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Je me rappelle vivement les nuits endiablées que nous avons passées ensemble. Rien n'était plus enivrant que ses mains caressant mon corps, que sa bouche posée sur ma peau, dessinant un chapelet de baisers, que sa langue parcourant les endroits les plus réceptifs de mon être, me propulsant dans un monde de sensations extrêmes et de plaisir infini. Je savais que je prenais la mauvaise décision dès que mes lèvres se retrouvaient sur les siennes mais, ce pouvoir qu'il exerçait sur moi était tout simplement grisant...


J'ouvre les yeux avec beaucoup de difficulté. Les chiffres digitaux du réveil, posé sur la table de chevet, indiquent qu'il est plus de deux heures de l'après-midi. Ma tête enfoncée dans l'oreiller blanc, je grimace tellement mon mal de crâne est intense. Le soleil tape directement dans mes rétines et, en me retournant vivement pour ne plus être aveuglé par ce rayon lumineux, je heurte le corps endormi d'Angie. Elle grogne avant de se retourner dans l'autre sens,dos à moi.

Je n'ai aucune envie de me lever. Mon cerveau m'intime même de rester dans cette position allongée pour le restant de mes jours. Étrangement, je serais susceptible de l'écouter.

Soudain, une odeur délicieuse de café parvient à mes narines. Ah, un café ! Je vois déjà la tasse fumante, remplie par ce liquide noir qui ne demande qu'à désembuer mon esprit. Avec deux comprimés d'aspirine... même trois, étant donné mon état... Quelle bonne idée !

Je m'en lèche les babines d'avance et remarque à quel point ma bouche est pâteuse. Mon haleine ne doit pas être des plus fraiches, non plus. J'ignore le nombre de mojitos qui a emprunté la descente vertigineuse de mon œsophage, mais je prie le ciel qu'ils ne veuillent pas la remonter.

Je me lève, avec prudence, vérifiant l'état de ma "vieille" carcasse. Ce n'est plus trop de mon âge de prendre des cuites pareilles. Mais, hier soir, ou plutôt cette nuit, j'avais besoin de me lâcher, de m'évader et les bribes qui me reviennent en tête m'assurent que la mission a été remplie. Je reste quelques secondes assise, en train de regarder la chambre de ma meilleure amie. C'est une pièce suffisamment grande pour accueillir un lit deux places, un immense dressing et une coiffeuse, où repose la plupart de ses produits de beauté. Les murs, roses pales, sont recouverts de notes diverses, toutes rédigées de la main d'Angie. Certainement des idées d'histoires qui fusent en plein milieu de la nuit... Il y a aussi beaucoup de photos de nous éparpillées dans les endroits libres du pan. Cette pièce renferme pas mal de souvenirs. Il fut un temps où ce lit était aussi le mien, avant que je n'emménage avec Matt.

Je me dirige à la salle de bain attenante pour me rafraichir le visage. En regardant mon reflet dans le miroir, je me fais peur : mes cheveux bruns sont tout ébouriffés, ma peau est encore plus pâle que d'habitude, des cernes impressionnantes soulignent avec persistance mes yeux marrons encore endormis. J'essaie de remettre un peu d'ordre dans ma tignasse trop longue à mon goût. Un tour chez le coiffeur devient impératif.

Je parcours non sans mal les quelques mètres qui me séparent de la cuisine. Heureusement que je peux me tenir aux murs... ou ce sont peut-être eux qui me tiennent...

C'est trop tôt pour avoir ce genre de pensées philosophiques.

Sur le pas de la porte, j'aperçois Jade en train de sortir le nécessaire à un bon petit-déjeuner. Vêtue d'un débardeur blanc et d'un short gris, elle finit par disposer deux bols, probablement réservées à ma compagne de boisson de cette nuit et moi-même.

Je me frotte le visage pour essayer d'émerger de mon état proche de la catatonie. Ma jeune amie relève la tête vers moi et, malgré ma vue brouillée, je peux déceler un sourire nargueur sur son visage rond. Je m'approche, tant bien que mal, selon la volonté aléatoire de mes pieds, pour venir m'asseoir sur le tabouret en bois. Je m'accoude sur le comptoir et pousse un long soupir, en tenant ma tête.

Lost In The Fire - Pt.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant