Chapitre 29, Partie 2

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Une douleur me vrille le crâne, je garde les paupières closes en tentant de reprendre ma respiration. Je me laisse aller contre la cloison. Je sens bien l'horrible goût métallique du sang sur ma langue, et mon arcade sourcilière me tire terriblement. Aaron tombe à genoux.

— Amber... Est-ce que tu m'entends ? murmure-t-il, la voix se brisant après qu'il prononce mon prénom.

Dans l'incapacité d'ouvrir la bouche, je hoche la tête avec une infinie précaution. J'inspire par le nez.

— Ne bouge surtout pas.

Son index effleure ma pommette, ses doigts tremblent, et j'ai un léger mouvement de recul, dû à la souffrance que sa simple caresse me fait éprouver. Il retire sa main, et j'ai le sentiment d'être dans le vide complet, tous mes sens occultés par le choc.

— Je ne voulais pas... Regarde-moi, je t'en prie...

J'obéis tant le ton de sa voix me blesse.

Je suis à quelques centimètres de son visage. Détruit. Ses yeux écarquillés ne sont que souffrance, ses traits se tordent dans un rictus de désespoir total. Plus que tout au monde et bien plus que le coup qu'il vient de me porter, voir Aaron ainsi me fait mal.

— Pourras-tu un jour me pardonner ? chuchote-t-il.

À ces mots je baisse le regard et remarque ses mains, dont les jointures sont recouvertes de sang. Je frissonne. Il m'interpelle une nouvelle fois, et je me sens dans l'obligation de lui répondre quelque chose.

— Pourquoi ? je réussis à prononcer dans un souffle.

— Amberly Johnson, tu es la raison pour laquelle je demeure sur cette terre, la raison pour laquelle mon âme n'a pas encore sombré dans toutes ces ténèbres qui continuent de m'entourer. Je te demande pardon. Je viens de blesser le seul être qui parvient à chasser l'ombre tout autour de moi et me faire ressentir autre chose que de la peur.

Les battements de mon cœur s'affolent à ses mots et ma bouche entrouverte laisse échapper mon souffle, saccadé.

— Je voulais dire... Pourquoi tout ça, je réponds en touchant sa main meurtrie. Mais cela attendra encore un peu.

Alors j'attrape sa nuque et l'attire vers moi aussi puissamment que me le permet ma tête endolorie. Ses lèvres rencontrent les miennes, ensanglantées, et je l'embrasse, répandant tout l'amour que je possède dans ce baiser. Il pose une main derrière mon cou avec douceur et me caresse les cheveux, passionnément, et nous nous enlaçons, chacun voulant soulager l'autre de sa souffrance.

Mais il m'attire, inéluctablement, et je ne résiste pas à me coller à lui, les doigts enfouis dans ses boucles. Un déclic s'opère en moi ; mon baiser se fait plus pressant. Je le désire, plus que je n'ai jamais désiré quelqu'un auparavant. Mes mains parcourent inexorablement son corps, avides d'en découvrir chaque parcelle. Je les glisse sans attendre sous son tee-shirt et, comprenant mon geste, il écarte ses lèvres des miennes le temps de retirer son vêtement. Elles viennent se joindre à nouveau aux miennes un instant plus tard, brûlantes de désir. Il me plaque contre le mur, protégeant ma tête de ses bras. J'enroule mes jambes autour de ses hanches pour me hisser à sa hauteur et il grogne de plaisir.

— Je te veux, me dit-il en chuchotant, contre mon oreille.

Au diable ma pommette enflammée, au diable ses poings abîmés, et tous les problèmes et les dangers qui nous menacent. Son torse est pressé contre ma poitrine. Son corps divin, somptueux, est tout entier tourné vers moi. Un court instant, je lui échappe et me laisse basculer sur son lit, l'attirant sur moi. Il se place au-dessus de moi, nos corps séparés par quelques centimètres. Ses yeux me fixent quelques secondes, les prunelles brillantes, comme s'il s'apprêtait à me dire quelque chose. Son regard me coupe le souffle. Il est d'une beauté sans nom. Ses cheveux décoiffés lui tombant sur le front, ses lèvres entrouvertes, rosies de désir, finissent de me faire perdre la raison.

Il comprend en une fraction de seconde ma volonté, et commence à remonter peu à peu mon tee-shirt, déposant l'un après l'autre des baisers sur mon corps qui me font frissonner. Je m'accroche à ses boucles lorsque sa langue parcourt ma clavicule puis mon cou. Mon haut disparaît, puis mon jean. Il parsème ma peau de baisers tandis que je l'effleure du bout des doigts. Je peux sentir les tressaillements qui le traversent et son souffle se couper quand je caresse le bas de son ventre, juste au-dessus de sa ceinture.

— Je t'aime, je murmure.

Il sert ses bras autour de moi et me presse contre lui. Mon cœur semble sur le point d'exploser et je n'ai plus les idées claires. Tout mon esprit est focalisé sur nos corps qui se touchent. Je l'aide à retirer son pantalon et une vague intense de désir me submerge en le sentant presque nu, collé à moi. Je laisse échapper un gémissement de plaisir qui lui fait soudain perdre le contrôle. Il se débarrasse de nos derniers vêtements. Ses lèvres s'écrasent sur les miennes et ils les mordillent tandis que sa main s'évade sur ma hanche. Je ferme les yeux, la bouche entrouverte. Mon corps brûle du passage de ses mains. Mes jambes l'entourent et l'attirent encore plus près de moi. Alors, il se hisse plus haut au-dessus de moi et se met à bouger, au même rythme que moi, son visage enfoui dans mon cou. Je gémis et m'accroche à lui. Je suis comme projetée dans un tourbillon sans fin, oubliant toute notion de l'espace. Je m'abandonne dans un dédale de sensations exquises, et lorsqu'il me chuchote d'ouvrir les yeux pour le regarder, je perds pied. Son corps se mouvant au-dessus de moi est l'une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de voir. Son visage fascinant me dévore des yeux.

Il me bascule soudainement sur le côté, et je me retrouve assise au-dessus de lui, à le contempler. Pourtant, c'est lui qui lance en caressant ma peau :

— Tu es incroyable, Am. Regarde-toi, comme tu es belle.

Je frissonne en entendant ses paroles et mon désir augmente davantage. Je ferme à nouveau les paupières en sentant le plaisir submerger mon corps tout entier. Je bouge encore, et encore, jusqu'à exploser en un millier de particules en même temps que lui, gémissant son nom.

Je m'écroule sur son torse, tentant de reprendre le contrôle de ma respiration. Il m'entoure de ses bras. Je perçois son cœur batailler pour calmer ses battements. Je l'embrasse dans le creux du cou, soulagée d'être auprès de lui. Il se dégage quelques secondes, rabat le drap sur nos deux corps nus. 

Quelques minutes plus tard, le souffle d'Aaron s'apaise. Il clôt ses paupières et s'assoupit en quelques secondes, mais de mon côté, je garde l'esprit on ne peut plus clair.

Les Chasseurs de l'Ombre - Tome 1 : NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant