Chapitre 34: Trêve

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- « Attends, je vais t'aider. »

Gladys saisie les lacets de mon corset, les serre puis les noue.

Si il y a une chose qui n'a point changé c'est bien l'oppressement qui m'envahit dès que je dois enfiler cet instrument de torture. Sans rire, je suis persuadée que si vous en mettiez un à un homme pour l'interroger il répondra à toutes vos questions sans aucune hésitation.

- « Te voilà fin prête. »

Je la remercie d'un sourire puis saisie ma besace et l'épée de Papa dans son fourreau noir. J'ouvre la porte pour trouver Césaire de l'autre côté.

Il m'observe de bas en haut, jugeant chaque parcelle de mon apparence, et je me retrouve telle la petite fille que j'étais.

Sans ménagement il saisit ma besace et mon arme de sa main gauche et me tient fermement le poignet de sa main droite tout en avançant à travers les couloirs de la Maison Close.

Parvenus dehors, il nous dirige vers une voiture tirée par deux chevaux gris. D'un mouvement de tête il fait signe au caléchier, qui me dit vaguement quelque chose, peut-être fait-il parti des hommes en noir, de démarrer.

Assise face à Césaire, dans le sens du trajet, je lui pose la question.

- « Tu n'es pas allé voir Gladys depuis quatre mois, qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?

- Rien qui ne te concerne.

- Très bien. » je dis tout en levant les yeux au ciel et en poussant un soupire faramineux.

Il ne veut point parler, alors nous ne parlerons.

Je pose mon regard sur la petite partie de chemin que je vois entre le rideau noir et le bord de la fenêtre.

Différents paysages défilent, je vois passer des maisons, des tavernes, de grandes places puis petit à petit les habitations se font plus rares et la forêt fait place. Comme si je n'avais pas eu ma dose d'escapade en forêt pour toute une vie !

Puis peu à peu l'allure des chevaux diminue laissant place à l'arrêt total de la voiture. Césaire descend sans un mot puis je perçois le son de pas se précipiter vers nous.

- « Elle est avec vous ?

- Oui, elle est dans la voiture. »

Je reconnaîtrais entre mille la voix de Mère poser cette question.

Prenant mon courage à deux mains, j'inspire fort et sors à mon tour du petit espace dans lequel j'étais installée. J'ai beau avoir réfléchis à des moyens de m'échapper mais je n'ai pas réussi, et puis ils doivent sûrement avoir des données qui pourraient m'être utiles.

Mes pieds n'ont pas le temps d'atteindre la terre ferme que je sens des bras m'entourer dans une étreinte ferme. Je ne bouge pas le petit doigt, laissant Mère m'enlacer quelques instants puis m'écarte en la poussant légèrement.

Son visage soucieux laisse transparaître une tristesse remplaçant la joie de me retrouver.

- « Où étais-tu passée ? Nous... nous t'avions cru enlevée ! »

Je ne réponds pas, la regardant droit dans les yeux sans fléchir.

Énervée par mon silence elle lève la voix :

- « Vas-tu répondre oui ! »

Je ne réponds toujours pas.

Plus qu'agacée, elle lève son bras droit s'apprêtant à me frapper mais deux main l'en empêche. La mienne et celle de Césaire.

RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant