La fameuse expression dit : "au mauvais endroit, au mauvais moment". En ce qui concerne Hero, il est arrivé dans ma vie au bon moment. J'avais besoin de distraction, et c'est exactement ce qu'il m'a offert. Pas que sexuellement. J'appréciais passer du temps à ses côtés, côtoyer ses amis, son univers. Ça changeait radicalement de mon milieu. Je pouvais être une autre version de moi-même, avec lui. J'aimais penser que j'étais la "vraie moi" avec lui, celle qui parlait sans réfléchir, qui n'avait peur de rien. Mais l'autre "moi", celle avec qui j'ai cohabité la plupart de ma vie, me mettait en garde contre tout ça...
J'aurais peut-être dû l'écouter...
*
Je suis vraiment trop conne ! Je suis vraiment trop conne !
Je pousse des grognements de frustration, mêlés à mes chaudes larmes qui n'ont cessé de couler depuis mon départ en trombe du Ned Hotel. Je suis complètement détruite et en même temps, j'éprouve un sentiment de honte. J'ai officiellement rejoint le club très peu envié des "cocus". Comment ai-je pu consacrer autant d'années de ma vie à ce salaud ?
Les bras croisés sur ma poitrine, j'avance tête baissée dans la rue, en direction du métro. Je ne veux en aucun cas affronter le regard des gens devant ce pitoyable spectacle. Je n'arrive pas à réaliser la scène qui vient de se dérouler. Comment a-t-il pu avoir l'audace et la stupidité d'espérer que je l'épouserais après la bombe qu'il venait de me lâcher ? Des images en boucle de Matt avec cette autre fille défilent sans arrêt dans ma tête. A-t-il réussi à la faire jouir, elle ? M'a-t-il déjà trompé avant ? J'aime à croire que non, parce que sinon, je suis encore plus idiote que je ne le pensais.
Les mains dans les poches, je descends rapidement les marches menant à la station et, par chance, le train souterrain s'arrête devant moi. Peu de monde y grimpe et je trouve facilement une place assise près de la fenêtre. En tournant la tête vers l'autre rame, une dame d'un certain âge me dévisage, de la peine se lisant sur son visage. Je fais autant pitié que ça ?
Un léger mouvement de recul m'indique que le tube s'est remis en marche. Atteignant une zone sombre, le contraste avec la lumière de mon wagon fait apparaitre mon reflet dans la vitre et, ce que j'y vois me fait froid dans le dos. Mes yeux sont gonflés et rougis, mon nez coule abondamment et je n'ai même pas un seul mouchoir sur moi. Et, pour couronner le tout, j'ai perdu le béret de mon uniforme. Vraiment géniale, comme journée !
En sortant à Tower Hill, je réalise que je dois retourner au travail. Mais, dans cet état... j'ignore si je serais capable d'être aussi productive que d'habitude. Et je vais devoir de nouveau me coltiner Daniel...
Daniel...
Je n'ai vraiment pas la force physique ni mentale de supporter ses simagrées. Je ne me battrai pas contre lui. S'il veut casser tout le magasin, je le laisserais faire et, si le cœur lui en dit, il peut m'achever sur sa lancée.
Je m'engouffre dans la boutique déserte, prenant soin d'essuyer mes larmes apparentes. Je suis soulagée qu'aucun client ne soit là. Je ne veux absolument pas attirer l'attention sur moi. J'arrive dans la salle de pause et trouve Daniel, cigarette aux lèvres, en train de boire un café, détendu. En recrachant la fumée, il lance un coup de tête en direction de l'horloge, m'indiquant que j'ai dix minutes de retard. Pour toute réponse, je lève les yeux au ciel et le dépasse pour poser mes affaires dans mon casier. En l'ouvrant, je réussis à constituer une longue barrière de métal entre lui et moi. Je renifle, à la recherche d'un foutu paquet de mouchoirs qui, décidément, refuse de se montrer.
Je prends une profonde inspiration avant d'affronter mon binôme. Je ne suis prête à lui faire face, à encaisser ses mesquineries. Je décide de refermer la porte du casier et, lorsque je me retourne vers lui, Daniel me dévisage, les sourcils froncés.
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Lost In The Fire - Pt.1
FanfictionUne vie banale. Bouleversée. Moi. Une jeune femme ordinaire. Chamboulée. Lui. Une rencontre épique. Qui changera les choses à tout jamais... Je n'avais aucune idée de l'aventure dans laquelle je m'embarquais. A la fois excitante et dangereuse. Mais...