21 - Home sweet home

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L'adolescente écoutait son cousin la réconforter sans que ses mots lui procurent un quelconque bienfait. Installés sur le lit d'enfant, les deux cousins avaient une conversation qui n'aboutissait à rien. Vu de l'extérieur, sa déception de ne pas voir Mattéo pour leur anniversaire était probablement superficielle. Giovanni servait sur un plateau tout un tas de phrases bateaux comme le fait qu'un anniversaire n'était qu'une date et que les jumeaux auront de multiples occasions pour se revoir. Évidemment il avait raison mais Margot boudait à cause de la situation globale.

Son père l'avait rejeté. Les cours au lycée n'étaient pas si intéressants. Elle ne traînait quasiment plus avec Tim et les autres jeunes qu'elle côtoyait s'apparentaient plus à des connaissances plutôt qu'à de véritables amis. Finalement sa seule relation qui pouvait ressembler à de l'amitié allait s'achever ce soir, quand Léo retournerait chez lui. Toutes ces choses se bousculaient dans la tête de Margot. C'était impossible de formuler son trop-plein de ressentiments à haute voix devant Gio. Elle serait passée pour une gamine en pleine crise d'hormone.

Mais elle n'était plus une gamine. Margot allait avoir dix-neuf ans. Elle rentrait dans le monde des adultes désespérément seule. Sa vie était nulle. Alors qu'elle affirma à Gio que sa morosité n'était que passagère, Margot se demandait à quelle période elle souhaiterait revenir. Quand avait-elle été heureuse pour la dernière fois ?

Gio sortit de la chambre. Il se sentait impuissant. Sa cousine avait perdu son oeil pétillant. Le barman retrouva Léo dans le couloir.

_Elle va bien ? chuchota-t-il.

_Je ne sais pas trop, soupira Gio en se frottant la nuque, son frère ne revient pas pour leur anniversaire. Du coup elle n'est pas au max de sa forme.

Le prof d'art analysa l'embarras de son ami.

_Tu crois que je peux lui parler ?

Gio s'interrogea. Ils n'avaient jamais vraiment parler tous les deux pendant le séjour de Léo à l'appartement. Surtout parce qu'il avait interdit à sa cousine de s'approcher de lui. Maintenant que Léo était sobre, il se demanda si cette interdiction était encore nécessaire. Puis il se souvint que son métier de professeur devait sûrement le former en pédagogie. Il posa une main amicale sur son épaule.

_Avec plaisir. Si tu arrives à la faire sourire...

Gio retourna dans la cuisine.

Léo découvrit Margot qui essuyait grossièrement des larmes sur ses joues. Une dernière goutte salée se réfugia dans la comissure de ses lèvres quand elle vit monsieur Tourvel tâtonner vers elle.

_Je vais bien, se forca-t-elle à sourire.

Léo désapprouvait. Il n'était pas contre le fait qu'elle aille mal, mais qu'elle essaye de faire bonne figure. Il s'assit sur le matelas trop mou à son goût et remarqua les traces verticales encore visibles sur le visage de la jeune Solez.

_Tu n'as pas à faire semblant.

_Peut-être, mais c'est plus simple.

_Pour qui ? Solez crois moi, faire comme si rien ne t'atteignait est une idée à la con. J'ai essayé, ça ne marche pas.

_C'est bon, souffla la petite blonde, je ne vais pas non plus faire une dépression.

Léo haussa les sourcils avant d'accuser le coup. Il hocha le menton puis s'éloigna.

_Non pardon. Je voulais pas dire ça. Désolée.

Les sanglots faisaient trembler sa voix. Margot cacha son visage rouge de honte.

L'art de la Nudité - tome III {Terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant