7 Tessa

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On est tous devant les lieutenants, prêts à commencer notre journée. Cette nuit j'ai rêvé du lieutenant Delorme, je ne sais pas ce que j'ai mais je suis en train de dérailler. Quand je l'ai aperçu ce matin, mon cœur à commencer à s'emballer et mon ventre à s'enflammer. Ce mec est un danger, il ne faut pas que je sois avec lui.

— Quand je vous appellerai vous viendrez à côté de moi : Peltier, Labbe, Combe, Jouve, Prieur, Brisset, Tissier, Vernet, nous dit le lieutenant Delorme.

Merde, je suis dans son groupe ! Je m'avance pour rejoindre mes camarades. Je suis avec Enzo, Théo, Louis, Jules, Lilou, Alex, Éric.

Les autres partent avec Tellier et Delorme se tourne vers nous. Dans sa tenue de militaire, il nous fixe d'une manière très froide. Est ce qu'il sait sourire ?

— On va commencer par le sport comme tous les matins, c'est une matière très importante. Vous allez débuter par les pompes, les abdos et ensuite on ira faire de la course. Tous les jours vous devez vous améliorer, que se soit quelques pompes en plus ou quelques mètres en plus, vos résultats doivent être de mieux en mieux. Allez-y, trente pompes minimum et soixante-dix abdos.

On se place et on commence, j'effectue mes trente pompes doucement pour ne pas m'épuiser trop vite et ensuite je passe aux abdominaux. Quand j'arrive au cinquantième mon regard est attiré sur ma gauche, je vois le lieutenant en train de faire des tractions. Tout son corps est contracté, ses muscles gonflés ressortent, son tee-shirt est tellement serré que j'aperçois la ligne de ses muscles, il enchaîne sans broncher, sans le moindre effort. Il fait ses tractions comme s'il était assis. Putain, je n'arrive pas à y croire ! Il a les jambes à l'horizontale, le dos droit, les bras pliés et il fait des tractions d'avant en arrière, il ramène son torse sur la barre en pliant les bras et s'éloigne en les dépliant. Ses abdos doivent être contractés à mort pour qu'il garde le dos aussi droit et les jambes aussi horizontales. Comment il fait ça ? Je n'aimerais pas me retrouver face à lui pendant un combat. Je n'ai jamais vu ça ! Je me demande si Fred sait le faire, c'est impressionnant. Je dois le regarder depuis trop longtemps car il tourne la tête vers moi. Merde ! Devant ma contemplation je me suis arrêtée, j'ai carrément la bouche ouverte. Je détourne vite la tête et reprends mes exercices en fermant la bouche.

Sur la piste de course le lieutenant nous donne le départ. Je suis contente d'être sportive sinon le rythme aurait été trop dur, surtout que dans ce métier il faut toujours être au top. C'est pour cela que je n'ai pas eu peur de me lancer là-dedans, je pense pouvoir m'en sortir et puis je peux encore abandonner à tout moment si j'arrive à retrouver mon père. Même si je n'aurais jamais pensé me retrouver là un jour, ça peut être intéressant. Je me suis un peu renseignée et je sais qu'on va apprendre à tirer, faire de longues marches en forêt, même la nuit, alors je suis impatiente d'essayer. J'accélère mon rythme car le lieutenant veut qu'on s'améliore de jour en jour. Niveau endurance je me sens pas mal, je peux courir assez longtemps, mais niveau temps je ne sais pas. Déjà trois kilomètres en dix minutes j'ai jamais fait mieux depuis des années, alors ici ça sera pareil. Je commence mon deuxième tour de trois kilomètres en remarquant que certains de mes camarades sont aussi habitués et s'en sortent plutôt bien mais que d'autres respirent comme des bœufs, les pauvres s'ils n'ont pas l'habitude, trois kilomètres c'est déjà pas mal.

Je pense à ma tante qui doit être dans son salon avec ses clients. J'adore y aller pendant qu'elle tatoue ses clients, quand je l'observe faire je suis toujours impressionnée elle est d'une précision incroyable. Si je savais dessiner ça m'aurait plu de faire ça.
J'entends le lieutenant au loin gueuler sur les autres, je sens qu'on va s'éclater avec lui. Je garde mon rythme en enchaînant les mètres.

Six kilomètres ! Je commence un autre troisième tour, je me concentre sur ma respiration et accélère un peu plus. J'aime ressentir la douleur dans mon corps quand je cours. Certains penseront que je suis folle mais si je n'ai pas mal ça ne me va pas, il faut que j'aille jusqu'au bout, jusqu'au moment où mon corps est sur le point de lâcher pour me sentir mieux. J'ai déjà essayé avec Lola ma meilleure amie, mais ce n'est pas le peine : une fois elle est venue avec moi et j'ai cru que j'allais la tuer, elle n'a pas arrêté de se plaindre. Au bout d'un kilomètre elle s'était déjà arrêtée et ne voulait plus continuer, elle est carrément rentrée en Uber, j'ai cru halluciner ce jour-là, plus jamais je ne lui ai redemandé et elle non plus d'ailleurs. Par contre les boîtes de nuit, les karaoké, l'alcool et les mecs ça elle adore. Je suis sortie pas mal de fois avec elle mais c'est pas du tout mon délire, je lui servais plutôt de chauffeuse. À force de l'accompagner je suis devenue pote avec le barman, je l'aidais au bar à servir les clients en gardant un œil sur ma meilleure amie qui parfois se mettait dans des situations délicates, mais je l'adore plus que tout.

Ma nouvelle étoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant