39 - YOLO

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_Salut, je passais dans le coin. Ça fait longtemps...

Léo se gratta la naissance des cheveux.

_Bonsoir, tu... Non c'est nul.

Il leva les yeux tout en tournant sur lui-même. Depuis une vingtaine de minutes le peintre faisait les cent pas sur une petite place pavée.

Quelques lumières à travers les fenêtres des édifices florentins alentours éclairait les répliques désastreuses de Léo. Il essayait de trouver la phrase d'accroche adéquate.

La situation était loin d'être évidente. Il n'hésita presque pas pour faire le voyage jusqu'en Italie. Il ne faillit pas non plus lorsqu'il embarqua à bord de son train de correspondance à destination de Florence. Léo marcha même d'un pas déterminé quand il fallut s'orienter dans la vieille ville. Pourtant ses jambes se scièrent quand il arriva aux abords d'un ancien lavoir. Le bassin en pierres à présent transformé en fontaine annonçait la Piazza della lavandaia. Le B&B se trouvait là, au numéro 26.

Il ne pouvait se résoudre à toquer à la porte dissimulée sous le porche voûté. Il n'avait pas réservé, ni annoncé son arrivée. Léo se laissait le droit d'abandonner.

Car il pouvait repartir à tout moment sans que personne ne sache, sans la moindre égratignure. Car oui, il s'agissait de cela : souffrir à nouveau. Sybille pouvait très bien le repousser, une fois de plus.

Léo continuait les cent pas, les mains jointes sur la tête. Il se questionnait sur les réelles intentions de son voyage. Depuis sa rencontre avec Oscar à peine trois jours auparavant, les questions avaient en effet réinvestis son crâne.

Si il décidait de repartir, Léo ne souffrirait peut-être pas mais les questions taperaient encore, de plus en plus fort.

Sans plus réfléchir, il avança jusqu'à la petite porte rouge et frappa deux fois  la patte de lion en fer forgé. Il inspira bruyamment et verrouilla l'air quand la porte finit par s'ouvrir.

_Ciao, benvenuto, ha una prenotazione?

La dame qui l'accueillait lui offrit un grand sourire. Elle l'invita à entrer en tendant son bras vers un hall chaleureux.

Merde, il était une nullité en italien et de tout évidence, cette femme dont les grosses boucles noires bordaient le visage amical n'était pas Sy.

_No, escusa me, bafouilla Léo entre espagnol et anglais, I came to see una persona. Sybille Valmont ?

Mica commençait à sourire quand elle entendit le malheureux cafouillage dans un terrible accent français. Mais l'arc de ses lèvres s'arrêta lorsqu'il prononca le nom de sa protégée.

Louis Lutz avait-il recouvré sa trace et avait-il envoyé depuis la prison un de ses sbires la débusquer ?

La femme cramponna la poignée de la porte, prête à la claquer. Elle prit tout de même un temps pour observer l'homme trois marches plus bas.

_Vous êtes français ?

_Oui, dit-il, soulagé qu'elle parle sa langue, je m'appelle Léo et c'est son cousin, Oscar, qui m'a laissé comprendre que peut-être je la trouverais ici.

Léo sortit de sa poche le vieux ticket sur lequel Oscar avait inscrit l'adresse. Mica reconnut l'écriture.

_Désolée, elle n'est pas là, répondit-elle rapidement.

C'était expéditif. Léo reçu la réponse de cette femme comme un automatisme. Il avait dit son nom, Sy l'avait probablement placé sur la liste rouge du B&B. Ou bien une raison encore plus logique, Sybille Valmont n'avait jamais mit les pieds ici et les paroles d'Oscar étaient à prendre au premier degré. Tout simplement.

L'art de la Nudité - tome III {Terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant