Ce dernier le suit de peu me laissant seule dans la cabane de Papa
Je me dirige vers l'unique fenêtre de l'habitacle et y glisse entre deux portants de bois un bout de papier puis sors à mon tour laissant la pièce si chère à mon cœur dans les mains d'un futur incertain.
Je descends les escaliers le cœur lourd et découvre ledit Grangé m'y attendant à son extrémité.
Des boucles rousses encadrant un front à l'évidence trop large superposent à des yeux bruns trop proches l'un de l'autre. Un nez aquilin, des lèvres ne laissant échapper l'ombre d'un sourire et une stature imposante bien que point très élevée n'aident point à arranger son apparence quelque peu charmante.
- « Suivez-moi. » il prononce de sa voix surprenamment aigüe.
Je le talonne donc ne voulant point avoir à débattre avec un homme d'une telle ampleur et dont les alliés sont juste à côté.
Il m'accompagne près d'un feu à présent éteint où est assise une demi-douzaine d'hommes. Chacun muni d'un bol remplit de ce qui ressemble à une soupe doublée de bouts de je ne sais qu'elle viande et d'autres choses encore moins identifiables. L'odeur ne recommande en rien un met alléchant.
Grangé me fait signe de m'asseoir près d'un homme maigre à l'apparence douteuse. Ce que je fais. Notre proximité me permet de constater par ses habits trop petits qu'il a presque la peau sur les os, ses cheveux bruns et gras ainsi que ses pommettes saillantes enrichissent un visage à la structure osseuse apparente. Ses lèvres charnues rencontrent le bord de son bol juste avant qu'il ne crache son contenu à ses pieds.
- « Bon sang Matthieu ! Tu es obligé d'être aussi souillon ! » râle une voix visiblement agacée.
- « Qui a fait cette chierie ? » clame ledit Matthieu.
- « C'est moi. Un problème ? » un homme se lève le défiant du regard.
- « Oui, c'est de la mélasse ton truc ! » Matthieu lance son bol au sol et se lève à son tour.
- « C'est un plat de mon village, cabotin ! »
Grangé arrive, me tend un bol. Je le saisis sans tarder ne voulant pas attirer le mauvais sort sur moi. Le dernier arrivant se dirige vers le cuisinier du jour, s'interposant entre les deux trouble-fêtes.
- « Matthieu a raison c'est immonde ton truc. »
Le rouge monte au visage du cuisinier. Non de honte mais de colère.
Les autres, sagement en train de manger semblent être habitués aux disputes qui doivent sans doute avoir lieu à chaque repas.
- « Ah bah tu vois qu....
- Mais ce que tu fais Matthieu n'est point meilleur non plus. Alors tu es mal placé pour parler. La prochaine fois si tu n'es point satisfait tu ferras à manger. Point. Maintenant rasseyez-vous on a une dame parmi nous. » le coupe Grangé.
Les regards précédemment dirigés dans les bols le sont à présent vers moi.
Je fais mine de ne point l'avoir remarqué et trempe mes lèvres dans ce... délicieux fumage.
Non mais sincèrement, qu'a-t-il mit dedans ? On croirait un mélange d'avoine, de saucisse sèche – difficile à mâcher -, de courges, et de lait de chèvre ?
Ils n'ont en l'occurrence aucuns talents cuisiniers dans leur équipe contrairement à celle des hommes en noir.
Ne voulant attiser la colère dudit cuisiner je feins de ne point éprouver de dégout.
VOUS LISEZ
Raphaëlle
Historische RomaneLundi sept mai 1635, sous les rayons solaires du petit matin Raphaëlle Oiseau apprend l'inévitable et le tant redouté. Son mariage. Sa mère ayant entrepris des recherches pour un bon parti depuis la mort de son propre époux, est finalement parvenue...