- « Raphaëlle, j'ai à vous parler. »
Je le regarde surprise puis déclare :
- « Si vous êtes venu vous excuser pour la dernière fois ce n'est pas la peine. Ce n'est ni le lieu ni le moment pour une telle chose, de plus je ne veux rien entendre de votre part. »
Il m'observe perplexe puis prononce :
- « Je ne suis pas là pour cela Raphaëlle mais pour quelque chose de bien plus important.
Cette fois c'est à moi d'être perplexe.
- « Pourquoi êtes-vous ici alors ?
- Je vais vous demander de me suivre Raphaëlle.
- Pardon ? Comment cela ? Mais où irions-nous ?
- Je vais également vous demander de ne pas me poser de questions.
- Mais...
- Faites-moi confiance Raphaëlle.
- Et pourquoi ? Pourquoi devrai-je vous faire confiance ? Après tout ce qui est arrivé je ne vois aucune raison de croire ce que vous pourriez me dire.
- Raphaëlle je...
- Non, Césaire, bonne nuit. »
Tandis que je lui tourne le dos et entreprends de rejoindre la porte du château une main saisie mon poignet. Je me retourne face à Césaire qui continue de m'agripper.
- « Césaire, lâchez-moi.
- Vous devez me suivre. Ce que j'ai à vous montrer est bien plus important que nos querelles passées. Je vous en prie, faites-moi confiance. »
Son ton ferme, bien qu'inquiet m'entraine à le suivre.
- « Bien, mais laissez-moi au minimum aller mettre quelque chose de plus convenable. »
Semblant s'apercevoir pour la première fois de ma tenue informelle il rougit puis rajoute :
- « Le nécessaire est dans la voiture.
- Dans ce cas laissez-moi prévenir Palmyr que je sors.
- Raphaëlle n'y pensez même pas. Je sais que vous voulez aller chercher une arme mais là où nous allons elle ne vous sera pas utile. »
Je l'observe, surprise qu'il ait deviné mon intention, puis le suis dans le chemin éclairé par la lune.
Parvenus à la voiture, il me tend la main pour m'aider à monter à l'intérieur et contrairement à ce que je pensais il ne monte pas à mes côtés. Il prend la place du caléchier, saisie les rennes des chevaux et avant de les faire avancer m'ordonne de me vêtir des habits à mes côtés.
Après m'être assurée que de là où il est il ne peut me voir me changer, je saisie les vêtements sur les sièges faces à moi. Je laisse échapper un léger cri de surprise en découvrant que ce sont là des habits d'hommes, bien loin de la bienséance d'une femme. Etonnée que Césaire veuille que je mette de tels habits, je ne suis pas moins contente de son choix. Ainsi habillée et les cheveux rentrés dans un chapeau je passe facilement pour un homme. Un bon point en moins pour ma féminité.
Tandis que j'enfile un bras dans le pourpoint, la voiture roule dans un nid de poule me propulsant de l'autre côté des sièges.
- « Raphaëlle, vous allez bien ? »
Le souffle coupé par le choc je ne peux répondre.
- « Raphaëlle ? »
Le son d'une plaque de bois déplacée m'attire à ouvrir les yeux. C'est un Césaire pivoine penché à travers la fenêtre située entre le cocher et les passagers qui m'observe. Je dirige mon regard vers mon torse et comprends immédiatement la couleur de son visage. Ma poitrine dénudée de façon peu glorieuse lui fait face. Je m'empresse d'enfiler le pourpoint et déclare âcrement :
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Raphaëlle
Fiksi SejarahLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...