L'art de la Nudité - tome III {Terminé}

4 - Uber Eats

Comment était-ce possible d'avoir des devoirs dès le premier jour des cours ? Sa prof d'anglais leur avait dit que c'était simplement pour évaluer leur niveau après deux mois de vacances mais Margot n'y croyait pas en voyant la quantité de texte à traduire pour le lendemain matin.

La petite blonde ouvrait et fermait son dictionnaire toutes les deux minutes pour vérifier son orthographe. Assise près du rebord d'une fenêtre qui lui servait de bureau, la lycéenne était tentée de lancer un traducteur Internet et enfin profiter de sa soirée.

Margot eu à peine le temps d'ouvrir son moteur de recherche qu'elle fut surprise par l'entrée brutale d'Élodie dans sa chambre. La jeune blonde cacha rapidement son téléphone sous un livre et se retourna vers la copine de son père :

_Tu pourrais frapper ! Tu connais les notions de vie privée et d'intimité ?

_Euh, je suis chez moi. Je vois pas pourquoi je frapperais.

Margot criait intérieurement, cette fille était irrespectueuse et mal-polie. La lycéene était à deux doigts de l'insulter lorsqu'elle se rappela les bonnes manières que sa mère lui avait enseigné.

_Non, répliqua Margot, tu es chez mon père. Et je suis chez moi tout autant que toi si ce n'est plus si on compare notre légitimité dans la famille.

Élodie poussa un rire et avança dans la chambre. Elle s'accolla au mur et croisa les bras d'un air amusé.

_Ravie de l'entendre. Dans ce cas tu es plus légitime que moi pour faire à manger. C'est ton tour, tu as oublié.

Margot la regardait sans plus rien dire. En effet elle avait oublié. En revanche elle s'étonnait que ce soit Élodie qui lui rappelle étant donné que cette fille se nourrissait presque exclusivement de graines et machins anti-gras.

_Non j'ai pas oublié, mentit-elle, mais j'ai des devoirs là.

Margot désigna ses manuels étalés sur son pseudo bureau mais cela n'empêcha pas Élodie de lever les yeux au ciel :

_Tu vas me faire croire que tu as des devoirs dès le premier jour de cours ?

_La preuve est là, non ?

_Bon écoute, premièrement je n'étais pas super pour le fait que tu emménage ici mais puisque tu es la fille de Thierry et que son ex déménageait dans le sud pour suivre son mec, j'ai finis par comprendre que ta mère en avait marre de s'occuper d'adolescents.

_Quoi ? Mais pas du tout...

_Et quand ton père ma jurer que tu étais une fille serviable et gentille j'ai accepté de t'héberger pour quelques temps. Mais quand je vois que tu mens et que tu ne mets aucune volonté pour que ça marche je me dis que tu es simplement une gamine pourrie gâtée qui profite de notre générosité.

_Attends, répète.

Son discours n'avait aucun sens. Élodie pensait faire un sacrifice colossale en hébergeant Margot mais elle n'avait aucune idée de ce que la jeune fille avait dû laisser derrière elle pour venir vivre sous son toit.

Margot fit grincer sa chaise et se leva brusquement vers Élodie. Cette pimbeche allait voir ce qu'était capable une fille gentille et serviable. La lycéenne s'apprêtait à attaquer lorsqu'elle vit son père avancer dans le couloir.

_Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?

Les deux jeunes femmes se toisaient mais très vite Élodie changea de comportement et sourit à Thierry.

_Margot refuse d'aller faire à manger alors que c'est son tour.

_On ne parlait pas du tout de ça, là.

Sans rien dire Margot suppliait son père de la soutenir, de la questionner pour lui donner l'occasion de montrer à quel point Élodie pouvait être hypocrite. L'homme en costume gris regarda brièvement sa petite-amie puis s'attarda sur sa fille.

_Tu n'es pas obligée de faire à manger, sourit-il, je vous invite au restaurant.

Margot observa le sourire satisfait d'Élodie.

_J'ai pas mal de devoirs.

_Déjà ? s'étonna son père.

_Moi non plus j'y crois pas.

La lycéenne foudroya du regard sa pimbeche de belle-mère.

_Bien, désamorça Thierry, alors commandons. Qu'est-ce qui te ferai plaisir ?

_Un kebab, sourit-elle à son père, avec plein de sauce blanche.

_Et des oignons frits ? enchérit-il.

_Des tas !

Père et fille retrouvaient leur complicité d'autrefois. Malheureusement, c'était sans compter sur l'intervention d'Élodie :

_Vous voulez que je vous dise combien de glucides il y a dans une bouchée de ces sandwichs infâmes ?

Thierry rétrécit son sourire en voyant le visage dégoûté de sa compagne.

_Ou des sushis, proposa-t-il.

_Oui très bien, sourit Elo.

Margot regarda son père retourner au salon pour chercher le menu. Élodie lui lança un dernier regard triomphal avant de quitter sa chambre. L'adolescente vida brusquement ses poumons d'air et eu du mal à reprendre son souffle.

Elle essayait de toutes ses forces, mais malgré tous ses efforts elle la détestait.