larmes me monter aux yeux. Qu'est-ce que j'avais cru ? Qu'il serait d'accord avec moi ? Qu'il m'aiderait à convaincre mes parents de tout me raconter ?
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Wicca
FanfictionApolline Reynolds, une jeune étudiante de 16 ans, vit une vie très banale jusqu'à la rencontre d'un jeune homme, Harry Styles. Beau, charmant et mystérieux, il est aussitôt adulé par toutes et tous. Lorsque Harry organise une soirée pour faire conna...