Lost In The Fire - Pt.1

33.

L'amour peut nous pousser à faire des choses dont on ne pensait pas être capable. Depuis qu'Hero est entré dans ma vie, j'ai enchainé mauvaise décision sur mauvaise décision. Tous les signaux étaient là, les mises en garde se multipliaient et pourtant... je m'évertuais à poursuivre ce chemin chaotique qui allait me mener à ma perte. J'avais conscience que je fonçais droit dans le mur mais, au lieu de freiner ou même d'essayer de dévier de ma trajectoire funeste, j'appuyais continuellement sur l'accélérateur. Cependant, à mes yeux, et malgré tout ce qu'il m'avait fait subir, le prix à payer ne me paraissait pas aussi élevé que la peine que j'aurais pu ressentir si je perdais Hero.

*

Toujours sur le pas de la chambre, je n'arrive pas à en croire mes yeux. Mon regard abasourdi passe de la jeune femme dans le lit, qui attrape son portable sur la table de chevet et dont l'écran, s'illuminant, éclaire son visage métisse — elle ne semble pas s'offusquer de ma présence, ni même d'avoir été interrompue dans leurs... affaires — à Hero, qui se contente de me dévisager en silence.

Une remontée de bile trace son chemin dans ma trachée, tant ce tableau me révulse. Ma bouche s'ouvre, mais aucun son n'en sort. Tout comme ma capacité à parler, mes pieds sont paralysés, cloués au sol. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque de leur hurler le fond de ma pensée ou même d'attraper cette pouffiasse par sa crinière crépue et la trainer par terre pour la virer de cette putain de chambre. Tout mon intérieur bouillonne alors qu'à l'extérieur, rien ne transparait. Quant à mon coeur, il cogne tellement contre ma poitrine qu'il me fait souffrir. Sans oublier mes entrailles, qui se tordent de douleur. Hero avait raison : mon corps réagit à tout ce qu'il fait. En bien... comme en mal. Comment peut-il se retrouver avec elle, alors qu'il y a à peine quelques heures, c'était avec moi qu'il partageait son lit ? Visiblement, il n'a pas vécu la même chose que moi, cette nuit.

Je suis déçue, à un point qui dépasse l'entendement. Pourquoi ? Cela ne devrait pas m'affecter autant de le voir en compagnie d'une autre. Et pourtant... L'imaginer avec elle, la toucher comme il a pu me toucher, lui donner du plaisir de la même manière qu'il m'en a procuré, savoir qu'il lui a fait les mêmes choses qu'il m'a faite à moi... Tout ça me donne envie de prendre mes jambes à mon cou et de me barrer d'ici en quatrième vitesse.

Cette histoire de plan cul était une mauvaise idée, dès le départ. J'aurais dû m'en tenir à ce que je sais faire : être célibataire ou être en couple. Cet... « entre-deux » n'est vraiment pas fait pour moi !

S'appuyant avec son avant-bras contre l'encadrement de la porte, ses yeux verts parcourent rapidement mon corps de la tête aux pieds avant de les plonger dans les miens, un rictus satisfait étirant ses lèvres.

- T'es canon, lâche-t-il, d'une voix rauque mais trainante.

Il a bu, au point d'être pompette. Rien d'étonnant à cela, une fête bat son plein au rez-de-chaussée, où l'alcool coule à flots. Malgré son état — et la véracité supposée de ses propos — son petit compliment me remet un peu de baume au coeur. Pourtant, je ne devrais pas me laisser embobiner par ses mots enjôleurs, mais c'est plus fort que moi. Je devrais plutôt lui gueuler dessus et lui demander ce que cette pimbêche fait dans son lit, car autant sa flatterie m'a fait de bien... autant le voir torse nu avec une autre fille me fait du mal. Et cela me fait très peur.

L'intensité de ses iris émeraudes, mêlé à sa voix éraillée me feraient presque oublier ma contrariété. J'ai conscience, à ce moment-là, qu'un seul regard, qu'un seul mot ou qu'un seul sourire de sa part me fait complètement fondre, incapable de lui résister. Je n'ai plus aucune volonté dès qu'il s'agit de lui.

Ce qui est clairement un mauvais signe... un TRÈS mauvais signe !

Alors qu'il se penche vers moi, la lumière du couloir dévoile un peu plus son visage et je remarque une marque violacée de taille conséquente au niveau de sa mâchoire. Je fronce les sourcils en l'examinant. J'approche ma main de son visage et, lorsque je m'apprête à le toucher, Hero recule la tête précipitamment, détournant le regard, la mine grave.