29 BIS.

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[ANGIE]

- Bonne baise, ma grande !

J'entends la voix de Dany — non, on en est revenu à DA-NIEL — résonner dans le couloir tandis que June, dont les joues ont dû virer rouge pivoine, ne doit plus savoir où se mettre. J'avoue que cette petite scénette dans ma tête m'arrache un léger gloussement. Je sais que le bad boy caractériel a un don pour mettre les gens mal à l'aise. Et il s'en délecte, le salaud... même si c'est un tantinet drôle !

La porte de l'appartement claque quelques secondes plus tard, ce qui signifie que je suis, à présent, seule avec cette grande gueule de Sharman. Je suis tellement, mais tellement contente pour June. Elle a enfin réussi à accepter ses désirs — et, plus important, à vouloir les assouvir — et j'en suis plus qu'heureuse. Ma meilleure amie mérite tout le bonheur du monde et, si elle le trouve occasionnellement dans les bras de ce beau gosse d'Hero, grand bien lui fasse !

La majorité des gens pense que l'amour et le bonheur vont de paire. Pour avoir testé le premier, je peux attester que ce n'est pas le cas... loin de là ! J'ai été amoureuse, vraiment amoureuse d'un garçon. On parle de l'amour avec un grand A, ici. Le premier amour, celui qu'on n'oublie vraiment jamais... Pour lui, j'étais prête à décrocher la lune et toutes les étoiles qui allaient avec. Je l'aimais tellement que j'aurais pu explorer toutes les autres galaxies possibles et inimaginables pour lui ramener tous les trésors que j'y aurais déniché. J'ai vécu une histoire d'amour épique, violente et destructrice, digne d'un bon film dramatique à Oscars, où j'aurais tenu le premier rôle féminin, celui de la jeune fille innocente qui se laisse corrompre par les beaux yeux et les belles paroles d'un garçon. Quant au héros de mon histoire, il s'est révélé en être le méchant. Celui dont on découvre la vraie nature que trop tard et aucun retour en arrière n'est possible.

Les bons moments ressemblaient au septième ciel et les mauvais aux neuf cercles de « l'Enfer » de Dante. Mais je l'aimais. Et il m'aimait. C'était tout ce qui comptait, à l'époque. Avec notre amour, nous pouvions faire face à n'importe quelle situation, n'importe quel coup dur. J'étais là pour lui, et lui était là pour moi. Ensemble, nous étions invincibles.

Quelle désillusion ! Je ne me suis jamais autant fourré le doigt dans l'œil.

Enfin, bref. Tout ça pour dire qu'on n'accède pas au bonheur à travers l'amour. En bonne célibataire endurcie que je suis, je peux dire que je suis plutôt satisfaite de mon train de vie. Je n'ai de comptes à rendre à personne, mes décisions n'engagent que moi et, comme je mène ma petite existence comme je l'entends, je n'ai aucune raison de me retrouver dans le pétrin.

Que demander de plus ?

Et puis, je n'ai pas besoin d'un homme pour être heureuse. Mes deux amies remplissent ce rôle à merveille, et cela me suffit amplement. Les mecs de passage, c'est juste un bonus !

En ce qui concerne Daniel, même si June est persuadée qu'il n'est pas si mauvais que ça, je connais ce genre de personnes, celles qui se tiennent au bord d'un précipice, prêtes à basculer à n'importe quel moment, laissant les ténèbres consumer le peu de bon qui pesait dans la balance. Il a cette noirceur en lui, je l'ai entraperçue au poste de police. C'est quelque chose qui m'attirait autrefois. Le mystère qu'il dégage, le danger qu'il représente... c'est vraiment grisant pour une jeune femme innocente à la petite vie rangée. Le bad boy révolutionne nos petites existences, retourne nos mondes à l'envers, nous fait découvrir un tout autre univers qu'on n'aurait jamais suspecté. Et, en général, ce type d'histoire finit en happy end. Enfin... c'est ce qu'on nous fait croire dans les romans et les films. Le garçon montre des remords par rapport à ses mauvaises actions et prouve à la personne qu'il aime qu'il est capable de changer. Et, souvent, il réussit, pour le plus grand bonheur de l'héroïne et de ceux qui suivent l'intrigue.

Lost In The Fire - Pt.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant