Lost In The Fire - Pt.1

50.

[HERO]

C'est vrai ce qu'on dit : la frontière entre l'amour et la haine est très mince. C'est quelque chose qui me semblait complètement idiot, que je ne pouvais pas concevoir. Comment pouvait-t-on aimer soudainement une personne qu'on détestait ? Comment peut-on confondre deux sentiments totalement opposés ?

Cependant, j'ai eu la malchance d'expérimenter l'inverse. Il est possible de détester quelqu'un qu'on a aimé passionnément, et cette haine est la seule chose à laquelle je peux me rattacher et qui me permet de ne pas couler à chaque seconde...

*

- Euh... t'es peut-être pas obligé de partir tout de suite... je pourrais te faire visiter l'appartement ?

Je suis surpris par l'invitation de June et surtout par l'étincelle que je perçois dans son regard. On vient de passer la journée ensemble et elle veut prolonger ce moment. J'aimerais rester dans cette voiture pour toujours... juste comme ça, toi et moi. Moi non plus, je n'ai aucune envie de briser « notre » bulle, comme elle l'a appelée. Si j'avais pu, je l'aurais embarquée avec moi loin d'ici, loin de tous les soucis, les problèmes et les potentiels bâtons pouvant se mettre dans nos roues. Est-ce que je suis en train de me faire des idées sur ses intentions ? Aurait-elle changé d'avis par rapport à notre « arrangement » ? Même si elle semble un peu embarrassée de me demander une telle chose, je suis heureux qu'elle l'ait fait.

Elle n'a pas envie que je parte. Elle ne veut pas être séparée de moi.

Je ne peux réprimer un sourire rien qu'à cette simple pensée et accepte volontiers de la suivre vers la porte de son nouveau logement. June ouvre la porte et nous découvrons un chantier fait de cartons à moitié déballés et posés un peu partout, et de meubles disposés avec négligence dans la pièce. L'installation n'est certes pas terminée, mais il est difficile de se frayer un chemin entre les différents obstacles.

- Je suis vraiment désolée, me dit-elle en riant. Je ne pensais pas que ce serait un tel parcours du combattant !

- T'inquiète. Si tu voyais l'appartement d'Hamza... c'est aussi bordélique, mais tout le temps, même quand il range ! je plaisante sur le même ton léger.

Nous éclatons de rire et parvenons à traverser le champ de bataille sans trébucher. Cependant, notre bonne humeur s'évanouit lorsque nous découvrons Angie, seule, debout au milieu du salon, en train de nous fixer avec des yeux larmoyants.

Adieu, notre bulle...

- Angie... murmure June en posant son sac sur le sol.

Celle-ci ne tarde pas à se ruer vers sa meilleure amie avant de s'effondrer dans ses bras. Je peux lire l'inquiétude sur le visage de la brunette. Je suis moi-même un peu soucieux de la voir dans cet état.

- J'ai tout foiré, June, bredouille Angie en serrant un peu plus son amie. J'ai vraiment merdé, cette fois !

Du peu que je connais Angie, elle n'est pas du genre à montrer sa vulnérabilité, ni même ses émotions. Tout comme moi. Dévoiler nos faiblesses n'est pas dans nos habitudes. Je me demande bien pourquoi elle se reproche toutes ses choses.

- De quoi tu parles ? lui demande June sur un ton compatissant, en mettant fin à leur étreinte.

Les joues d'Angie sont zébrées de larmes noires, son maquillage ayant coulé sur son visage. Ses yeux rougis sont gonflés et ses cheveux sont un peu ébouriffés. Elle fait vraiment peine à voir.

- Jade... sanglote la jeune femme aux cheveux prune, elle... elle s'est barrée... on s'est disputées... encore. Mais... cette fois-ci... je suis allée trop loin et... elle ne veut... elle ne veut pas revenir...