Chapitre 8: Vendôme

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        La voiture s'arrête sur le bord de la route. Le caléchier ouvre la porte droite du côté de Mère, celle-ci descend en refusant la main qui lui est tendue. Palmyr qui était assise à ses côtés suit le mouvement mais en acceptant l'aide du caléchier. Je devrais faire de même mais je n'arrive plus à bouger. Mon corps ne répond plus aux commandes.

Impossible d'esquisser ne serait-ce qu'un geste. Mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Je sens des battements dans toutes les extrémités de mon enveloppe corporelle. J'essaie sans relâche de prendre mon courage à deux mains et de descendre mais rien n'y fait. Je ne parviens pas à rationnaliser. L'atmosphère se fait de plus en plus lourde, ma respiration plus difficile. J'entends des voix. Des voix d'hommes, de femmes et d'enfants.

Ce serait le moment que je me meuve mais toujours rien, je m'étouffe dans la chaleur de la calèche. Soudain la voix de Palmyr parvient à mes oreilles et je prends conscience que je ne suis pas seule. Que mon amie est là et qu'elle aussi a besoin d'aide.

Ma respiration se fait plus régulière, plus aisée et je peux à présent faire mon apparition.

Je pose un pied au sol à l'aide du caléchier qui attendait patiemment. La première chose que je vois est le nom inscrit sur l'herbe du rond-point du château. Vendôme. Ce n'est pas étonnant qu'ils perdent de l'argent s'ils le dépensent de cette façon. Inscrire son nom sur sa pelouse est preuve d'égocentrisme bien avancé. Je comprends mieux l'origine de cette facette de la personnalité de Césaire.

- « Raphaëlle Oiseau je présume ».

Je me tourne dans la direction de la voix qui s'est adressée à moi. Un homme brun d'une quarantaine d'année se tient devant moi en attente d'une réponse. Ses traits faciaux me rappellent ceux de Césaire si nous lui enlevions la moitié de son poids et la moitié de son âge. Ce doit être son père. César de Vendôme. Je lui réponds en m'inclinant légèrement.

- « Vous présumez bien. » En voyant mon geste  un sourire satisfait s'affiche sur son visage.

- « Il me tardait de faire votre connaissance. Carolus Barbe Leroux m'avait fait votre éloge. J'espère que vous possédez les qualités qui m'ont été citées.

- J'ai espoir de vous satisfaire Monsieur le Duc. » Pour en rajouter j'effectue à nouveau une légère révérence. Cet homme aime savoir les autres à ses pieds, tel va être mon rôle. Il me sourit puis tourne sa tête vers Palmyr.

- « C'est donc vous Palmyr. » Celle-ci s'apprête à lui répondre mais Mère qui semble s'être présentée lorsque j'étais dans la voiture la prend de court.

- « Vous vous connaissez ?

- Non il ne me semble point.

- Alors pourquoi tant de familiarité envers la comtesse de Troyes ? » Encore une question sans réponse de Mère.

- « La...la comtesse de Troyes ? » L'homme qui avait tant de confiance en lui-même quelques instants plus tôt a perdu toute arrogance. Pensant faire incliner Mère avec ses informateurs il a voulu lui montrer qu'il dirigeait les négociations pour le mariage. Ses informateurs ne doivent pas être si bons puisqu'il s'est trompé sur Mère.

- « Oh, je vois que vous n'êtes pas aux nouvelles ! Pardonnez-moi je n'ai pas fait les présentations comme il se doit. Duc de Vendôme je vous présente donc la comtesse de Troyes. » Un sourire aux lèvres Mère met son adversaire à terre. Métaphoriquement bien entendu. Après la surprise le duc se ressaisit.

- « Bien, bien. Entrez je vous prie, nous continuerons les présentations à l'intérieur du château. » d'un geste il montre l'immense bâtisse derrière-lui.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant