14 Tessa

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Ayden et Matt sont partis, mon père croise les mains sur son bureau, le front légèrement en sueur, en me fixant. C'est impressionnant, la couleur de ses yeux sont exactement comme les miens. Le même vert clair intense. Tout est calme autour de nous. Seuls nos yeux bougent, lui comme moi on se dévisage. Moi je ressens beaucoup de tristesse en le rencontrant après plus de dix-neuf ans, et lui, je parierai qu'il a fait un bond dans le passé. C'est comme si je voyais ses souvenirs défiler dans ses iris.

Mon cœur bat à la chamade, je ne sais pas trop l'âge qu'il a mais je lui donnerais une cinquantaine d'années tout au plus. Ses cheveux noirs parsemés de gris sur les côtés sont assez court. Comme la plupart des militaires. Il est rasé, des petites rides apparaissent aux coins de ses yeux. Il est assez grand, et a l'air d'être musclé, moins que Ayden mais avec sa veste je n'arrive pas bien à m'en rendre compte. Ses lèvres sont fines et son visage plutôt ovale.

J'aurais peut-être dû faire preuve d'un peu plus de délicatesse et attendre qu'on soit seuls. Ça n'a pas dû lui plaire que je raconte ça devant ses lieutenants, je me suis laissée emporter par l'émotion, j'attendais ce moment avec impatience. Il n'a toujours pas parlé et ça m'angoisse, que va-t-il me dire ? Va-t-il me croire ? Se souvient-il de ma mère ?

— Je suis désolée mon colonel j'aurai dû vous parler sans public, dans l'instant je me suis laissée emporter. Je suis prête à faire un test ADN si vous le souhaitez, connaissiez-vous mon existence ? Selon ma mère oui, vous souvenez-vous d'elle ?

— Quoi !! s'exclame mon père en lâchant un cri de surprise, jamais je n'aurais soupçonné qu'Élisabeth ait eu un enfant et encore moins le mien. Je me souviens très bien de ta mère, je n'ai pas eu beaucoup relation avant mon mariage. Je l'ai rencontré durant une permission, on s'est tout suite plu. Elle savait que je ne recherchais rien de sérieux, elle connaissait mon métier, j'étais là pour... m'amuser. Ensuite je suis reparti et quelques mois plus tard j'ai rencontré ma femme et je n'ai plus jamais entendu parler de ta mère... Tu as les mêmes yeux que moi.

Je pose la tête dans mes mains, les coudes sur les jambes, en soufflant, j'ai besoin d'une minute. Putain il y en a marre des conneries ! Qui je dois croire maintenant ? Il a l'air sincère et je suis perdue.

Je redresse la tête en me mordant les joues pour ne pas hurler. Le colonel a les yeux rivés vers moi, et cette fois je ne vois que de la tristesse.

— Tu veux dire que pendant des années j'ai entendu ma mère me dire que mon père ne voulait pas de moi, que c'était à cause de moi qu'il est parti car il ne voulait pas d'enfant. Que tout ça ne sont que des mensonges ? Que tu ne connaissais pas mon existence avant que je débarque dans ton bureau ?

— Affirmatif, je peux te promettre que je ne savais rien, je ne sais pas pourquoi ta mère te raconte des choses pareil. Elle serait venue me voir en me racontant qu'elle était enceinte j'aurais fait partie de ta vie à l'heure actuelle, tu peux me croire. Pour enlever le doute entre nous on va aller faire un test de paternité, es-tu d'accord ?

Il a l'air vachement calme, on voit bien qu'il a l'habitude de gérer des situations délicates. J'ai envie de rire, oui je suis sûrement une situation délicate pour lui et il veut régler le problème.

— Oui bien sûr je suis d'accord et si je suis bien ta fille ? Qu'est-ce qu'il va se passer ? Entre nous je veux dire ?

— Eh bien si c'est vraiment le cas je ne pourrai jamais rattraper le temps perdu. Mais je serais ravi d'apprendre à te connaître, allez viens suis-moi on va au laboratoire il y a tout ce qu'il faut là-bas, dit mon père en se levant.

Super il ne perd pas de temps, tant mieux, on sera fixé. Il ne manquerait plus que ma tante se soit plantée, la honte !

Arrivés dans le laboratoire tout le monde se met au garde-à-vous en voyant le colonel, il leur donne le repos et tout le monde reprend ses tâches. Il m'amène jusqu'au sergent Aaron, c'est un des médecins d'ici.

— Bonjour sergent, j'ai besoin que vous fassiez un test ADN immédiatement et en toute discrétion.

— Oui mon colonel à qui je dois le faire ?

— Cette jeune femme et moi.

Le sergent Aaron ouvre la bouche, ses yeux passent de lui à moi mais il ne fait pas de commentaire sur la situation, il acquiesce.

— Bien sûr, allez dans la salle trois, j'arrive tout de suite avec le matériel.

Je suis mon père jusque dans cette salle avec un putain de mal de ventre et je m'assieds sur la chaise pendant que le colonel fait les cent pas dans la pièce. Je me demande si il est aussi stressé que moi ?

— Je n'aurais jamais pensé que ma journée se passerait ainsi, quand le lieutenant Delorme est venu me voir je m'attendais tout sauf à ça. D'ailleurs il faudra que tu m'expliques pourquoi c'est lui qui est venu me voir ?

Aie, merde, ça craint là !

— C'est mon formateur, je lui ai demandé comment faire pour te voir, depuis que je suis ici je t'ai aperçu juste une fois. Je lui ai dit que c'était très important et personnel, que c'était très sérieux, il a accepté de m'aider.

— Il n'est pas du genre à aider les gens d'habitude, marmonne mon père.

Ouais ça tu l'as dit, mais comme on couche ensemble ça aide, d'ailleurs j'ai bien l'intention de le remercier comme il aime. Pas le temps de répondre le médecin entre dans la pièce et heureusement.

— Quel genre de test voulez-vous mon colonel ? Prise de sang ou salivaire ?

— Les deux. Vous n'en parlez à personne et je veux les résultats le plus rapidement et en main propre uniquement.

Ah ouais carrément ! Bon soit.

Après avoir fait nos prises de sang et notre test salivaire, le médecin quitte la pièce en nous disant que dans deux jours les résultats seront prêts. Le colonel se tourne vers moi, il m'observe plusieurs secondes avant de se relever.

— Bien, dès que j'ai les résultats je te convoquerai et on les découvrira ensemble d'accord ? Je suis désolé, mais je dois y aller, on se voit dans deux jours.

Ouais, à dans deux jours papa ! Je hoche la tête en le regardant partir puis je souffle un bon coup en retournant au réfectoire, rejoindre mes camarades.

Je me laisse tomber sur ma chaise devant mon plateau repas. Quelle journée !

— Il te voulait quoi Tellier ? m'interroge Lilou en m'attrapant le bras.

— Rien d'important, j'avais un appel urgent de ma tante.

— Mouais, il craque pour toi avoue ! Il t'a coincé dans une salle. Tu me le dirais si tu avais couché avec lui j'espère. Bon c'est vrai qu'il est plutôt pas mal je ne lui dirais pas non mais je préférerais tenter ma chance avec Delorme. Lui est chaud bouillant et quand il donne des ordres je mouille ma culotte.

Voila c'est reparti ! Je lève les yeux au ciel en la laissant dans son délire et je termine de manger mon repas qui est maintenant froid.

En parlant d'Ayden, comment ça va se passer entre nous après ? Dans quatre semaines on sera officiellement soldats, on signera nos contrats et on sera répartis dans des unités. J'ai l'intention de continuer dans cette voie. Ayden restera peut-être ici à former des nouvelles recrues, je ne sais pas quand il repart. On pourra officialiser notre relation ? Enfin il ne m'a pas encore dit qu'il m'aimait mais est-ce qu'il serait prêt à m'attendre ? Moi oui. Je secoue la tête car ce n'est pas le moment de penser à ça maintenant et je reporte mon attention sur Lilou et Emma qui sont encore à fond dans leurs délires sexuels.

— Allez les nymphos, dis-je en me levant, il faut se préparer on est en marche longue de vingt kilomètres cet aprèm.

Pendant nos marches longues le groupe de Matt se joint au nôtre. Et quand Ayden se place en bout de queue j'en profite pour me mettre en dernière position. On doit partir en treillis complets, rangers, et avec l'équipement complet: paquetage, arme et gilet de protection.

Ma nouvelle étoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant