Chapitre 35: Dague bien placée

17.5K 1.2K 81
                                    

-> lisez la note à la fin :)

Mère a trouvé le parfait moyen de me punir en enfermant avec moi l'une des personnes que je haïs le plus au monde. L'homme qui malgré toute mon amitié a trahis ma confiance.

D'un sourire narquois il m'observe assis dans une mélasse d'eau croupie et d'herbe sèche.

- « Continues de me sourire de cette manière et je t'arrache toutes tes dents. Tu souriras moins après, crois-en mon expérience. »

D'abord surpris par ma menace très imagée il prend un instant à réagir puis rit, non sous sa cape, mais grassement.

- « Que d'agressivité pour une si petite femme. » il rajoute niaisement.

Je ne réponds pas, faisant abstraction de sa remarque désobligeante.

- « Tu as bien changé dis-moi, tu sembles plus femme, plus mure, j'aurais bien envie de te croquer. »

Le son de sa voix et ses paroles me font un haut-le-cœur, l'envie de dégobiller mon repas me prend soudainement, cependant il est hors de question de lui montrer un quelconque semblant de faiblesse.

- « Toi aussi tu as changé Alessandro, tu ressembles à un sac d'os barbu et crasseux maintenant, dommage que ton papa n'ait pas pris le temps de venir te chercher. »

Une lueur noire s'empare de ses yeux, trahissant un grand sentiment d'amertume.

- « Tu peux parler mais ta petite môman » il dit en insistant sur le « o », « t'as bien enfermé avec un traitre. Alors qu'as-tu bien pu faire ma petite Raphaëlle pour te retrouver en prison ? »

Je ne réponds pas. Il reprend :

- « Alors, on a perdu sa langue ? Oh, et ton petit Césaire n'est pas venu te voir, tu l'aurais trahi aussi ? » il marque une légère pause « Mais tu trahies tout le monde à ce que j'entends, même ton amie la plus proche, cette pauvre Palmyr enfermée sous le joug de mon père. »

Cette fois c'est la fureur même qui s'empare de moi, je tire sur mes liens le plus fort possible les faisant céder, et saute à la gorge d'Alessandro.

Après lui avoir infligé bon nombre de coups, je me retrouve à califourchon sur lui, la dague que j'avais précautionnement dissimulée dans les coutures de mes habits pour m'échapper, sur sa gorge laisse échapper un filet de sang.

Il ne fléchit pas, me regardant droit dans les yeux. Une idée déjà expérimentée me vient à l'esprit. Je baisse ma dague jusqu'au niveau de son entre jambe. Son regard change.

- « Tu n'oserais pas !

- Souhaites-tu parier ? »

Terrorisé par son funeste destin, Alessandro se montre tel un lâche non face à la mort mais face à l'idée d'une si grande souffrance. Suppliant ma pitié il demande à vivre sans le statut d'eunuque.

- « Que sais-tu de Palmyr ?

- Je... je vais tout te dire mais je t'en prie, par pitié ne me fais pas cela.

- Tu as fait tant de mal, pourquoi t'épargnerai-je ?

- Je te promets que je vais dire tout ce que je sais !

- Pourquoi maintenant alors que tu as été interrogé maintes et maintes fois sans lâcher un traitre mot ? Qu'est-ce qui a changé ?

- Je sais à présent que je n'ai aucune valeur aux yeux de mon père. »

Ce serait plus facile de le tuer, peut-être que cela libèrerait mon cœur de sa douleur permanente. Mais j'ai le devoir de penser à Palmyr et Léonce avant tout.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant