Chapitre 15: Une atmosphère bipolaire

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- « Non, tu mets tes mains trop bas sur la fusée, rapproche-là plus du quillon. »

Je regarde Césaire, surprise par la familiarité avec laquelle il vient de me donner conseil. Il semble s’en rendre compte également et affiche pendant quelques secondes un visage surprise puis se reprend avec un visage neutre. Il se racle la gorge et après avoir observé la position de mes mains reprend :

- « Là c’est mieux. Avec cette position vous pourrez mettre plus de force lors de vos coups. A présent réessayez ce que je vous ai appris. »

J’exécute sa demande en brandissant mon arme en hauteur de façon à former un cercle au-dessus de mon crâne puis en avançant ma jambe droite j’abaisse mon épée au niveau de sa tête. Il pare mon attaque puis sans que je ne comprenne ce qu’il m’arrive, je me retrouve à terre, mon épée à des pas de mon corps et Césaire débout à mes pieds, la pointe de son épée sur mon cou.

- « Vous n’avez pas réparti correctement votre poids. Je vous avais dit de vous appuyer sur vos jambes ! 

- Vous m’avez aussi dit de ne jamais baisser ma garde.

- Pardon ? »

D’un mouvement de ma jambe droite je donne un coup dans ses chevilles ce qui fait basculer Césaire qui parvient tout de même à atterrir avec élégance.

- « C’était bien joué, je dois bien l’avouer.

- J’ai eu un excellent professeur. »

Je ne mens pas, bien qu’Alessandro soit un épéiste doué Césaire en est un bien meilleur. Je ne m’attendais pas à ce qu’il possède également un esprit pédagogue.

- « Vous parlez de moi ou d’Alessandro ?

- De vous indéniablement. »

Il sourit et je crois déceler une lueur de douceur ainsi que de fierté dans ses yeux. C’est à ce moment que je m’aperçois que Césaire n’est qu’à quelques centimètres de mon visage de telle sorte que je sens son souffle sur celui-ci. En appuie sur ses bras, il est allongé au-dessus de moi et m’observe longuement.

Césaire semble avoir perdu toute forme d’arrogance, son sourire en coin lui procure une apparence enfantine lui donnant un air plus innocent que jamais. Il est si beau. A cette pensée, je sens mes joues prendre une teinte cramoisie.

Césaire pose ses avant-bras à même le sol réduisant la distance séparant nos deux corps. Je peux sentir nos torses collés l’un contre l’autre. C’est la première fois que je me tiens si près d’un homme et je dois dire que ce n’est pas si désagréable bien que mon cœur bat à se rompre. J’ai même l’impression de sentir celui de Césaire pulser à grand vitesse mais cela doit être dû à la force qu’il prend pour ne pas s’écrouler sur moi.

Le parfum poivré si envoutant de Césaire mélangé à la sueur due à l’entrainement parviens à mes narines réveillant en moi un désir que jusqu’à présent je n’avais pas rencontré. Je plonge mon regard dans ses yeux si bruns.

Et l’impensable se produit, l’inimaginable fait place.

Je soulève ma tête du sol approchant alors nos deux visages. Mon cœur bat à une célérité inimaginable. Césaire semble comprendre mon intention car il glisse sa main à l’arrière de mon crâne et approche ses lèvres des miennes.

Une sensation de bien-être profond se répand dans tout mon corps tandis que nos lèvres se rencontrent pour la première fois s’emboitant parfaitement de telle sorte que l’on pourrait croire que c’est leur destiné.

C’est peut-être mon premier baiser mais je me sens guidée par mon instinct le rendant comme naturel.

A bout de souffle, nos lèvres se séparent. Lorsque j’ouvre lentement les yeux, toujours sous le choc de notre échange, je remarque que les pupilles de Césaire sont dilatées. Il me sourit avec un sourire faisant fondre mon cœur. D’un geste qui se fait hésitant il replace une de mes mèches derrière mon oreille gauche.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant