>>Lisez la note à lafin
Cette nuit mon sommeil fût troublé. Je n’ai cessé de me retourner sur mon sommier. Bien après que la nuit soit tombée j’ai entrepris d’allumer une bougie et de lire. J’ai commencé La Reine d'Écosse, une tragédie écrite par Antoine de Montchrestien. Et je l’ai fini. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, le livre sur les genoux, accoudée au mur tout en regardant les étoiles par la fenêtre. J’ai voulu lire un livre sur les constellations pour apprendre le nom que forment les étoiles réunies, comme nous l’avions évoqué Césaire et moi la veille. Mais je n’en ai trouvé. Je proposerai plus tard à Mère de m’accompagner en ville, elle voulait acheter de nouveaux tapis cela sera une bonne occasion pour chercher de nouveaux livres.
Geneviève la domestique qui semble aussi âgée que notre château rentre dans ma chambre et pousse un léger cri de surprise en s’apercevant que je suis déjà levée et les rideaux tirés. Elle s’apprête à faire mon lit lorsque je lui demande si Mère est levée. Celle-ci me répond de façon désagréable comme il en ait de son habitude, que cela fait bien longtemps qu’elle est debout. Tant mieux, nous pourrons y aller plus tôt.
Je chausse mes souliers de maison, enfile un peignoir en satin pour cacher les parties que ma robe de nuit ne couvre pas. Je sors de la chambre et me dirige vers la salle à manger où Mère semble éperdue dans un livre pendant que la vapeur s’échappe de sa tasse de thé posée sur la grande table devant elle. Elle ne se rend compte de ma présence alors je racle ma gorge légèrement de façon à ce qu’elle la remarque. Mère lève la tête et prononce :
- « Oh Bonjour Raphaëlle, déjà debout ? Je m’attendais à ce que tu prennes plus de temps pour te préparer.
- Bonjour Mère. Je n’ai pas bien dormi. Si ce n’est pour dire point fermé l’œil de la nuit.
- Vraiment ? Serait-ce ta rencontre en catastrophe avec De Vendôme fils qui te préoccupe ?
- Vous en avez ouï-dire ?
- Je te rappelle ma chère que mon rôle à la cour n’est pas simplement de me pavaner comme le font toutes ses marquises et duchesses.
- Oui, pardonnez-moi Mère.
- Comment se fait-il que tu sois si conciliante aujourd’hui ?
- Eh bien, sachant que vous vouliez acheter de nouvelles tapisseries, je voulais vous proposer de vous accompagner et ainsi en profiter pour acheter des livres.
- Quels genres de livres souhaiterais-tu ?
- Des livres sur les constellations. Oh et Charles m’a parlé d’une œuvre de Shakespeare, La Comédie des erreurs. Elle n’était pas connue car son propre nom n’était pas inscrit en tant qu’auteur. Mais il me l’a fortement conseillée et vous connaissez mon frère, il a de très bons goûts en littérature. » J’ai parlé de Shakespeare pour faire passer plus facilement l’évocation d’un livre sur les sciences.
- « Ma fille, tu sais bien que l’Eglise recommande fortement de ne pas lire de telles sottises.
- Mais Mère, ce n’est qu’une recommandation. D’autant plus que je ne cherche pas à connaitre leurs origines, seulement leur nom » Ceci est bien évidemment faux, mais autant mettre Mère de mon côté pour éviter d’autres complications.
- « Soit, mais je t’autorise à n’en prendre qu’un. Sommes-nous d’accord ? » Je suis d’abord surprise qu’elle accepte si facilement et semble me croire, mais je me ressaisie vite et acquiesce.
*
Mère et moi nous trouvons dans la boutique de la personne qui occupe depuis peu le titre de tapissier valet de chambre du Roi. Je suis surprise par la beauté des lieux qui m’entourent. Les tapisseries sont plus complexes les unes que les autres. Les couleurs sont plus provocantes les unes que les autres. Toutes ses représentations donnent l’illusion de se battre pour atteindre la place sur le podium de la plus belle tapisserie.
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Raphaëlle
Fiksi SejarahLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...