Chapitre 40: Ce n'est qu'un aurevoir

16.4K 1.1K 80
                                    

- « Palmyr, nous avons quelque chose à te montrer. »

Elle lève ses yeux vers nous une lueur d'interrogation présente en eux. Tout en soutenant son ventre elle se lève avec difficulté du tronc d'arbre sur lequel elle est assise. Césaire lui tend la main avant que je n'ai le reflex de faire de même et l'aide ainsi à se relever.

- « Merci. »

Elle est maintenant enceinte de six mois. Elle l'était donc d'environ un mois et demi lorsque Léonce et elle ont été enlevés. Enfin nous n'avons pas de moyen exact de le savoir puisque tout ceci est très approximatif. Quoi qu'il en soit son ventre maintenant plus que rebondie ne facilite pas ses déplacements.

- « Où allons-nous ?

- A l'endroit où repose Léonce. » Césaire répond. Mais je rajoute en posant le collier entre ses mains.

- « Mais avant il tenait à te donner cela.

- Comment le sais-tu ?

- Retourne-le. »

Elle exécute ma requête et découvre l'inscription gravée au dos du pendentif en or blanc.

- « A Palmyr ma bien-aimée et future épouse » elle lit les larmes aux yeux.

- « Nous devrions y aller avant qu'il ne fasse nuit ce serait plus prudent nous ne savons pas si les hommes du Cardinal sont toujours dans les parages. » je prononce avec douceur.

Elle secoue légèrement la tête puis nous partons en direction de la tombe, Césaire ouvrant la marche. J'offre à Palmyr de l'aider à marcher mais elle refuse prétextant que ce n'est pas parce qu'elle est enceinte qu'elle ne peut plus rien faire. Je ris discrètement. Elle n'a pas changé de ce côté-là.

Je l'observe du coin de l'œil, ses cheveux blonds ont repoussé depuis que le Cardinal les lui avaient coupés mais je doute qu'ils repoussent un jour comme ils étaient auparavant. Ils n'ont cependant pas perdu de leur éclat et attireront toujours le regard.

J'imagine sans difficulté le magnifique enfant qui naîtra de si beaux parents.

Toujours en regardant Palmyr je constate qu'elle avance avec peine mais ne dit rien. Elle brave l'ascension sans sourcilier. La jeune fille naïve qui ne voyait que les bons côtés de la vie est maintenant devenue une jeune femme consciente des risques qui l'entourent. Et bientôt sera une jeune mère qui pourra transmettre son domaine à son enfant.

- « Nous y sommes bientôt. » je la rassure.

Elle acquiesce du chef sans même se retourner.

Césaire écarte les branchages. Si je le pouvais je serai le plus loin de lui possible, ne serait-ce que sa vue me brise le cœur. Mais pour Palmyr, j'avance.

Nous parvenons finalement dans la plaine de Léonce. Palmyr exerce un effort surhumain en restant droite et debout. Nous lui laissons de l'espace lorsqu'elle arrive devant la tombe de son défunt amant.

L'oreille indiscrète je ne peux m'empêcher de capter quelques bribes de sa conversation avec un fantôme.

- « Tu m'as sauvé. Si... » elle essuie ses larmes avec sa manche et reprends son souffle. « Si tu n'avais pas donné d'indice au Cardinal nous serions morts. Le bébé et moi. »

C'est donc Léonce qui a avoué notre position. Quel autre moyen avait-il de protéger sa famille ? Aucun.

- « Je n'oublierai pas l'amour que tu portais pour moi, un amour si fort qu'il t'a poussé à trahir tes amis les plus chers. Je te demande pardon Léonce. »

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant