Raphaëlle

Chapitre 28: Taverne Du Bon Cochon

- « Ma Dame ! Ma Dame Raphaëlle ! »

Je me retourne pour faire face à la personne qui hèle mon prénom. C'est un homme en noir, il semble faire partie des plus jeunes de leur groupe.

- « Oui ?

- Pardonnez-moi du dérangement mais votre Mère vous sonne.

- Bien, je vous remercie. »

Je lui offre un sourire auquel il répond puis fait demi-tour pour se diriger vers la maisonnée des hommes en noir.

Diantre !, Mère veut sans doute mettre au point le plan pour demain mais je n'ai toujours pas trouvé Césaire et je n'ai donc pas encore eu l'occasion de lui faire part de mon implication. Le connaissant il ne va pas apprécier que ce soit quelqu'un d'autre qui le lui apprenne.

Oh et puis zut, il n'avait qu'à se trouver dans les parages lorsque l'on a besoin de lui !

D'un pas peu décidé je m'avance vers la bâtisse principale tentant d'imaginer la future conversation.

Parvenue devant la porte fermée j'entends cependant une discussion qui semble pour le moins agitée.

- « Ne disiez-vous pas la protéger ?

- Si, bien entendu.

- Alors pourquoi l'envoyer en mission qui risquerait de la mettre en danger ? Vous l'envoyez dans la gueule du loup !

- Me prenez-vous pour une sotte ?

- Assurément point Ma Dame.

- Alors, dans ce cas pourquoi discuter mes ordres ? Ne pensez-vous pas que j'ai mes raisons ?

- Il en est de soi, mais... »

Après avoir vivement frappé la porte j'entre dans la salle de réunion pour faire face à Mère, Arthur, deux de ses hommes et... Césaire furieux.

- « Ah ma fille, il ne manquait que toi ! 

- Pardonnez mon retard mais je viens à l'instant d'être tenue en connaissance de la réunion. »

En prononçant ces paroles je ne regarde que Césaire. Droit dans les yeux, je lui fais comprendre que comme Mère, je ne fléchirais pas.

- « Arthur nous a expliqué comment il comptait agir. Je n'ai fait aucune objection à son plan. Raphaëlle, souhaites-tu que nous faisions un récapitulatif ? » me demande Mère tandis que je continue d'observer Césaire.

- « Eh bien, le plan a changé de ce que vous m'avez expliqué Capitaine ?

- Non.

- Alors ce n'est pas la peine, merci. A moins que certaines choses nécessitent de m'être connues ?

- Quelques petites données peuvent vous être utiles » commence Arthur, « cet espion ne connait pas votre visage mais seulement votre prénom et une vague description de votre physique. Il est amateur de jeunes et jolies filles alors vous correspondez parfaitement au profil. » je feins de ne pas avoir noté le compliment et réponds :

- « Bien alors cela ne devrait pas être si difficile.

- Cela le sera, détrompez-vous. » me coupe Césaire en me vouvoyant.

Je ne sais s'il me vouvoie parce que Mère est présente ou pour me montrer son mécontentement, mais je dois avouer que cela me déplait fortement. Il reprend :

- « Vous allez devoir le convaincre que vous n'êtes pas une menace, qu'il peut vous suivre dehors sans danger et qu'il obtiendra de vous quelque chose de si tentant qu'il en oubliera de réfléchir. Vous en sentez-vous capable ?