Chapitre 39: Lys orangée symbole de perte?

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Peu à peu les larmes cessent de couler sur mon épaule dénudée. Césaire se détache délicatement de mon buste tout en prononçant des excuses.

- « Pardonne-moi je...

- Non, tu n'as pas à t'excuser. » je l'interromps.

- « Alors laisse-moi te remercier. » il sourit.

Je lui rends son sourire puis nous nous dirigeons en silence main dans la main vers la lisière de la forêt pour reprendre la direction du campement. Parvenus juste à la limite je m'arrête en apercevant plusieurs pieds de lys cachés derrière des buissons. Je lâche la main de Césaire et me dirige vers eux. J'y découvre une dizaine de sublimes lys orangées qui pointent timidement le bout de leur nez. Leur floraison est un peu tardive, elles apparaissent généralement en été. Je remercie mentalement notre jardinier Victor pour m'avoir appris tant de choses sur la flore de France. La couleur de leurs pétales m'est des plus exquises, à la nuance près c'est ma couleur préférée.

Je saisie ma lame accrochée à la cheville sous le pan de ma robe et coupe les tiges de ses si magnifiques fleurs.

- « Que fais-tu ?

- J'achève ton entreprise. » je réponds à Césaire.

Après avoir attrapé une tige de blé, je l'enroule autour des fleurs et en fait un bouquet. Je m'avance vers la tombe de Léonce y déposer mon médiocre présent.

- « Je sais la lys est symbole de la royauté et de sang tu n'y aurait point droit. Mais de cœur je te l'offre, symbole de la bonté dont tu étais garant. Tu resteras à jamais dans nos mémoires, tel un roi tu régneras sur nos âmes. Je t'aime et continuerais. Je te fais la promesse de veiller sur Palmyr et ton enfant. Tu as fait ton temps, ta part du combat, à présent reposes en paix. »

Les larmes coulent sur mes joues lorsque je finis ma tirade. Césaire me rejoint, passe un bras sur mes épaules et me serre. Nous restons face à la tombe quelques instants, main dans la main, embrassant le silence ambiant. L'absence de réponse de notre ami qui ne répondra plus. Puis nous repartons vers le campement, et cette fois pour de bon.

Les minutes passent, les pas s'enchaînent dans une perpétuelle mécanique. Puis le silence se brise lorsqu'un oiseau prend son envol bruyamment. Je sursaute et suivie de Césaire, sors mon épée de son fourreau, parée à l'attaque. Mais rien ne suit, ce n'était qu'une fausse alerte. Césaire et moi rions de notre réaction puis reprenons chemin comme précédemment.

- « Raphaëlle, je crois qu'il est temps que je te donne mes raisons pour être venu te chercher cette nuit-là. »

Je m'arrête brusquement, surprise de ne pas avoir à lui tirer les vers du nez.

- « Je pense qu'il est grand temps oui. »

Il s'approche, saisit ma main libre et l'approche de l'autre.

- « Si je t'en n'ai point parlé plus tôt c'est parce que j'avais peur de ta réaction. J'étais effrayé que cela t'affecte au plus haut point. »

Je me méfie, j'ai peur de ce qu'il va me dire.

- « Quelques heures avant de te rejoindre j'ai croisé Alessandro qui m'avait dit avoir une importante nouvelle à m'annoncer. Selon lui seule une personne en particulier pouvait m'en rendre part. Alors il m'a mené voir son père, le Cardinal. D'abord septique je ne croyais point un mot de ce qu'il me disait puis je me suis demandé pourquoi il mentirait alors que tant de choses correspondaient ? L'absence de ton père, ta mère qui ne s'était point remariée, ta si bonne entente avec Alessandro et ton père mort peu après ta naissance. »

Mon cœur bat à grande allure, où veut-il en venir ?

- « Raphaëlle, saches d'abord que ta Mère m'a assuré que tout ceci était faux, qu'elle n'avait jamais trahi ton père et que le Cardinal mentait pour t'attirer dans ses filets.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant