Ma nouvelle étoile

15 John

Assis derrière mon bureau, je regarde les enveloppes que le médecin vient de m'apporter. Ce sont les résultats des deux tests ADN. Avec un seul ça aurait suffi, mais il me fallait les deux.

Bon sang, est-ce vraiment ma fille ?

J'ai passé deux jours à penser à ça, à son entrée dans mon bureau, à elle. J'ai eu une longue discussion avec ma femme pour la prévenir de la situation et elle a plutôt bien réagi ce qui m'a surpris, elle me soutiendra si les tests se révèlent positifs.

Cette fille a le même regard et les mêmes yeux que moi ! Bon oui ça ne veut rien dire. Le lendemain de sa visite je suis passé chercher son dossier avec ses évaluations, j'ai appris qu'elle était la meilleure en endurance et au combat et qu'elle a même réussi à mettre le lieutenant Tellier au sol ! Dans les autres matières elle est plutôt pas mal également. Elle a tout pour faire un très bon soldat. Ça fait dix-neuf ans que j'aurais pu être père sans le savoir ? J'arrête de me torturer l'esprit et je vais chercher cette jeune fille.

J'arrive dans la salle de tir, en observant le lieutenant Delorme qui se tire les cheveux en criant sur certains soldats qui sont apparemment pires que nuls, incapable de toucher une cible, des abrutis de crétin.

Ce mec n'est vraiment pas à sa place ici, il n'est pas fait pour former, il est fait pour être sur le terrain. Après une légère blessure à l'épaule il est arrivé ici avec le lieutenant Tellier pour faire les trois mois de formation, si j'ai bien compris ils sont comme des siamois mais maintenant qu'il est opérationnel, lui et Tellier repartiront en mission extérieure dans moins d'un mois.

— Lieutenant Delorme, comment vont vos élèves ? dis-je en m'avançant vers lui.

Il se retourne vers moi et se met au garde-à-vous.

— Mes respects mon colonel. Ça pourrait être pire mais beaucoup trop sont trop cons ! Putain je me retiens de leur enfoncer mon arme dans le cul pour les réveiller. Qu'est-ce qui vous amène ici ?

Je passe sur le langage j'ai l'habitude, il ne passe pas par quatre chemins pour s'exprimer. Il a toujours eu une grande gueule.

— Je viens chercher Vernet, je vous la ramènerai quand j'aurai terminé, pas besoin de l'attendre.

Il était là quand elle a parlé, il doit se douter de la raison de sa convocation.

— Vernet ! siffle Delorme, viens s'il te plaît.

Je bugue complètement sur place, il a bien dit s'il te plaît ? Depuis quand il s'adresse poliment aux gens ?! Tessa se retourne avec son fusil en main et m'aperçoit dans la pièce. Son regard passe à Delorme puis revient vers moi. Elle pose son arme avant d'avancer vers nous.

— Tu es dispensée tu peux y aller, tu termineras plus tard, lui dit Delorme.

Tessa acquiesce et je lui demande de me suivre. Elle passe la première et je me retourne un instant pour observer Delorme qui la regarde avec un sourire aux lèvres. C'est la première fois que je vois ce mec sourire !

En chemin je lui explique qu'on va dans mon bureau et que j'ai reçu les résultats.

Assis l'un en face de l'autre, Tessa regarde les enveloppes avec sa jambe qui gigote sous l'effet du stress. Ses yeux sont rivés sur les papiers pendant que sa main gauche caresse l'intérieur de son poignet droit.

— Tu es prête, on peut y aller ? Les enveloppes sont encore fermées, personne ne les a ouvertes, tiens, lui dis-je en lui en donnant une, ouvre celle-là.

Elle prend l'enveloppe et j'ouvre la mienne avec une intense pression dans la poitrine. Je parcours les résultats avec la gorge sèche "positif à 99,99 %".