Les Chasseurs de l'Ombre - Tome 1 : Nuit

Chapitre 30, Partie 2

Je déambule à travers le Centre, fulminant de rage. Avisant un endroit tranquille dans une salle de réunion, j'y pénètre et m'assieds à la table. Je prends ma tête entre mes mains, ferme les yeux, et respire un bon coup. Je dois me calmer pour pouvoir réfléchir.

Finalement, quelques minutes plus tard, toutes mes pensées se mettent en ordre dans mon esprit. La meilleure solution est de m'adresser à Tyler. Je me lève, quitte la salle, et m'en vais le trouver.

— J'ai besoin de te parler, je lui lance lorsque je le retrouve à l'entraînement.

Haletant, il stoppe ses coups contre le sac de boxe et se tourne vers moi, essuyant son front luisant de sueur.

— Maintenant ?

— Maintenant.

— Attends-moi à l'entrée. J'arrive dans cinq minutes.

Je patiente quelques instants au bout desquels il finit par me rejoindre, douché et changé. Il est aussi soucieux que je l'étais lorsqu'Aly est venue me trouver.

— Que voulais-tu me dire ? Il s'est passé quelque chose ?

— Pas ici. Tu as un peu de temps devant toi ?

— Oui, quelques heures.

— Tu accepterais que nous sortions faire un tour à New York ?

Il fronce les sourcils, interdit.

— D'accord. Allons-y.

Nous nous rendons jusqu'au parking en silence. Je connais Tyler, il est préoccupé, mais sait qu'il n'obtiendra aucune information en me bombardant de questions.

Je m'installe auprès de mon ami déjà au volant de sa berline et nous démarrons. Tyler me jette de petits coups d'œil de temps à autre, tandis que j'essaye d'échafauder le plan de ce que je vais lui annoncer. Cette fois, plus question de mentir.

Aucun de nous deux n'ouvre la bouche de tout le trajet, et je ressens la tension et le stress monter en Tyler, alors qu'il se demande certainement ce que j'ai à lui dire. Pourtant, contrairement à Aly qui n'aurait pas hésité à me questionner sur le champ, Tyler reste concentré sur la route, et attend que je sois prête à parler.

Nous entrons finalement dans New York, et à un feu tricolore, Tyler se racle la gorge.

— Tu veux aller quelque part en particulier ? s'enquiert-il, brisant le silence.

Je secoue la tête.

— J'ai une idée.

Tyler conduit encore plusieurs minutes jusqu'à prendre une sortie. Je comprends où il nous emmène : Liberty State Park, son endroit préféré à New York, où nous avons passé tant de bon temps avec Alyssa. C'est étrange que nous nous retrouvions ici des années plus tard, alors même que j'ai la terrible sensation que notre trio a finalement éclaté.

Il rentre sur le parking et se gare. Nous quittons sa voiture et marchons quelques centaines de mètres, bras dessus bras dessous, emmitouflés dans nos gros manteaux, avant de trouver un banc donnant sur Upper Bay, avec une vue dégagée sur la Statue de la Liberté.

Une fois assis, je contemple le panorama, d'Ellis Island aux quartiers de Brooklyn et Manhattan. Le soleil s'est couché sur la ville voilà déjà un moment, et la baie fait comme un miroir dans lequel se reflètent les lumières de New York.

Finalement, je prends la parole, en venant directement au fait. Mes yeux sont fixés sur un point devant moi, à l'horizon.

— Aly m'en veut.