J'ouvre à peine les yeux qu'une lumière m'aveugle instantanément. Je cache ceux-ci sous ma couverture d'été pour cesser cette douleur atroce, lorsque j'entends:
- « Raphaëlle lève-toi, un invité devrait arriver ce midi pour te rencontrer! ».
Mère ? Mais que fait-elle ici ? Elle ne me réveille jamais, elle préfère laisser cela aux domestiques.
- « Raphaëlle, allez, il est temps de se lever, on entend déjà les oiseaux chanter ! ».
Mère qui se lève aux aurores ? Eh bien, cet invité doit être important.
- « Raphaëlle lève-toi ! » hurle-t-elle.
Je n'ai pas vu Mère autant en colère depuis la fois où j'avais disparu toute l'après-midi dans la forêt pour essayer d'apprendre à chasser. Je me lève d'un bond, lorsque ma tête commence à tanguer et mes yeux à se brouiller. Mère m'attrape par le bras et me traîne dans le couloir jusqu'à m'amener dans la salle à manger où un gigantesque petit-déjeuner est servi. Elle me fait m'asseoir sur une des chaises puis s'installe sur une chaise face de la mienne, à l'autre bout de la table. J'ai une faim de loup. Mère dit toujours que je mange trop et que si je continue mes fesses rebondies me dispenseront de fauteuil pour m'asseoir.
Je commence à me servir du thé d'Asie quand Geneviève une vieille domestique aigrie se précipite pour le faire à ma place et me demande si je désire quelque chose d'autre.
- « Oui, servez-moi des œufs et la confiture de Dame Dorothée. » je lui réponds.
Elle me tourne le dos puis revient me servir deux petits biscuits qui semblent ridicules dans une aussi gigantesque assiette.
- « Que faites-vous ? Ce n'est point ce que je vous avais expressément demandé ?
- Laisse-la donc tranquille ma fille veux-tu. Je lui ai demandé de ne pas te donner de quoi te rendre plus ronde que tu ne l'es déjà. Tu ne dois pas grossir, surtout un jour comme celui-ci.
- Alors pourquoi me demander ce que je souhaite ? Et que voulez-vous dire par là Mère ?
- Eh bien, aujourd'hui tu auras la chance et l'honneur de rencontrer la personne qui j'espère sera ton futur mari et mon futur gendre.
- Mais Mère...
- Cesse de parlementer, nous en avons déjà discuté. Je t'ai trouvé un bon parti pris et tu te plieras à tes obligations. Il viendra déjeuner, il nous accorde la bonté de se déplacer, tu te dois donc de te tenir correctement et de faire pour ainsi dire tout ce que tu peux pour lui plaire. Une grande dot attirera plusieurs prétendants corrects et je l'espère puissants. Celui-ci fait partie des deux, du second j'en suis sûre et pour le premier, c'est ce que l'on en dit.
- Qui est-ce ?
- Sache, ma chère, que nous aurons la chance d'accueillir Césaire de Vendôme, fils aîné de César de Vendôme et neveu du roi. Il sera bientôt duc de Vendôme et possède une grande fortune. Si vous vous marriez tu feras partie de la cour et tes enfants aussi. Te rends-tu compte de la chance que tu as ?
- Je...
- Assez parlé. Je vois que tu n'as pas faim pour tes biscuits, bon tant pis. Suis-moi, nous n'avons pas de temps à perdre, il faut te préparer. Geneviève, apportez son thé près de sa coiffeuse dans la salle de préparation et dites aux coiffeurs, habilleurs et couturiers que nous arrivons.
À ce moment Mère m'attrape par les épaules, m'incite à me lever et m'entraîne à la suivre dans la salle de préparation. Mère est très impliquée dans la vie politique de la cour et sait comment s'y prendre avec les gens. Elle sait exactement comment se présenter pour n'importe quel événement. Je me demande souvent pourquoi elle ne s'est pas remariée après la mort de Papa. Peut-être l'aimait-elle ? Non, idée absurde ! Nous arrivons devant la coiffeuse, je vois alors un visage qui me procure un soulagement immédiat. « Palmyr ! Je m'empresse de dire avec soulagement.
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Raphaëlle
Ficción históricaLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...