Les Chasseurs de l'Ombre - Tome 1 : Nuit

Chapitre 31, Partie 1

Les kilomètres défilent, plus vite que les minutes. Pourtant, le temps passe encore trop lentement. Tyler et moi faisons ensemble la liste des armes à notre disposition à l'arrière de sa voiture, et nous dressons un plan d'action à la seconde près. L'absence de nouvelles de qui que ce soit au Centre me terrifie. Les visages d'Alyssa, d'Aaron, de Maya, Christian et de tous mes autres amis encombrent mon esprit. Ne pas savoir si Aaron et Aly vont bien me rend malade. J'ai mal au ventre comme jamais auparavant, tant le stress me submerge. Je me refuse à envisager leurs yeux clos, leurs corps froids étendus au milieu du chaos. Je ne laisserai personne d'autre mourir.

— Reste concentrée, Am, m'ordonne Tyler à mi-voix. Ne cède pas à la panique.

Quarante minutes plus tard, la voiture de mon ami s'engage sur le chemin de terre menant au Centre. Il ralentit pour faire le moins de bruit possible, bien que cette précaution soit inutile au vu de l'ouïe surnaturelle des Vampires. Nous nous garons à quelques centaines de mètres du Centre, et nous armons avant de sortir. J'ai le cœur qui bat terriblement fort. Aux aguets, je guette le moindre son, le moindre cri, mais nous sommes probablement trop loin. Ce soir, le ciel est complètement noir et on ne distingue ni la lune ni les étoiles. Tout est figé dans le néant.

Nous partons en direction du Centre, d'abord à faible allure. Et au fur et à mesure que nous avançons, je les entends.

Les cris. Des dizaines et des dizaines de cris qui s'échappent de la prairie et qui viennent nous frapper de plein fouet. Allongeant encore le pas, nous nous mettons à courir. Il n'est plus question de rester discret.

Nous déboulons sur la plaine et nous trouvons face à une scène de massacre. Devant l'entrée du Centre se battent une cinquantaine de Chasseurs, et autant de Vampires. Les corps volent, se cognent, gisent dans l'herbe. Quelques brasiers éclairent le tableau, tandis que leurs flammes crépitent, faisant voltiger des étincelles dans le ciel.

Depuis l'orée du bois, Tyler et moi tentons de distinguer nos amis. Mais les mouvements sont trop rapides, et la clairière trop sombre.

— Je ne les vois pas, maugrée Tyler. Je ne les vois pas !

— Aaron a parlé d'une centaine de Vampires, mais je n'en compte que la moitié ici, je raisonne, refusant de croire que nos amis reposent déjà face contre terre. Ils sont peut-être à l'intérieur avec les autres.

Tyler hoche la tête. C'est la seule solution.

Soudain, alors que nous nous apprêtons à nous élancer vers les portes du parking du Centre, les branches craquent et les feuilles bruissent. Un instant plus tard, un tronc traverse le feuillage et s'abat à quelques centimètres à peine de nous. Nous nous écartons au dernier moment, évitant l'arbre. C'est le signal. Sans hésitation, nous nous ruons dans la mêlée.

Les Vampires nous repèrent très vite, et, se détournant de leurs adversaires, foncent sur nous. Celui avec lequel Jacob et Maya étaient en proie prend Tyler pour cible. Il se prépare au contact, mais avant que le Vampire n'ait pu l'atteindre, Maya lui loge une balle en pleine tête.

Mais un autre s'élance, cette fois dans ma direction. À vingt mètres de moi, il prend appui sur un corps gisant au sol et s'envole dans les airs. Je slalome et l'évite d'une roulade, mais il revient à la charge. J'accélère, réussis à mettre juste assez de distance entre nous pour pouvoir me retourner et lui planter mon poignard dans le cœur. Mais Jacob surgit à ma gauche et lui crochète la jambe d'une glissade dans l'herbe. Le Vampire tombe et Tyler lui tord le cou par l'arrière, tandis que je l'achève de mon arme.

Jacob et moi avons à peine le temps de nous relever que nous sommes à nouveau assaillis. Formant un cercle, dos à dos, Maya, Jacob, Tyler et moi subissons l'attaque de deux autres Vampires. Le combat est rude. Jacob laisse échapper son poignard, manquant de se faire arracher le bras par l'une des créatures. Maya, lutte au sol contre l'autre. Nous parvenons à les mettre hors d'état de nuire. La porte du Centre n'est plus qu'à quelques mètres.