Lost In The Fire - Pt.1

38.

Je perdais la tête, littéralement. June me la faisait tourner, surtout. Pour commencer, j'avais remis tous mes principes de vie en question pour elle et, sans ça, je ne savais plus qui j'étais. J'ai peu à peu laissé tomber les automatismes que j'avais adopté, quitte à devenir une personne complètement différente de celle que j'étais. Mais je m'en foutais. Tous ces sacrifices n'avaient qu'un seul but : la rendre heureuse. Ou du moins, c'est ce que j'espérais. Ca a fonctionné, pendant un temps... avant que je déconne, comme d'habitude.

*

Hero se dirige vers le côté non défait du lit et, pendant que je referme la porte le plus discrètement possible, je ne peux m'empêcher de poser mes yeux sur le boxer noir qui moule ses fesses à la perfection. La manière dont le tissu épouse son postérieur bombé est un vrai délice pour mes mirettes.

Suis-je vraiment en train d'analyser au millimètre carré le cul d'Hero et de m'extasier dessus ?

Je secoue la tête pour retrouver mes esprits au moment où le mannequin se tourne vers moi. Je réalise alors que je n'ai toujours pas bougé de la porte, tenant encore fermement la poignée ronde dans ma main. Tandis qu'il s'apprête à parler, ses yeux se baissent précipitamment vers la partie inférieure de mon corps, avant de s'écarquiller de stupéfaction... et d'effroi.

- Non mais je rêve ! Tu ne t'es pas encore débarrassée de cette chose immonde ?! s'exclame-t-il d'une voix un peu trop forte à mon goût, en pointant l'objet du délit de son index accusateur.

Argh ! Il n'était pas censé me voir dans ce maudit short !

Je m'éloigne de la porte, pieds nus sur le vieux plancher, en lui faisant signe de baisser le volume avec mes mains. Malheureusement pour moi, Hero ne semble pas tenir compte de ma requête et continue de déblatérer — à une amplitude toujours trop élevée — des insultes sur un ton moqueur envers ce morceau de tissu au style répréhensible mais ô combien confortable, lâchant des petits rires de temps à autres.

- C'est le pire vêtement que j'ai vu de toute ma vie et, crois-moi, en travaillant dans la mode, j'en ai vu passer, des monstruosités ! ajoute-t-il en riant. Il me semble que je t'avais demandé de brûler cette horreur, non !?

Décidément, il a décidé de faire péter les décibels, cette nuit. Constatant qu'il ne compte pas baisser le son, je n'ai pas d'autre choix que de le faire taire. Sans élan, je monte sur le lit, installé au milieu de la pièce et marche sur le matelas gondolant — avec une classe relative — jusqu'à atteindre Hero, posant mes deux mains sur sa bouche, en le fusillant du regard.

- Je te jure que si tu réveilles ma grand-mère, c'est toi que je vais brûler ! je marmonne entre mes dents serrées, en finissant ma promesse mortelle sur un sourire flippant. Compris ?

Hero hoche doucement la tête, ses yeux arrondis face à ma menace. Malgré tout, il se reprend rapidement et je sens ses lèvres s'étirer sous mes paumes. L'émeraude de ses iris s'assombrit, plongés dans les miens. Je connais ce regard, et je connais ce rictus.

- Ou alors... moi, je peux te faire brûler... de désir, souffle-t-il, sans décoller ses rétines des miennes.

Je déglutis devant cet air carnassier qu'il arbore, et ses paroles, qui ont l'effet d'une bombe dans mon bas-ventre. Je dois m'éloigner de lui avant que... que quoi ? Il ne se passera rien entre nous, je pense avoir été assez claire avec lui tout à l'heure, sur la plage. Et il a assuré vouloir me laisser le temps de peser le pour et le contre. Je suis en train de réfléchir à sa proposition, et certainement pas en train de l'accepter.

Et pourtant... je n'ai jamais été autant déstabilisée de toute ma vie !

- Hero, s'il te plait... je commence, en lui lançant un regard en biais, pour lui faire comprendre qu'il ne serait pas judicieux qu'il tente quelque chose. Ce n'est pas une bonne idée, et tu le sais...