Chapitre 69

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Sakura était fatiguée, très fatiguée.

Elle avait l'impression de trainer son propre corps à travers les couloirs.

Son esprit était tout aussi épuisé. Il était embrouillé et parfois il errait dans le brouillard.

Sakura venait de sortir du bureau de Kushina après sa séance de deux heures.

Ces séances se révélaient bien plus difficile que prévu.

Cela faisait seulement trois mois qu'elle se trouvait à l'hôpital, mais elle avait déjà fait d'énormes progrès. Là où les premières séances, elle répondait toujours par ses habituels « Hn », maintenant elle formait des phrases entières. Se confier était toujours une chose très désagréable pour elle, elle ne s'y habituerait surement jamais. Mais avoir Kushina en face d'elle l'aidait beaucoup.

Pour résumer la situation, Sakura se trouvait dans une chambre seule qui avait peu de meubles, un lit, une table de nuit, une armoire, une chaise et un bureau. Elle avait demandé si elle avait l'autorisation de décorer sa chambre, ce que les psys avaient énormément encourager. Sakura avait alors demandé du matériel et avait dessiné pendant des heures entières afin de créer des posters représentant ses amis. C'était avant tout pour s'occuper et montrer aux psys que ses amis avaient une place très importante pour elle. Ils lui manquaient beaucoup. Ne plus pouvoir voler les briques de jus d'orange de Suigetsu, s'entrainer avec Juugo, jouer à la console avec Saï et regarder des séries avec Temari, tout ça créait un gros vide en elle.

Elle avait également dessiné un poster représentant son frère. C'était le plus gros dessin d'entre tous, qu'elle avait placé juste au-dessus de son bureau. Comme ça, elle avait l'impression qu'il veillait toujours sur elle, même s'ils étaient séparés. Son grand-frère allait bientôt pouvoir venir. Kushina avait déclaré que son état mental était stable et que sa bonne progression en communication engageait le contact avec ses proches.

Enfin, le dernier dessin qu'elle avait terminé représentait deux personnes cette fois : Sasuke et elle. Sakura avait dessiné Sasuke de sorte qu'il se tienne à côté d'elle avec un bras passé sur ses épaules. Tous deux portaient un sweat à capuche noir. Chacun avec son sourire en coin, ils regardaient droit devant eux. Rien qu'avec ce dessin, on pouvait sentir que Sasuke et Sakura se ressemblait dans leur comportement. Lui aussi, il lui manquait beaucoup.

Elle s'était liée à lui. Et lorsqu'elle s'en était aperçue, il était bien trop tard pour faire machine arrière, pour lutter contre ce lien. Et puis, voulait-elle vraiment lutter contre cette attraction ? Sasuke lui avait fait ressentir tellement de chose depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Grâce à lui, elle avait réappris à ressentir les choses, à ne plus repousser ses émotions qu'elle se cachait. En le côtoyant, elle s'était mise à penser aux conséquences qu'avaient ses actions sur les autres, ou plutôt, à les prendre en compte. Car Sakura les connaissait bien, mais à l'époque, elle se fichait pas mal de blesser quelqu'un. Elle avait changé grâce à Sasuke, tout comme elle l'avait changé.

Tous deux avaient mûris et ils étaient prêts à continuer d'évoluer et de grandir ensemble.

Sakura avait la tête ailleurs alors qu'elle regagnait sa chambre. Il n'y avait pas de personnel qui l'accompagnait car Kushina avait jugé qu'elle n'était pas dangereuse tant qu'aucune crise n'était déclenchée. De plus, des caméras se trouvaient dans chaque recoin du bâtiment, alors elle n'était jamais vraiment sans surveillance. Seules les salles de bains et les toilettes n'avaient pas de caméras, mais alors, il y avait toujours un membre du personnel dans ces endroits pour garder un œil sur les patients.

Sakura avait la tête ailleurs car aujourd'hui, c'était samedi. Et le samedi, c'était la grande distribution de courrier pour tous les résidents. En passant dans la salle commune pour rejoindre sa chambre, Sakura aperçut les charriots qui contenaient les lettres. Elle eut une pulsion soudaine et se mit à sprinter en direction de sa chambre pour être sûre de ne pas louper la distribution. Toutes les semaines, elle n'attendait que ce jour précis. C'était le seul moment où elle avait l'impression de ne plus être seule, de ne pas être abandonnée.

L'enfance voléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant