Les Chasseurs de l'Ombre - Tome 1 : Nuit

Chapitre 13, Partie 1

Nous arrivons à Philadelphie bien après la tombée de la nuit. L'air humide du quartier dans lequel nous nous garons me fait frissonner. L'endroit est désert, ce qui ne m'inspire rien de bon. Nous revêtons rapidement nos vestes noires, qui par leur rembourrage nous protègent de la plupart des blessures. Tandis qu'Aaron annonce la constitution des équipes, j'attrape mes armes. Poignard, pistolet, balles, couteau. J'enfile mon oreillette. Je suis maintenant connectée à Aaron.

— Groupe quatre : Christian, Scott, et Amber.

J'observe Christian à la dérobée. Après Alyssa et Tyler, c'est la meilleure personne avec qui je pouvais tomber. Il m'adresse un clin d'œil, et je le rejoins.

— Ça va ?

Je reprends mon masque d'impassibilité, et parviens même à esquisser un sourire de défi.

— Prête à en découdre.

Il s'approche de moi et me dit tout bas :

— Fais-toi confiance. Tu as ça en toi.

Je hoche la tête. Scott s'ajoute à notre équipe. Il a la mâchoire serrée et le regard déterminé, ce qui me rassure. Il ne prend plus la mission à la légère.

— Quoi qu'il arrive, nous nous donnons rendez-vous dans deux heures. Soyez efficaces, termine Aaron.

Sur ces derniers mots, tous les groupes se mettent en route dans la direction qui leur a été attribuée. Nous partons tous les trois vers le sud de la ville. Christian tapote l'épaule de son fils avant que leurs chemins ne se séparent et que nous bifurquions.

Nous nous engageons, les uns derrière les autres, dans une grande rue dans laquelle nous avisons une passante. Pendant quelques secondes, je me demande si cette femme qui se dirige vers nous, abritée sous son parapluie, n'est pas un Vampire. La paranoïa n'est pas loin. Nous avançons finalement, tête baissée et armes dissimulées, tandis qu'elle hâte le pas après nous avoir dépassés.

Nous progressons une vingtaine de minutes sans croiser personne d'autre. Pourtant, j'ai la furieuse sensation d'être guettée, et mon stress augmente. Je redoute surtout d'être attaquée par l'arrière ; aussi, je finis par demander à Scott, non sans mal, de rester derrière moi. Notre démarche est tellement particulière que l'on croirait à une chorégraphie mêlée à des arts martiaux. Nous nous mouvons sans le moindre bruit, les yeux ultra-mobiles. Comme j'avais l'habitude de le dire auparavant, j'ai l'impression de voir danser des ombres.

Alors que nous tournons dans une nouvelle avenue, un mouvement furtif dans le parking en hauteur situé sur notre gauche nous stoppe.

— Vous avez vu ça ? je murmure.

Les deux hommes hochent la tête en réponse. Christian appuie à deux reprises sur un petit bouton sur son oreillette, signe que les Vampires sont tout proches. Il nous fait signe de nous disperser. Moi à gauche, Scott à droite, et lui à l'arrière. Je me retrouve seule.

J'avise une porte métallique, qui grince quand je pénètre dans le parking. Des escaliers mènent au sous-sol, d'autres aux étages. Descendre ? Hors de question. Il fait tellement sombre que je ne vois pas à un mètre après la dernière marche. Alors je monte.

Je gravis trois niveaux. Le bâtiment est silencieux, plongé dans l'obscurité. La pluie traverse l'ouverture centrale du plafond et s'écrase sur le sol de béton avec un bruit d'enfer. Tout est trop immobile pour être normal, et je peux ressentir la présence du Vampire. J'avance à pas de velours jusqu'à me retrouver au milieu du parking. Je calme peu à peu mon souffle jusqu'à ce que ma respiration soit imperceptible. Dans ma cage thoracique, mon cœur cogne à grand bruit. Je sais qu'il l'entend. Je serre mon poignard dans ma main, tandis que l'autre attrape mon pistolet aux balles d'argent, coincé dans ma ceinture.