J’essaie tant bien que mal de reprendre mon souffle après avoir couru pour échapper aux gardes que Mère m’a imposé. D’après elle si je dois me marier avec une personne de sang royal ma sécurité est remise en question. Je me retrouve donc à semer ceux qui me font office de protection. Les gardes royaux que nous a prêté la famille royale ne passent pas inaperçus, ils attirent d’autant plus l’attention mais aussi la convoitise. Mais Mère n’a rien voulu entendre.
Il faut dire qu’ils n’étaient pas très bavards. J’ai beau avoir essayé de faire sortir un mot de leur bouche maintes fois mes tentatives ont échoué.
Habillée d’un vêtement que mon frère avait laissé en déménageant, les cheveux cachés dans un chapeau, un haut large recouvrant ma poitrine, des bottes de cuir légèrement trop larges chaussant mes pieds je passe facilement pour un homme. Et là est mon but. Je passe inaperçu parmi toute cette masse de gens attroupée dans les marchés.
Non sans peine je me frai un chemin dans la foule en entendant mon nom se faire appeler. Oh, mes gardes peuvent donc parler.
- « Là, elle est là ! »
Diantre, je suis repérée !
Je continue de nager dans la populace quand je sens une main saisir mon bras droit avec force. Je tente de me dégager de l’emprise de mon assaillant mais mes tentatives sont sans résultats. Le visage de mon agresseur caché dans une capuche m’empêche de connaitre son identité tandis qu’il m’attire dans une ruelle à l’abri des regards. Je continu d’essayer de me débattre lorsque l’on atteint les murs en pierre des bâtissent longeant la ruelle.
Je suis sur le point de crier pour attirer l’attention des gardes que j’ai eues tant de mal à semer, lorsqu’une fine lame vient se poser sur mon cou dénudé. Le visage de l’épéiste est cependant toujours dissimulé sous l’ombre de sa capuche. D’une voix d’homme, il prononce avec un léger accent qui sonne italien :
- « Hé, Hé, calme-toi. Je voulais juste t’aider, pas besoin de crier. »
Je ne sais pas si je dois le croire, après tout, son épée menace mon cou d’être tranché en deux. Il parait lire dans mes pensées puisque d’une voix assurée il rajoute plus doucement :
- « Je veux bien enlever mon épée mais tu me promets de ne pas crier ? »
Je m’apprête à faire un hochement de la tête mais je me rends compte que je risque de me trancher la gorge toute seule. D’une voix hésitante je lui réponds :
- « Oui.
- Bien. » Il retire sa lame de mon cou en reculant.
- « Qui êtes-vous ?
- Je pourrais te retourner la question. » L’ombre de sa capuche se hausse laissant entrevoir ses fines lèvres former un sourire. « Je pourrai aussi te demander pourquoi es–tu poursuivie par des gardes royaux. Ou encore pourquoi es-tu déguisée en homme alors qu’il est évident que tu es une femme. Mais je n’en ferai rien.
- Eh bien moi je le fais. Qui êtes-vous ?
- Alessandro pour te servir. » Il exécute une légère révérence qui semble des plus sarcastiques.
- « Vous avez pour habitude d’aider les criminels ou seulement ceux poursuivies par la garde royale ?
- Nous aidons les gens dans le besoin et il me semble que tu as besoin d’aide.
- Nous ? » Il acquiesce puis après un court silence sa voix s’élève dans la ruelle silencieuse.
- « A présent nous devrions y aller avant qu’ils ne nous retrouve ». Il saisit ma main et se mets à courir en direction de la ruelle plongée dans la pénombre.
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Raphaëlle
Historische fictieLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...