Chapitre 50: Araignée fictive

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Je me tourne vers celui-ci qui m'observe l'œil minutieux. De toute évidence il appréhende ma réaction.

- « Que proposes-tu ? Car des schémas c'est bien beau mais il faudrait que tu m'expliques l'idée même que tu exploites. » je demande.

- « Eh bien, » il s'avance doucement et reprend « pour attaquer le château par surprise et de l'intérieur il faudrait un moyen de diversion.

- Et tu penses à quoi ?

- A toi. »

Je ne comprends d'abord point puis la peur germe peu à peu dans mon esprit.

- « Tu voudrais que je me livre ?

- Oui, quel est le problème ? Ne disais-tu point me faire confiance ?

- Si mais là n'est point la question. » je rétorque légèrement sur la défensive. « Pourquoi me livrerais-je ? Qu'est-ce qui amènera ton père à croire que je veuille rendre les armes ?

- Les vies des personnes que tu aimes ne sont-elles point des raisons suffisantes ? »

Nos regards se font face. Je ne sais s'il me menace ou s'il expose simplement un fait.

- « Que veux-tu dire ?

- Je veux dire par là qu'il te suffira d'énoncer à mon père que tu as compris qu'il ne lâcherait jamais l'affaire, que quoi que tu fasses il tentera par tous les moyens de s'emparer de toi, même s'il doit passer par la vie des personnes que tu aimes. Qu'une vie à fuir n'est point une vie. Blablabla. Et enfin qu'ayant fait ce constat tu as décidé de te rendre pour leur permettre de vivre. »

Je l'observe, toujours incrédule. Pense-t-il vraiment que je suis assez sotte pour me livrer à eux deux ? Pour croire qu'il a réellement décidé de tourner le dos à son père ? Pour penser que son allusion à mon frère n'est en rien une menace détournée ?

- « Peux-tu me laisser quelques minutes pour digérer ce plan je te prie ? » je demande en feignant le choc.

Il sourit tendrement, manquant de me faire sortir mon diner, et sort de la cabane suivit de peu par ses hommes.

Dès leur sortie je passe avec discrétion ma tête dans l'entrebâillement de la porte, éclairée seulement par le clair de lune. Tout un campement de tentes dressées en l'espace de quelques instants s'aplanie devant moi. Des hommes s'affairent à le mettre en place, d'autres à faire les sentinelles et les derniers à faire un feu. Aucune chance de s'échapper.

Plus qu'une solution, analyser les plans.

Je m'avance vers les cartes posées sur la seule table de la pièce, cherchant une quelconque faille à leur mascarade mais rien n'est laissé au hasard. Aucun plan divulguant leur véritable but. Rien, si ce n'est les deux cartes en-dessous de celle exposée mais rien n'y est inscrit si ce n'est deux lettres.

En m'y penchant plus sérieusement j'y distingue un « H » suivit d'un « B » en majuscule dans le coin des plans d'une salle. Or j'ai beau me creuser la tête mais rien n'en sort. Déçue je me penche à nouveau sur la carte supérieure. Si j'y comprends bien les annotations, Alessandro pense me faire entrer seule par l'aile Ouest, sans armes et en parfaite connaissance du chemin que je dois prendre. Pendant ce temps lui et ses hommes qui seront pour la majorité déjà présents dans divers endroits de la demeure se dirigeront vers l'étage supérieur où Arthur devrait être puis le libérer. Ensuite ils me rejoindraient dans les bureaux du Cardinal où je devrais être emmenée et me permettront de me libérer tout en faisant pression sur le Cardinal avec je ne sais quel moyen. Puis partir sereins.

Mais cela sans compter sur les gardes qui pourraient leur poser des questions, sur la présence du Cardinal et sur le bon fonctionnement d'un plan incertain sans un autre de secours.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant