Mère se précipite alors dans les couloirs pour l'accueillir le plus vite possible sans le faire attendre. Je me retrouve dans la salle avec l'unique compagnie de Palmyr qui lorsqu'elle voit mon visage qui doit être blafard, me pousse gentiment dans le dos et me chuchote « Courage ». Je marche seule dans les couloirs, lesquels je crois sont déserts, mais je n'en suis pas sûre puisque la seule chose que je regarde est le sol devant mes pieds. Je marche doucement, j'éprouve une sensation étrange, mon cœur bat tellement vite que j'ai peur que toute la maisonnée l'entende. Je n'ai aucune idée du temps qui passe, mais lorsque j'arrive finalement à bon port, le hall d'entrée, je trouve un espace vide. Pas de Mère angoissée ? Pas de Césaire ni de domestiques ? Non, personne. Quand soudain Geneviève surgit de derrière et me prie de bien vouloir rejoindre le petit salon où Mère et un invité m'attendent. Je la suis donc dans les couloirs jusqu'au petit salon.
En entrant dans le salon, ma surprise est telle que je n'entends plus rien. Un homme âgé est debout au centre de la pièce et discute avec Mère. Qui est ce vieil homme ? Serait-ce lui le neveu du roi ? Cet homme barbu et dégarni ? Mère m'aperçoit enfin et me présente à cette personne. J'essaie de me ressaisir pour que les informations sur son identité parviennent à mon cerveau. Espérons qu'il ne soit point Césaire, que je ne doive pas me marier avec, hors de question ! Les seuls mots qui parviennent à mon esprit sont « honneur...précepteur...Césaire de Vendôme » Attendez, Précepteur ?
- « Oui, c'est cela, je suis le précepteur de Césaire de Vendôme, fils de César de Vendôme et neveu du roi » Ah, eh bien je crois que j'ai dit ma pensée à haute voix.
- « Mon employeur, son père, me fait vous parvenir qu'à regret, son fils ne pouvait assister à cette entrevue, je suis donc ici afin d'évaluer l'éducation, la bienséance et l'apparence de votre fille, Raphaëlle Oiseau. » il dit sans même m'octroyer un regard.
Quel personnage impoli ! Juger ma beauté ! Je me sens de suite mal à l'aise, j'aimerais m'enfuir à grandes enjambées vers la forêt et ne jamais réapparaître, lorsque Mère de sa diplomatie acquise mêlée à son autorité naturelle remet le précepteur à sa place.
- « Sachez Carolus, je peux vous appeler Carolus ?, que ma fille a reçu une éducation digne d'une reine et de là une formation à la diplomatie. Je ne permettrai à quiconque de mettre en doute mes qualités de mère. De plus, la beauté de ma fille n'a rien à voir avec votre présence n'est-ce pas ? Si votre élève n'est pas là c'est simplement qu'en tant que neveu du roi il n'a pas jugé ma fille assez importante pour daigner de se déplacer. Veuillez informer votre employeur que si ma fille ne rencontre pas son fils avant un accord alors nous ne daignerons pas non plus d'envisager une quelconque proposition. Nous ne sommes pas dupes, nous sommes parfaitement informées de la situation financière actuelle de votre employeur.
- Mais celle-ci ne tardera pas à changer...
- Je n'en doute point, mais laissez-moi finir voulez-vous ? La dot de ma fille n'est pas commune, et je crois que votre employeur cherche à marier son fils au plus vite n'est-ce pas ? S'il veut que ce mariage ait lieu, qu'il organise une rencontre entre nos deux enfants au plus vite ! Bonne journée Carolus. » Mère s'en est allée en tournant les talons.
Le visage blême du précepteur laisse entrevoir ses pensées, je crois que cette rencontre aura bientôt lieu grâce à Mère et ses talents qui ont autrefois bien été utiles à Papa. Carolus penche sa tête vers moi et me regarde pour la première fois.
- « Vous paraissez pleine de toutes ces qualités précédemment citées, j'en ferai part à mon employeur. Je me vois dans l'obli... la capacité de vous proposer d'assister à l'événement qui aura lieu dans deux jours à la cour royale. Le roi organise un bal pour fêter la majorité de son neveu Césaire. Votre présence est donc souhaitée afin de rencontrer Monsieur. » Sur ce il fait demi-tour et s'en va.
VOUS LISEZ
Raphaëlle
أدب تاريخيLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...