- « N'y pensez point. »
Je me fige, arrêtée nette dans ma progression. Peu à peu je me retourne vers mon interlocuteur.
- « Cette fois je ne vous laisserai point partir.
- Arthur, vous savez bien que je ferai ce que bon me semble et que rien n'y personne ne m'en empêchera.
- Et Ma Dame, vous savez également que vous n'avez aucune raison de partir. Votre amie est revenue et elle aura besoin de vous plus qu'à aucun autre moment de sa vie. »
Mon regard se baisse, mes yeux n'osant pas croiser les siens.
- « Vous savez pertinemment que je suis dans le vrai. Fuir n'est pas la solution. » je relève ma tête brusquement.
- « Je ne fuis pas.
- Ah bon ? Alors que faites-vous avec une bourse, en pleine nuit et visiblement en tentant d'être discrète.
- Je m'éloigne pour le mieux de tous.
- Vraiment ? Ah dans ce cas-là, pardonnez-moi, je vous laisse à vos affaires. » il dit portant les mains paumes vers moi puis les lâchant le long de son corps.
Je reprends mon chemin en direction du liserai de la forêt et pousse à nouveau les branchages pour faciliter mon passage.
- « Une dernière chose Ma Dame. »
Je me fige à nouveau mais cette fois reste dans ma position, dos vers lui.
- « Soyez certaine de ne jamais éprouver de regrets. »
Puis le bruit de pas s'éloignant me parvient. Arthur est parti me laissant seule face à ma décision.
Il y a seulement quelques instants j'étais prête à partir du campement, laissant toute trace de mon passé derrière-moi. Mais mon échange avec Arthur a semé le doute dans mon esprit.
Et si je me trompais. Si je m'apprêtais à commettre la plus grosse erreur de ma vie ?
L'image de Palmyr au ventre rebondi surgit dans mes pensées.
Il a raison, je ne peux la laisser seule.
Alors je rebrousse chemin et repars en direction du campement.
*
- « Mère.
- Ma fille. »
Nous nous regardons l'une l'autre dans le blanc des yeux. Aucune ne fléchit.
- « Avez-vous trouvé... ».
Mère n'a pas le temps de finir sa question que Palmyr surgit de l'une des tentes, devançant la réponse.
- « Oh, je vois. » elle prononce observant la nouvelle corpulence de mon amie.
- « Mère, je crois que nous devrions avoir une discussion.
- Sans aucun doute oui. » elle répond le regard toujours rivé sur le ventre rond.
- « Et Arthur devrait être présent.
- Vraiment ?
- Oui.
- Bien alors faisons ainsi. » elle déclare se dirigeant vers la plus grande tente tandis que les hommes en noir de son équipe posent leurs affaires et rejoignent leurs camarades dont ils étaient séparés.
Je croise le regard de Palmyr, elle semble affolée. Elle a toujours eu peur de Mère. Comme beaucoup de personne soit dit en passant.
Je reconnais la silhouette de Césaire au loin, dans une grande discussion avec des hommes en noirs il ne me remarque pas. Les traits du chagrin sont bien présents sur son visage mais il semble comme apaisé.
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Raphaëlle
Fiction HistoriqueLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...